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2024

Merci à mon ami Patrick Carnicelli.

Patrick sur les bords de la Saône à Mâcon

Pour nous, les gens du Sud, l’automne existe à peine. On passe assez vite de l’été à un hiver doux. Et la végétation, sur la Côte d’Azur, reste désespérément verte. Alors, quand j’ai la chance de me promener dans des régions de France où l’on peut admirer le passage des saisons, je ne boude pas mon plaisir. Comme durant ces journées de la mi-novembre où, malgré l’absence de soleil, le Beaujolais et le Mâconnais se parent de merveilleuses couleurs.

À l’occasion de ce 11 novembre 2023, je reprends à nouveau ce billet concernant mon grand-père écrit le 13 mars 2008. Cette guerre terrible ayant fait des millions de morts, on ne cessa de dire que ce devait être « La Der des Ders ». Pourtant il y eut la 2e guerre mondiale, une vingtaine d’années plus tard. Là encore, après la Shoah, on ne pensait pas voir renaître cette horreur absolue. « Plus jamais ça ! » Plus personne ne pourrait oser s’en prendre aux Juifs. Et pourtant… Nous sommes à la veille d’une manifestation contre l’antisémitisme rendue nécessaire par l’actualité au Moyen-Orient. Les imbéciles et ceux qui les manipulent appellent à la Paix. Cela veut-il dire autre chose que « Laissez donc le Hamas massacrer des Israéliens – des Juifs – sans leur reconnaître le droit de se défendre » ? Le monde n’a-t-il pas dû se défendre dans les années 1940 pour mettre fin au massacre orchestré par les nazis ? N’y aurait-il pas dû y avoir des bombardements qui allaient faire aussi hélas des victimes civiles ?

Victor et Blanche Boy

Victor aurait eu 110 ans quand, à côté de mon père, j’ai lu son nom sur la plaque de l’une des si nombreuses croix du cimetière militaire de Suippes.

Drôle de sensation de voir un fils de 80 ans pleurer sur la tombe d’un père de 31 ans.

Ce fils a porté cette blessure en lui toute sa vie. Quoi de pire que l’absence d’un père qu’on n’a jamais connu si ce n’est au travers de photos jaunies et du souvenir entretenu par une mère qui se retrouvait veuve à vingt-trois ans ? Victor est mort peu après sa blessure dans les Dardanelles et son rapatriement en France par le navire-hôpital le Duguay-Trouin en provenance de Salonique. Sur une carte envoyée du bateau et écrite au crayon gris, il faisait part de son impatience de revoir sa Blanche, sa Blanchette, et de serrer enfin dans ses bras ce petit Raymond qui leur était né dix mois plus tôt. Il n’en aura pas eu le temps.

Deux années de guerre, deux années d’horreur : et pourtant rien ne transparaissait jamais dans les brefs messages qui sont parvenus régulièrement à Blanche. Toujours cette même inquiétude pour la jeune femme restée seule au pays. «Pour moi, tout va bien, mais je me fais du souci pour toi».

Pourquoi, dans toutes les lettres écrites par ces hommes envoyés au combat, n’y avait-il jamais une plainte, jamais un mot qui aurait pu faire comprendre l’horreur de ce qu’ils vivaient si loin de chez eux ? Censure ? Peut-être. Pudeur ? Sans aucun doute. Parce qu’ils n’en ont pas plus parlé à leur retour qu’ils ne l’ont fait durant leurs trop rares permissions. Ils auraient eu honte de se plaindre, eux, les hommes, accueillis tels des héros, surtout s’ils rentraient avec un bras ou une jambe en moins, ou avec la gueule cassée. Comment dès lors dire la peur qui les tenaillait au ventre ? Un héros, ça n’a pas peur : même leurs proches n’auraient pas aimé ça. Dans mon enfance, j’en ai connu plusieurs des hommes de ma famille qui avaient fait la Grande Guerre. Aucun d’eux ne m’a jamais dit ce qu’il avait vécu. Il est vrai que cette guerre était terminée depuis longtemps, et qu’une autre, avec son propre cortège de malheurs, l’avait fait oublier. Il en est allé d’ailleurs de même pour les déportés qui ont survécu aux camps de concentration : dans un premier temps, ils ont peu raconté. Sans doute avaient-ils eux aussi compris qu’ils n’étaient pas très nombreux ceux qui avaient envie de les entendre. Comme si nos sociétés éprouvaient le besoin de jeter un voile sur ce que certains comportements révèlent de la nature humaine.

Aujourd’hui encore, je suis remplie de colère quand je pense à ces généraux qui ne voyaient dans ces soldats envoyés au front que de la chair à canon, je suis remplie de colère quand je pense à l’assassinat de ces jeunes gens qui ont eu le courage de résister aux ordres en refusant de partir à l’assaut et de quitter la tranchée une fois de plus. J’enrage de me dire que ceux qui ne les considéraient que comme des pions sur un échiquier ont été fêtés parce qu’ils avaient gagné la guerre. Quelle victoire ?

Alors quand j’ai lu, hier, que Lazare Ponticelli, le dernier Poilu, venait de mourir à l’âge de 110 ans, j’ai pensé à toutes ces vies brisées, à tous ces noms sur les monuments aux morts partout en Europe. J’ai pensé à Victor, mon grand-père, éternel jeune homme de 31 ans, j’ai pensé à son fils de 80 ans et à mon bras passé autour de son cou, pour tenter, en vain, de lui enlever un peu de sa peine, quand nous étions penchés sur sa tombe. Et j’ai pleuré. De colère.

Victor Boy est né le 2 mai 1885 et est mort le 29 août 1916. Sa dernière carte envoyée à son épouse, Blanche Cériché, est datée du 16 juillet 1916 et a été écrite sur le navire-hôpital le Duguay-Trouin (*). Il n’a jamais rencontré son fils, Raymond Boy, né le 14 octobre 1915. Blanche, fille de Flora Lattès, a perdu sa mère, déportée et morte à Auschwitz en 1943.

(*) Nous avons depuis retrouvé, en cette année 2023, dans des papiers conservés par mes parents, un échange de courriers entre Victor et Blanche. Avec toujours cette même pudeur.

Voilà maintenant une dizaine de jours que nous sommes en Europe de l’Est. Je suis toujours surprise de constater à quel point ces pays sont dépaysants tout en nous étant familiers. C’est que nous les connaissons depuis tellement d’années, y compris avant 1989 et la chute du Mur.

Après avoir quitté Vienne (où j’ai oublié à l’hôtel un certain nombre de fringues parmi lesquelles ma délicieuse veste imperméable rose), nous avons traversé la République tchèque et la Pologne avant de rejoindre l’Ukraine et la Moldavie, les buts de notre voyage. Lors de nos déplacements, nous alternons les visites de villes que nous connaissons déjà (ça c’est surtout moi) et celles de villes nouvelles (là c’est davantage mon compagnon). La deuxième option nous réserve souvent des surprises, bonnes… ou moins bonnes, dans des pays qui ont connu de tels changements depuis la fin des régimes staliniens. On peut voir les évolutions… ou pas car les traces du passé sont parfois encore très présentes.

En République tchèque, nous avons évité la belle mais très fréquentée capitale pour faire étape à Ostrava, une petite ville apparemment pas très remarquable, il faut le reconnaître, et pas du tout animée surtout pour un samedi soir. Nous avons appris à l’hôtel que les restaurants (y compris celui de l’hôtel…) étaient fermés le week-end. Dire que nous ne fûmes pas surpris serait légèrement exagéré. Nous nous sommes rabattus sur un kiosque et ses barquettes de frites que nous avons dégustées (qui n’aime pas les frites ?), une fois la nuit tombée, dans un petit parc, presque seuls au monde. Et c’était bien.

Le lendemain, la surprise était meilleure en Pologne. Rzeszow, proche de la frontière ukrainienne et de la ville de Lviv, accueille de nombreux réfugiés (essentiellement des femmes et des enfants) depuis le début de la guerre. Beaucoup de monde dans les rues, de la musique, surtout dans la zone piétonne, surtout des jeunes, le tout dans un superbe décor.

L’étape suivante était en Ukraine où nous souhaitions revoir la ville de Tchernivtsi, dans le Sud, où nous étions l’année dernière. Même hôtel, même promenade du coté de la superbe université et du parc voisin, même chanteur dans la rue piétonne, même café où nous avons revu une serveuse avec qui nous avions sympathisé la fois dernière : joie partagée. Toujours ce sentiment de normalité simplement atténué par la présence majoritaire des femmes et des enfants et adolescents car la plupart des hommes sont au front. Mais peut-être un peu moins de monde. Nous ne savons quel sens donner à cette observation.

Après l’Ukraine, il n’aurait su être question de ne pas retourner en Moldavie, à Chişinău. Nous n’avions pu le faire en 2022 (nous y étions allés en 2009) et nous tenions absolument à rendre visite à la maman de Lyudmila, notre amie ukrainienne réfugiée à Nice avec ses deux filles (Milena et Vika) et son petit-fils. (En plus, la route pour arriver à la capitale nous a permis de découvrir des paysages magnifiques fréquentés par de nombreuses cigognes). Antonina – la maman – qui a préféré la Moldavie à la France pour rester plus près de chez elle, nous a réservé un accueil extrêmement chaleureux autour d’un excellent déjeuner… ukrainien comme il se doit ! (J’ai compris de qui Lyudmila tenait ses talents de cuisinière dont elle nous fait si souvent profiter !). Et quand nous l’avons quittée, je savais que nous la reverrions quand cette saloperie de guerre sera terminée et que les Ukrainiens auront bouté l’agresseur russe hors de leur pays. Ce sera alors chez elle, avec sa famille, à Odessa et on ne verra plus dans les yeux de nos amies ce léger voile qui vient les ternir en pensant « au pays » et à leurs proches restés sur place.

Depuis, nous avons mis le cap au sud, en direction des Balkans. Ce sont ces pays qui nous ont réservé finalement le plus de surprises. À suivre…

Notre première semaine de voyage m’a permis de redécouvrir, bien des années après et loin des idées reçues, trois grandes villes européennes, des villes ouvertes et généreuses.

GENÈVE

« Notre première étape sera Genève ». Quand mon compagnon m’a fait part de sa décision – pas vraiment en ces termes-là car il fait toujours semblant de me laisser le choix -, je fus perplexe.

Il était acquis que nous allions faire un tour d’Europe devant nous conduire, comme souvent, vers l’Est du continent, et j’imaginais que notre voyage allait commencer par une traversée de l’Italie du Nord avec une nuit à Ljubljana, la douce capitale slovène.

On a souvent des à priori sur les lieux que nous connaissons mal. Les miens, vis-à-vis de Genève, reposaient sur des souvenirs lointains d’un bref passage. En résumé, et bien en-deçà de ce que j’ai pu dire, Genève était une ville ennuyeuse.

Convaincue par Patrick – je l’étais en fait déjà au début de la conversation… -, j’ai donc redécouvert la ville helvète lors de notre première étape. En deux soirées et une journée et demi, j’ai pu apprécier une ville tout à fait insolite, bien plus diversifiée que je ne le pensais et plutôt intéressante.

Peut-être est-ce dû au quartier où nous avions choisi de séjourner, Les Paquis ? Un quartier populaire que ne parviennent pas à cacher les vieux palaces des bords du lac, à forte immigration, ce qui, dans un premier temps pourrait faire de Genève une ville très tolérante (ce qu’elle est sans nul doute par ailleurs). Mais cette tolérance cantonne une partie des femmes au rôle de voilées ou de p… Cachées derrière des voiles des pieds à la tête ou exposées à moitié nues dans des vitrines. Quelle tristesse !

Une tristesse que n’a pu faire disparaître la beauté du Léman et de son jet d’eau. Quand nous avons quitté Genève et alors que nous roulions vers le nord sur les bords du lac, je n’ai pu oublier tout à fait le quartier des Paquis…

MUNICH

Autre surprise à notre deuxième étape : Munich. J’ai pu faire, à propos de la capitale bavaroise le même constat qu’il y a deux ans à Hambourg. On est loin de l’image de rigueur qu’on reconnaît habituellement aux Allemands (sans doute plus à ceux du Nord que du Sud). Dans une ville défigurée par les travaux de démolition et/ou de reconstruction, où l’on peine à circuler que ce soit à pied, à vélo ou en voiture, on a du mal à s’imaginer Outre-Rhin tant la vie semble se développer de façon anarchique, tout particulièrement dans le centre ville.

Là aussi l’immigration est importante – quand je pense qu’en France la moindre différence visible donne des boutons à certains, je me dis que ces mêmes personnes, souvent promptes à citer l’Allemagne en exemple pour critiquer la politique française, feraient mieux de faire un stage du côté de la vieille ville de Munich, avec sa population jeune, colorée, parfois un brin déjantée, mais vivante, tellement vivante.

Si l’on met de côté l’art culinaire, très bavarois, et l’allègre descente de la bière qui semble mettre tout le monde d’accord, peu de choses sont là pour conforter l’imagerie populaire : les culottes courtes tyroliennes et les robes de paysannes sont cantonnées au folklore et dans le service des grandes brasseries. Et où est donc passé l’embonpoint des buveurs de bière et des mangeurs d’apple strudel ?!

VIENNE

Notre troisième étape s’est faite dans la « capitale » de la Mitteleuropa. Notre précédente visite à Vienne était également ancienne et mes souvenirs ne m’avaient pas préparée à ce que nous y avons trouvé : moins belle mais plus intéressante et un peu déroutante.

Moins belle malgré un Danube omniprésent au travers de ses différents bras et canaux mais dont les eaux sont souvent grises, moins belle malgré ses merveilles architecturales, car les constructions du XXe siècle n’ont pas vraiment respecté leurs illustres ancêtres.

Plus intéressante car très diverse avec ses nombreux étrangers venus de tous les coins d’Europe et d’ailleurs et moins lisse qu’on ne peut le penser, avec les rives du canal du Danube abondamment taguées, fréquentées par de nombreux jeunes et moins jeunes, dont pas mal d’Alternatifs, et qui animent bruyamment les nuits viennoises par leur musique (on est bien loin des valses…), leurs rires, leurs interpellations.

Hier, nous avons vraiment mis le cap vers l’Est. Malgré l’UE, c’est toujours un autre monde. Mais c’est aussi une autre histoire.

Si je choisis de déposer sur Facebook chaque jour une photo parmi celles que j’aurai prises, il y en a quelques autres dont je souhaite conserver la trace sur ce blog. Voici donc les premières photos en plus de celles (ci-dessus) publiées sur Facebook : Genève, en toute subjectivité. La première étape de notre voyage qui va nous conduire – une nouvelle fois – vers l’Est de cette Europe que nous aimons tant.

Ce samedi 10 juin à Créteil, autour de Bernard Cazeneuve, se sont rassemblés des femmes et des hommes de tous horizons pour une reconquête idéologique, politique et électorale de la gauche de gouvernement.

Ainsi, des socialistes dissidents, des anciens socialistes, des radicaux, des militants du MDC, et de nombreux électeurs désespérés par la situation de la gauche, ont répondu à l’appel de Bernard Cazeneuve non pour constituer un parti politique mais pour adopter une Convention.

L’Europe et la République furent les deux identifiants de cette séquence organisée par la gauche qui refuse les dérives populistes, les tentations complotistes et les pratiques clientélistes de LFI à un moment où l’extrême-droite est en pleine ascension.

Sans chauvinisme aucun, c’est avec fierté que j’ai pu constater que la révélation (pas pour nous) de la journée fut notre Président PRG Guillaume Lacroix qui se fit applaudir debout par les quelques 2500 participants de la réunion.

Bernard Cazeneuve quant à lui, au cours d’un long discours, s’est positionné avec force comme candidat potentiel à la prochaine Présidentielle tout en affirmant que la gauche républicaine devra impérativement participer aux prochaines Européennes sous ses couleurs.

Une belle réunion qui a redonné espoir à tous ceux qui croient et qui espèrent que la gauche de gouvernement, celle qui ne se contente pas de s’opposer mais qui veut réellement changer la vie des gens, va retrouver les forces qui lui ont permis de gagner en 1936, 1981, 1997 et 2012.

À l’occasion du 103e congrès des Radicaux qui s’est tenu à Toulouse-Labège ce samedi, nous avons eu, avec la délégation des Alpes-Maritimes, le privilège d’assister à ce qui sera certainement la première réunion regroupant des personnalités de gauche clairement anti-NUPES qui souhaitent faire émerger un courant susceptible de remettre la gauche française à l’endroit.

Notre Président, Guillaume Lacroix, avait ainsi invité Carole Delga, la présidente socialiste d’Occitanie, et l’ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve. Sans oublier des présidents de département et des parlementaires hostiles à une soumission de la gauche à LFI.

Ce premier rendez-vous fut à la fois utile et générateur d’espoir pour l’avenir. Affaire à suivre…

Cette réunion fut aussi – c’était sa vocation première – un congrès de notre formation avec notamment la réélection à l’unanimité de Guillaume Lacroix et l’occasion pour les fédérations de débattre sur le fonctionnement et la stratégie du parti.

C’est ainsi, qu’au nom de la Fédération des Alpes-Maritimes, j’ai présenté à la tribune une motion intitulée « Faire une percée idéologique avant de redevenir généraliste », dont voici la synthèse :

I. LE CONSTAT

1. Le constat politique que nous pouvons faire est toujours le même.

Quelle est la situation actuelle à laquelle se trouve confrontée la gauche ?

– Un pouvoir mal aimé qui brouille le débat gauche-droite sans imposer le centre.

– Une gauche historiquement faible dominée par sa fraction tribunicienne, celle qui ne veut pas du pouvoir et qui soutient sur la scène internationale des régimes non démocratiques.

– La progression du communautarisme, les attaques contre la laïcité, le paradoxe de la condition féminine (féminisme agressif qui, par contre, s’accommode de l’asservissement des femmes par la religion ou la tradition).

2.  Pour s’opposer à cela, que trouve-t-on ?

– Un potentiel de résistance à ce communautarisme plus intellectuel que politique (PRG seul en tant que parti).

– Une fraction de la gauche de gouvernement qui aspire à être une force d’alternance crédible (issue essentiellement du PS).

II. TOUT EST POSSIBLE MAIS TOUT EST À CONSTRUIRE

Potentiellement, une jonction entre la résistance républicaine et la gauche de gouvernement permettrait d’offrir une vraie alternative aux extrêmes, de gauche et de droite, et à la droite. Le boulevard idéologique et l’espace politique existent et donc le potentiel électoral.

 1. À notre sens, il y a deux urgences :

– que la gauche de gouvernement se défasse nettement de la NUPES-LFI avec ses propres propositions,

– que l’on construise une vraie force laïque et républicaine faisant de l’anti-communautarisme son moteur.

Si nous n’avons pas encore les moyens d’agir sur le premier point, nous avons tout à faire sur le second, comme nous y étions presque parvenus avec Planète Radicale. Pour cela :

– il faut être nous-mêmes,

– il faut échanger avec les forces compatibles qui sont non seulement celles de la gauche de gouvernement mais aussi celles de la gauche au sein de la Macronie (Territoires de progrès).

2. Concrètement, que pouvons-nous faire ?

– Présenter une liste indépendante aux Européennes engendre plusieurs avantages. Nous avons le temps de nous y préparer puisque cette élection aura lieu dans un an.

            . Elles nous donneront une exposition maximum pour mettre en avant nos idées européennes, laïques et républicaines.

            . Elles pourront constituer une base idéologique, politique et peut-être même électorale pour peser dans une négociation de rassemblement.

– Pour autant, pendant cette période, nous pouvons accompagner toutes les entreprises de rassemblement (du type de celle de Bernard Cazeneuve notamment) mais sans jamais nous fondre en elles car cela empêcherait l’émergence de notre projet politique qui, après les Européennes, servira précisément à ce rassemblement.

Cette démarche, nous l’avons entamée avec un certain panache lors de notre convention de 2021 et Planète République. La campagne présidentielle a malheureusement stoppé cette dynamique. À nous de la retrouver et ce sera alors le début d’un long mais prometteur processus.

Nous sommes bien loin des zones à risque, puisque nous longeons dans le sud la frontière avec la Roumanie marquée par une grosse rivière, la Tizsa. Cette même Roumanie où nous avions célébré il y a quelques jours, l’anniversaire de l’indépendance de l’Ukraine, avec la population de Brasov et les nombreux réfugiés.

De manière un peu étrange, nous continuons notre voyage. Comme des touristes ordinaires en temps normal. Enfin presque.

La guerre est là, c’est indéniable. Elle se manifeste par une présence militaire peu importante mais régulière tout au long de la route et par les contrôles dont les véhicules font l’objet. Également par des opérations de camouflage à certains endroits sans doute stratégiques, des fils de fer barbelés à d’autres. Ces militaires, qui ne sont pas des professionnels, sont bien jeunes. Mis à part l’uniforme, ils ressemblent à des civils.

La géographie n’a pas toujours de frontières naturelles surtout dans des régions qui, au fil des siècles et des années, se sont retrouvés sous l’autorité de divers occupants. C’est ainsi que de ce côté-ci de la frontière on peut continuer à visiter la Bucovine ou les Carpates abordées en Roumanie. L’Ukraine s’est beaucoup développée depuis notre dernière visite. En témoignent les nombreuses constructions neuves de maisons individuelles dans les villes et villages que nous traversons. Nombre d’entre elles ne sont pas terminées, comme si les travaux avaient été brutalement interrompus. Peut-être par les départs à la guerre des propriétaires ? des constructeurs ? Nous avons même traversé des villages où il n’y avait pratiquement personne, dont les maisons souvent neuves avaient les volets fermés, un peu comme des résidences secondaires non utilisées.

Sur la route, ici comme ailleurs, on a souvent la chance de voir des choses qui nous surprennent. S’arrêter pour prendre un café ou pour déjeuner sur le pouce dans un établissement isolé peut révéler des atmosphères ou des décors étonnants. Ainsi, ce bar country dans lequel nous étions les seuls clients. De l’extérieur, on aurait pu penser se trouver aux États-Unis si ce n’était les inscriptions en alphabet cyrillique. L’intérieur était de la même veine : petit bar avec images de rodéos, photos de films, cornes d’élan sur le mur, chapeau de cow-boy, dessins d’Indiens… Alors que nous allions partir et voyant l’intérêt que nous manifestions pour les lieux, la jeune femme qui nous avait servis, nous rappela. Elle ouvrit une double porte au fond du bar et nous nous trouvâmes un peu ahuris face à une immense salle de danse. Et d’imaginer l’ambiance qu’il pouvait y avoir là en soirée avec des Ukrainiens convertis au folklore américain tapant des pieds sur le plancher avec leurs Santiag et Stetson sur la tête. En voyant toutes les chaises empilées les unes sur les autres dans un coin, j’ai réalisé que ce genre de soirée ne devait plus vraiment se produire : les cavaliers potentiels étaient sans doute loin d’ici.

Autre lieu, autre ambiance, autre style. En consultant, un vieux guide de voyage, nous avions appris que notre circuit allait nous permettre de passer par une petite ville à proximité de laquelle se trouvait le point central de l’Europe ! Enfin, l’un des centres géographiques de l’Europe… car il nous était déjà arrivé de tomber sur des sites revendiquant le même titre plus au nord (notamment du côté de Vilnius en Lituanie si mes souvenirs sont bons). Celui-ci, à Dilove, avait été mesuré par des scientifiques austro-hongrois en 1887. Évidemment, quelques boutiques de souvenirs et un café-restaurant se trouvaient à proximité. Ce dernier valait le détour avec sa décoration typiquement ukrainienne. Il faut dire que nous sommes au coeur des Carpates, le pays des Houtsoules, ces montagnards qui ont donné à l’Ukraine son artisanat coloré (Patrick n’a pu s’empêcher d’acheter une magnifique paire de chaussettes… qui lui sera bien utile lors des rudes soirées d’hiver à Nice !). Dans le café, une bande de touristes tchèques, au demeurant plutôt sympathiques, s’étaient arrêtés pour déjeuner. Quelques-unes des femmes du groupe s’étaient mises à danser sur de la musique folklorique quelque peu mise au goût du jour diffusée par la sono.

Bien sûr, la vie continue. La leur, la nôtre.