En août 2006, nous étions à Cracovie, capitale de la province de la Petite Pologne. C’était l’été, le temps des vacances. Aujourd’hui, c’est pour une toute autre raison que j’atterris à l’aéroport Jean-Paul II.
S’il est une initiative du Conseil général que je soutiens, c’est bien celle qui consiste à organiser des déplacements au camp de concentration d’Auschwitz pour les élèves des classes de 3e. Il est important de noter que cette action de notre collectivité, décidée en 2004, a été pérennisée depuis à raison de huit séjours par an, réunissant des élèves de cinq collèges en même temps. On est loin des effets d’annonce et des opérations de communication. Ce n’est pas rien d’organiser ces voyages, et l’équipe du CG qui s’en occupe, sous la responsabilité du sous-directeur à l’Education, Eric Goldinger (qui a été présent sur les vingt déplacements), parvient à faire en sorte que la journée se déroule sans incidents majeurs.
Pour la deuxième fois depuis mon élection, j’accompagnais l’équipe du collège Henri Matisse. Encadrés par leur Principale et cinq enseignantes (en histoire-géographie et en arts plastiques), les vingt-huit adolescents avaient été particulièrement bien préparés à ce qu’ils allaient voir, ce qui est indispensable. Sélectionnés dans les différentes classes de 3e sur la base de lettres de motivation, ils se sont montrés attentifs, concernés, et, pendant la visite, la gravité avait remplacé sur leur visage l’insouciance qu’on y trouve habituellement à cet âge. Il leur restera maintenant à faire partager leurs émotions à leurs camarades restés à Nice et un travail a été prévu en ce sens par l’équipe pédagogique.
Présent également, comme souvent, le déporté Charles Gottlieb, dont le témoignage est toujours écouté attentivement par les élèves. La Ville de Nice avait tenu à honorer ce jour-là Estelle, son épouse, qui fut elle-même déportée à Auschwitz, et c’est avec le responsable aux Anciens Combattants François Rabut que Charles déposa une gerbe à sa mémoire. Quelques minutes avant, c’est avec mes collègues le Dr Georges Roux (canton d’Antibes centre) et Jean Thaon (canton de Lantosque), que j’avais déposé la gerbe du Conseil général des Alpes-Maritimes devant le monument édifié au bout de la voie ferrée qui conduisait les déportés à la mort, à côté des chambres à gaz et des fours crématoires du camp d’extermination de Birkenau. C’était la première fois que je participais activement à un tel hommage (je n’avais jamais déposé de gerbe auparavant). J’étais très émue que ce soit en cette circonstance, sans doute d’autant plus qu’ici a péri mon arrière grand-mère, Flora Lattès, déportée à l’âge de 74 ans.
90% des personnes déportées à Auschwitz pour y être immédiatement exterminées étaient des juifs (environ un million). Ce n’est pas faire insulte à tous ceux qui périrent ici, en raison de ce qu’ils étaient (notamment les Tziganes), que de constater le caractère irréductible de la Shoah : c’était les juifs que « la solution finale » avait prévu d’éliminer de toute l’Europe.
Sami avait souhaité participer au déplacement. C’est peu dire qu’il fut ébranlé par cette journée. Quand, à plusieurs reprises, je me suis tournée vers lui, j’ai trouvé un homme au regard bien souvent perdu dans le vague, des yeux qui avaient du mal à croire ce qu’ils voyaient, et qui semblaient dire : «mais comment cela a-t-il pu se faire, comment cela a-t-il été possible… ?»
Très content que tu parles de cette initiative. Excellente vraiment !
(Mon fils a eu droit à ce voyage il y a quelques années)
Merci à tous ceux qui sont partie prenante dans cette organisation. Merci.
Heureuse de ta réaction Claudio. Je sais que la plupart des parents dont les enfants ont pu participer à ces déplacements ont porté la même appréciation que toi.
Par contre, désolée pour les photos : WordPress vient encore de changer la gestion de ses blogs et je n’arrive plus à obtenir l’agrandissement des photos en cliquant dessus. Cela m’agace d’autant plus que les regards des enfants sur ces clichés sont très beaux. Mais je vais encore essayer d’arranger ça…
Voilà qui est fait : on peut à nouveau agrandir les photos en cliquant dessus.
Merci de nous faire partager cette journée par ce billet.
En effet, pour la première fois, j’ai assisté au déplacement organisé par le Conseil Général et les images que j’ai vues m’ont empêché de dormir!
Beaucoup m’ont prévenu avant le départ que ce déplacement risquait d’être dur et je m’étais psychologiquement préparé, mais malgré tout je n’ai pas pu assister à l’ensemble de la visite guidée tellement l’émotion était forte.
Au musée, des vêtements, des chaussures d’enfants, des prothèses pour personnes handicapés, des cheveux et des photos de déportés qui ont subi humiliation et tortures ne peuvent pas vous laisser insensible.
Alors OUI quand nous voyons tout cela ,je me posais la question suivante durant la visite : Comment des humains ont pu faire subir cela à d’autres humains?
Impensable pour moi de comprendre mais la seule explication : ce sont des MONSTRES!
J’invite les personnes à faire ce déplacement une fois dans leur vie, afin de mieux comprendre l’histoire et de rendre hommage aux déportés disparus !
Un grand merci à toi Dominique et les félicitations aux organisateurs du Conseil Général qui m’ont permis de vivre ces instants difficiles mais tant formateurs pour l’homme et l’humanité.
Merci Dominique pour cette belle Note.
Et pensée également à tous les résistants.
Enfant, et avec mes parents, j’allais à Penthiévre dans le Morbihan où mon grand-père et les résistants de la région de Locminé ont été fusillé en 1944. J’aimerais y retourner.
Gloups ! j’ai perdu mon message je recommence.
Merci pour ce billet. Je vais faire de même sur un de mes blogs. En attendant je vous laisse une courte video que je viens de mettre en ligne sur Charles Gottlieb. Voici :
J’ai malheureusement dû quitter plus tôt Auschwitz comme tous les journalistes qui rentraient sur Paris. Certains écrivaient déjà leur papier dans l’avion, bouclage oblige.
Depuis deux jours, une question m’obsède, la même sans doute que beaucoup de gamins : comment faire pour que celà ne se reproduise plus, pour que celà soit rendu impossible. La vigilance, l’évitement de conduites politiques hasardeuses (quitte à flirter avec un certain conservatisme), des garde fous institutionnels… ? En fait je ne sais pas. ce voyage m’a donné envie d’en savoir plus aujourd’hui , d’entendre aussi d’autres témoins.
petite info : Xavier Darcos a présenté hier de nouveaux outils concernant l’enseignement de la Shoah pour les élèves de CM2. interessant. Apparemment on a aussi un peu rectifié le tir. « Transmettre l’histoire de la Shoah (…) sans substituer l’émotion à la connaissance » lit on ainsi dans l’avant propos. voici le doc en pdf
Cliquer pour accéder à 755A3166_couv_int.pdf
et un nouveau portail : http://www.shoah.education.fr
[…] déjà eu l’occasion d’évoquer sur ce blog tout le bien que je pensais de cette action du Conseil général en direction des élèves des […]