Je ne me suis pas exprimée à propos du débat initié par le Président de la République sur l’identité nationale parce que, parti comme il était parti, je pensais qu’il valait mieux le laisser mourir dans l’indifférence. Le seul débat qui eût pu être opportun et qui aurait sans doute évité les polémiques était un débat sur la citoyenneté, comme le relevait un blogueur ami ces derniers jours.
Du coup les dérapages n’ont pas manqué. Dans les deux sens.
Dernier exemple en date, le débat organisé à Charmes, dans les Vosges, ville choisie par le député UMP de la circonscription car elle a vu naître Maurice Barrès. Première provocation que ce choix assumé de la patrie de l’écrivain traditionaliste anti-dreyfusard. Et ça continue avec le grand témoin de la soirée, président de l’association locale Mémoire de Barrès, défendant le nationalisme de l’auteur contre le cosmopolitisme. Là-dessus, l’ineffable Nadine Morano en rajoute une louche en répondant à un jeune qui l’interrogeait sur la compatibilité de l’islam avec la République : « Moi, ce que je veux du jeune musulman, quand il est français, c’est qu’il aime son pays, c’est qu’il trouve un travail, c’est qu’il ne parle pas le verlan, qu’il ne mette pas sa casquette à l’envers ». Même sorti de son contexte, le propos est plus qu’un dérapage.
Difficile de rester de marbre après ça pour les contradicteurs. Mais fallait-il le faire aussi bêtement que Djamila Sonzogni, porte-parole des Verts, dans un communiqué : « Après le voile et la burqa, haro sur les casquettes ! ». C’est aussi à cause de ce genre d’amalgame que la gauche perd toute crédibilité.
Décidemment dur de se faire entendre dans ce pays lorsque l’on est modéré, et veut sortir de la caricature!Pourtant ce courant est majoritaire dans ce pays, mais la moindre discussion cristallise aux extrêmes! Tout à revoir, ce vieux clivage droite -gauche, avec ses alliances contre nature dans chaque camps, et son langage binaire!
un billet court et interessant, qui résume bien connerie contre connerie! ça décourage….
… »Le président de l’association locale Mémoire de Barrès, invité comme « grand témoin » à la soirée, a exalté la pensée de l’auteur lorrain, assurant notamment que « la patrie est plus forte dans l’âme d’un enraciné que dans celle d’un déraciné », ou défendant le « nationalisme de Barrès » par opposition au « cosmopolitisme ». »
Cerise sur le gâteau…. Quand ça dérape !
Je suis très inquiet sur la tournure des événements, sur ce débat de l’identité nationale.
Les Musulmans modérés sont une fois de plus stigmatisés.
On est en train de fabriquer du racisme d’une part et de l’intégrisme religieux, qui se complait dans ce type de situation, d’autre part.
L’avenir risque d’être difficile pour les futures générations et, à mes yeux, l’ Etat est pleinement complice et responsable de ce qui est en train de se passer et qui laissera vraisemblablement des traces dans les mois et les années à venir.
Il serait plus judicieux de proposer un débat national du comment mieux vivre ensemble avec ses différences, n’est ce pas ?
Ton billet est parfait Dominique. Et le commentaire de Biscarra libre le révèle encore plus.
(j’ai eu ça hier sur mon blog ; un commentaire qui prenait le pas, ou presque, sur le billet. C’est bon)
Tout à fait d’accord avec toi Sami
Un ami étudiant à participer hier soir au débat sur l’identité nationale qui a eu lieu au MAMAC de nice. Il m’en a parlé brièvement car je n’ai pas pu être présente. Les propos et commentaires qui ont été tenues par certains m’ont particulièrement choqués. Nous passons en 2010 , fini la période préhistorique.
France = LIBERTE , EGALITE et FRATERNITE.
Dominique, je suis un peu frustrée par ce billet : on oublie les c…ies de Morano et consoeurs, même de gauche, et dis-nous ce que tu en penses, toi…
Si on revenait à l’étymologie ?
identité : être identique.
« Notre « -enfin celui de ceux qui l’ont élu-président nous veut-il tous identiques ?
Rosa, je ne pense pas qu’il faille jouer sur l’étymologie des mots. Je n’étais pas favorable à ce débat, de cette manière-là, dans cet esprit-là. Donc, je ne souhaitais pas m’exprimer sur la question. Juste un mot, pour ne pas donner l’impression de me défiler.
Sur le fond de ce qu’avait dit le président de la République dans son discours de lancement du sujet, je partageais un certain nombre de choses, notamment sur l’héritage qui a fait la France d’aujourd’hui, qu’il s’agisse de la philosophie des Lumières, de la séparation de l’Eglise et de l’Etat (la laïcité), et même de l’héritage judéo-chrétien. Mais bien sûr, l’histoire ne s’est pas arrêtée là et notre Nation s’est enrichie d’autres apports. D’où l’importance de l’éducation – et notamment l’étude de l’Histoire -, car, pour aimer un pays, il faut d’abord le connaître. Le communautarisme ne fait pas partie de la culture française (contrairement à la tradition anglo-saxonne), même si nous sommes un peuple multiple. Et rappeler que la citoyenneté doit se traduire par des droits et des devoirs pour tous me semble indispensable.
Tout ça est un peu rapide, mais au moins ça te donnera une idée de ce que je pense. Pour finir, je ne me sens pas appartenir à une communauté quelconque, sauf peut-être la communauté européenne (au sens culturel plus que politique).