« Les quartiers du 7e canton ont pour caractéristique commune d’être des lieux qui « parlent » à tous les Niçois, des lieux riches d’histoire où la tradition est très présente. Ce canton, on peut le parcourir à pied en utilisant les petits chemins qui le traversent, en grimpant ou dévalant les escaliers qui permettent de couper les virages. Dans cet endroit si attachant, tout le monde devrait pouvoir vivre heureux. Et pourtant… »
Ces lignes figuraient dans ma profession de foi de 2004 pour l’élection du 7e canton.
Mon sentiment n’a pas changé aujourd’hui. Et c’est toujours avec beaucoup de plaisir que je parcours ces fameux petits chemins. Ce samedi matin, c’est en compagnie de Patrick et d’Henri que j’emprunte le chemin de la Galère. Mais cette balade est un peu intéressée.
Depuis mon élection, je pense qu’il faudrait mettre en valeur le patrimoine qu’il représente. Si l’on en croit la bible des noms de rues de Nice de Marguerite et Roger Isnard, « lou camin de la galera » pourrait être (selon une étude du Dr Alexandre Barety) un tronçon de la via Julia Augusta qui allait de Cimiez au Ray (*). Sur l’origine du nom, deux versions : la forme concave de ce chemin rappellerait le fond d’un navire, ou alors, interprétation plus probable, il s’agirait de la déformation du nom d’un noble niçois, Galea, qui possédait une propriété dans le voisinage du chemin. Une troisième variante, plus « romanesque », sur le passage habituel de galériens par ici est, semble-t-il, une pure fiction.
Nous voilà donc partis pour une étude approfondie des lieux. Le chemin démarre avenue de Flirey, à côté d’un petit oratoire (photo 1), entre les résidences du Parc des Arènes et de Cimiez Park. Quel dommage d’avoir placé juste à cet endroit un container pour le verre qui masque en partie le chemin ! Première remarque, aucune indication du lieu : on ne sait pas qu’ici commence le chemin de la Galère. Ce premier tronçon serait très agréable entre micocouliers (photo 2) et oliviers… s’il n’était encombré, au-delà de l’admissible, par les inévitables crottes de chiens. C’est d’autant plus scandaleux que de nombreux enfants empruntent cette voie pour se rendre au collège Henri Matisse un peu plus bas. Il faudra alerter la « brigade verte » mise en place par le nouveau maire.
Quelques marches à descendre (photo 3) et nous voilà dans l’avenue Reine Victoria. Le chemin continue en face à droite du collège (photo 4). Toujours aucune indication du lieu. Ce petit tronçon qui va nous faire remonter vers l’avenue de Brancolar est très agréable, bordé de cyprès, de figuiers, d’aubépines. On traverse la route et on emprunte le troisième tronçon, le plus long, toujours pas signalé, entre le Parc Orangini et le Domaine de Cimiez. Le mur qui longe ce dernier vient d’être refait, en belles pierres, aux frais de la copropriété (Henri y a un appartement : il sait de quoi il parle !). De l’autre côté, un mur de pudding amalgame pierres et galets (photo 5). De très beaux arbres dépassent : vieux oliviers, cyprès, figuiers (il y a déjà de petites figues). Plus loin des néfliers, un arbre de Judée aux belles fleurs mauves…
En retrouvant le mur d’origine, c’est toute une série de plantes des murs, grasses ou pas, qui s’expose (photo 6). Henri explique, décrit, raconte. Sa passion est communicative : ses deux élèves sont attentifs. « Ici, cette petite fougère coincée entre les pierres, c’est du cétérach (photo 7). Là, ces jolies feuilles arrondies creusées en leur milieu, ce sont des nombrils de Vénus (photo 8). Et là, la pariétaire, plaie des jardiniers (photo 9). Et ces larges feuilles dentées, ça ne vous rappelle rien ? C’est de l’acanthe (photo 10) ». Mais oui… les chapiteaux à feuilles d’acanthe (l’élève Dominique récupère un bon point). Au milieu de feuilles s’élèvent les longues tiges des « sentir maou » (photo 11). On fait l’expérience en écrasant une feuille : elles portent bien le nom qu’on leur a donné chez nous.
Les pierres du chemin semblent maintenant plus anciennes (photo 12), sans doute sont-elles un peu glissantes par temps de pluie. En approchant de la fin, la végétation se fait plus luxuriante (photos 13 et 14). Jamais on n’imaginerait que nous sommes en pleine ville. La pente descend en escalier. D’abord un peu raides, les marches deviennent plus douces. Encore de nouvelles espèces : la salsepareille chère aux Schtroumpfs, la garance (photo 15), dont le jus des racines fournissait la teinture des pantalons de l’armée française en 1914 (couleur qui fut heureusement abandonnée dès 1915, ce qui obligea les paysans qui la cultivaient à se reconvertir), le sureau dont la tige contient une moelle qui ressemble un peu à du polystyrène, alors que celle des euphorbes aux feuilles velues est remplie de lait, l’asparagus dont les petites asperges répandent leur saveur dans les omelettes niçoises), les petites fleurs blanches de l’ail sauvage, les genêts. Et aussi de grands et magnifiques chênes verts.
Et là, mon idée de départ se précise : pourquoi ne pas aménager le chemin pour en faire un sentier botanique ? Cela permettrait d’entretenir et de préserver toutes ces espèces et pourrait en faire un lieu de promenade pour tous, petits et grands.
Le temps de croiser un jeune lézard des murailles et nous voilà arrivés sur la route, au début de l’avenue de la Marne. Et enfin le premier panneau indiquant que nous sommes dans le Chemin de la Galère (photo 16). Dans les derniers mètres, malheureusement, la propreté s’était à nouveau dégradée.
Nous descendons l’avenue des Mimosas – tiens, il y a des voitures ? – pour rejoindre l’avenue Henry Dunant. A gauche de la Cité marchande des Acacias (c’est désormais avec l’œil du spécialiste que j’observe les plantes de notre amie fleuriste exposées sur le trottoir !), un dernier petit bout de chemin continue (photo 17). Beaucoup plus urbanisé, plus pollué (il faut vraiment regarder où l’on met les pieds), il recèle quand même, entre les pierres du mur qui le borde sur un côté, de nouveaux petits trésors : toute une variété de plantes grasses, de minuscules fleurs d’une rare couleur, des gueules de loup…
Nous émergeons dans la partie la plus basse du Vieux Chemin de Gairaut, juste en dessous de Vismarra. Un peu plus haut à gauche, s’ouvre l’avenue Gravier… Mais c’est une autre histoire…
(*) Patrick nous racontera d’ailleurs comment, adolescent, il allait à pied de Pasteur au Ray en empruntant, après les escaliers coupant les virages pour monter au Monastère de Cimiez, le chemin de la Galère.
Photos Henri Cottalorda
Belle initiative Dominique. Je promets que j’irai voir. Je ne connaissais que le nom. Il y a quelques années, mon fils, encore jeune, devait faire le chemin entre théâtre et foot, en le CEDAC de Cimiez et le stade du Ray. C’est au portable que je le guidais, plan à la main pour moi et nous eûmes beaucoup de mal, car en effet, ce qui était écrit sur mon plan n’était pas écrit sur le chemin. Et forvément, nous avions ce soir-là trouvé facilement une autre version à l’origine du nom.
En fait un marcheur-grimpeur (il y a de très nombreuses marches) peut, en partant du boulevard Pasteur, rejoindre le stade du Ray via le jardin du Monastère en environ 40mn. Pendant cette traversée, il sera toujours pratiquement seul, ne retrouvant « la civilisation » qu’en traversant le boulevard de Cimiez, l’avenue Victoria, l’avenue de Brancolar et en suivant pendant 300m l’avenue des Mimosas. Mais il est vrai que dans ce cas-là le départ de la promenade est dans le 6ème canton et l’arrivée dans… le 5ème! La conseillère générale serait elle un peu chauvine!!!
suuuper bonne idée!! Je ne connais ce chemin qu’à la montée (je ne sais pas pourquoi, devait y avoir une bonne âme pour me ramener le soir). Mais les crottes, aaah les crottes. Bon, il paraît que ça ne se fait pas d’interdire les chiens… Au fait en passant, les rues américaines sont d’un propre de ce côté-là, j’avais oublié!
Patrick, je ne connais que l’un ou deux de ces raccourcis, j’emmène mon plan de Nice au prochain apéro parce que ça m’intéresse!
Quant à la salsepareille et aux cours d’Henri, ben oui, tu penses, c’est bien à cause de lui qu’on est arrivé en retard au Vinaigrier! :)))
Le village et la campagne dans la ville, c’est super.
Voilà une belle idée de promenade niçoise hors des sentiers battus, je retiens.
Je savais Clotilde allergique à mes « cours » mais je me permets de lui citer ce passage de l’ « Emile » (livre pédagogique) de Jean-Jacques ROUSSEAU :
« J’aime mieux qu’il me montre une plante d’acanthe, et qu’il trace moins bien le feuillage d’un chapiteau. »
Devinette pour Clotilde et les autres : pour quelle raison en observant le sureau, au cours de cette promenade, nous avons, Dominique , Patrick et moi , pensé à elle ?
Henri, peut-être peux-tu encore m’éclairer. Dans Floréal, Victor Hugo écrit le vers suivant :
« L’acanthe manque? j’ai le thym. »
Est-ce qu’on peut aussi utiliser l’acanthe en cuisine !!!??? 🙂
c’était pas plutôt pour décorer la table l’acanthe, en faisant des tresses avec du laurier ou un truc du genre?
ta devinette est trop compliquée henri !! tout ce que je sais, c’est comme le précise Dom, l’acanthe modèle architectural… après le rapport avec le sureau… peut-être avez-vous pensé « je préfère reconnaitre le sureau comestible à celui toxique » par extension je préfère reconnaitre une plante dans la nature et savoir moins bien dessiner…? pffiouu c’est laborieux mon truc là… hmm?
Ah ou alors, attends… est-ce que c’est en rapport avec le sureau qui fait de l’encre? ne pas confondre celui qui se bouffe avec celui qui permet de dessiner? mais sil faut c’est le même qui fait les 2… mouarf…
Attends, j’viens d’avoir une autre idée… l’Emile c’est le book sur l’éducation… donc ne serait-ce pas une pensée du style « on devrait apprendre plus souvent aux enfants à reconnaitre les plantes, plutôt qu’à dessiner »… hmm je vois pas trop Dom&Pat avoir ce genre de réaction…
nan, je sais pas… vais réfléchir… si j’y arrive…
ben j’espère que c’était pas du sureau noir, parce que j’en avais dans mon jardin quand j’étais petite, et ça sentait pas bon!!!!!!!!
sinon, ben je sais pas….
Henri, je ne suis pas allergique à tes cours, gros malin. J’aime bien te faire marronner, c’est tout. 😉
Quand j’étais en TP de science j’utilisais la moelle de sureau comme « support sandwich » pour observer au microscope les cellules du cerveau ou de la moelle épinière. La moelle de sureau servait à consolider les préparations fragiles dans tous les laboratoires. Je ne radote pas, j’ai tapé sur internet aujourd’hui, moelle de sureau, et je suis tombé sur le site » comment faire de belles préparations microscopiques ».
Clotilde, tu es d’une naïveté confondante : l’infâme Henri voulait simplement un compliment !!!… Enfin, tu es jeune !
ah c’est sûr que je suis pas si vieille!!!!!! :)))))))))))))))))))))
Clotilde, ce serait bien si tu ne t’appelais pas de temps en temps « Rédaction »… Log out, please
Des chemins de campagne qui descendent des collines jusqu’au milieu de la ville. Les mettre en valeur, les éclairer pour la nuit (son et lumière) …
Voilà un très beau projet.
Bravo,je connais un peu Nice…
[…] des populations et des lieux, les voies de communication présentes, en particulier la célèbre via Julia Augusta. A propos des voies de communication, il nous fit remarquer que l’entretien – très coûteux […]
[…] la moitié de la ville en empruntant uniquement des chemins de traverse et des escaliers. Le chemin de la Galère, embaumé et fleuri au printemps, flamboyant en automne, représentait une partie non négligeable […]
[…] traverser la moitié de la ville en empruntant uniquement des chemins de traverse et des escaliers. Le chemin de la Galère, embaumé et fleuri au printemps, flamboyant en automne, représentait une partie non négligeable […]
Merveilleuse découverte de votre exposé du à deux agressions de couteaux dont les riverains parlent sur Facebook. Il faudrai une vidéosurveillance nottement pour les collégiens qui emprunte ce chemin.
Super reportage et super balade ! Merci 💕