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Archive for the ‘Coups de gueule’ Category

Victor Boy

Je tiens, à l’occasion de ce 11 novembre 2019, à reprendre à nouveau ce billet concernant mon grand-père écrit le 13 mars 2008.

Victor et Blanche BoyVictor aurait eu 110 ans quand, à côté de mon père, j’ai lu son nom sur la plaque de l’une des si nombreuses croix du cimetière militaire de Suippes.

Drôle de sensation de voir un fils de 80 ans pleurer sur la tombe d’un père de 31 ans.

Ce fils a porté cette blessure en lui toute sa vie. Quoi de pire que l’absence d’un père qu’on n’a jamais connu si ce n’est au travers de photos jaunies et du souvenir entretenu par une mère qui se retrouvait veuve à vingt-trois ans ? Victor est mort peu après sa blessure dans les Dardanelles et son rapatriement en France par le navire-hôpital le Duguay-Trouin en provenance de Salonique. Sur une carte envoyée du bateau et écrite au crayon gris, il faisait part de son impatience de revoir sa Blanche, sa Blanchette, et de serrer enfin dans ses bras ce petit Raymond qui leur était né dix mois plus tôt. Il n’en aura pas eu le temps.

Deux années de guerre, deux années d’horreur : et pourtant rien ne transparaissait jamais dans les brefs messages qui sont parvenus régulièrement à Blanche. Toujours cette même inquiétude pour la jeune femme restée seule au pays. «Pour moi, tout va bien, mais je me fais du souci pour toi».

Pourquoi, dans toutes les lettres écrites par ces hommes envoyés au combat, n’y avait-il jamais une plainte, jamais un mot qui aurait pu faire comprendre l’horreur de ce qu’ils vivaient si loin de chez eux ? Censure ? Peut-être. Pudeur ? Sans aucun doute. Parce qu’ils n’en ont pas plus parlé à leur retour qu’ils ne l’ont fait durant leurs trop rares permissions. Ils auraient eu honte de se plaindre, eux, les hommes, accueillis tels des héros, surtout s’ils rentraient avec un bras ou une jambe en moins, ou avec la gueule cassée. Comment dès lors dire la peur qui les tenaillait au ventre ? Un héros, ça n’a pas peur : même leurs proches n’auraient pas aimé ça. Dans mon enfance, j’en ai connu plusieurs des hommes de ma famille qui avaient fait la Grande Guerre. Aucun d’eux ne m’a jamais dit ce qu’il avait vécu. Il est vrai que cette guerre était terminée depuis longtemps, et qu’une autre, avec son propre cortège de malheurs, l’avait fait oublier. Il en est allé d’ailleurs de même pour les déportés qui ont survécu aux camps de concentration : dans un premier temps, ils ont peu raconté. Sans doute avaient-ils eux aussi compris qu’ils n’étaient pas très nombreux ceux qui avaient envie de les entendre. Comme si nos sociétés éprouvaient le besoin de jeter un voile sur ce que certains comportements révèlent de la nature humaine.

Aujourd’hui encore, je suis remplie de colère quand je pense à ces généraux qui ne voyaient dans ces soldats envoyés au front que de la chair à canon, je suis remplie de colère quand je pense à l’assassinat de ces jeunes gens qui ont eu le courage de résister aux ordres en refusant de partir à l’assaut et de quitter la tranchée une fois de plus. J’enrage de me dire que ceux qui ne les considéraient que comme des pions sur un échiquier ont été fêtés parce qu’ils avaient gagné la guerre. Quelle victoire ?

Alors quand j’ai lu, hier, que Lazare Ponticelli, le dernier Poilu, venait de mourir à l’âge de 110 ans, j’ai pensé à toutes ces vies brisées, à tous ces noms sur les monuments aux morts partout en Europe. J’ai pensé à Victor, mon grand-père, éternel jeune homme de 31 ans, j’ai pensé à son fils de 80 ans et à mon bras passé autour de son cou, pour tenter, en vain, de lui enlever un peu de sa peine, quand nous étions penchés sur sa tombe. Et j’ai pleuré. De colère.

Victor Boy est né le 2 mai 1885 et est mort le 29 août 1916. Sa dernière carte envoyée à son épouse, Blanche Cériché, est datée du 16 juillet 1916 et a été écrite sur le navire-hôpital le Duguay-Trouin. Il n’a jamais rencontré son fils, Raymond Boy, né le 14 octobre 1915.

 

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Luther King - Gattaz

Il n’est pas vraiment rare qu’en lisant la presse le matin je m’énerve à propos des infos que j’y trouve. Il peut arriver que ce soit le traitement d’une information par un journaliste qui m’agace. Mais le plus souvent, ce sont les faits repris dans l’article qui me fichent en boule.

Ce fut le cas ce matin quand j’ai découvert le discours qu’a fait le chef du Medef, Pierre Gattaz, en ouvrant l’université d’été du mouvement patronal. Je laisse de côté le fond de son développement : c’est un discours de patron, donc sans surprise, qui exhorte le gouvernement à aller au bout de ses « réformes » (je mets le terme entre guillemets car son utilisation pour parler de choses qui ne sont grosso modo que des retours loin en arrière m’insupporte). Rien que de très banal : ce n’est donc pas ça qui a fait l’objet de mon ire.

C’est la forme que celui-ci a choisi pour faire le portrait de ce qu’il estime être le pays idéal. En effet, il n’a rien trouvé de mieux que de reprendre la tirade de Martin Luther King, Jr dans son discours du 28 août 1963 « I have a dream » prononcé à l’occasion du centenaire de l’abolition de l’esclavage, en pleine lutte pour une véritable liberté du peuple Noir et qui parle de son rêve d’égalité pour l’Amérique de demain. Sauf que son rêve a lui, Pierre Gataz, pour la France de demain, c’est une France confiante et influente, qui réforme le marché du travail, améliore les marges des entreprises, simplifie notre bureaucratie, combat pour la baisse du coût du travail… Pas de quoi se réveiller la nuit pour le commun des mortels. Quelle indécence !

Ce n’est pas la première fois que la formule est reprise, mais généralement, pour rester dans l’esprit du texte, c’est plutôt pour espérer des avancées sociales ou sociétales.

Ce matin, j’ai fait un cauchemar, celui d’un monde où les rêves seraient confisqués par les marchands de soupe…

Alors, pour mémoire, voici un extrait du fameux discours du Pasteur King, un discours qui rappelle les injustices de l’histoire et ressemble à un chant d’amour.

(…) Je vous le dis ici et maintenant, mes amis, bien que, oui, bien que nous ayons à faire face à des difficultés aujourd’hui et demain je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.
Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.
Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.
Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !
Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.
Telle est notre espérance. C’est la foi avec laquelle je retourne dans le Sud.
Avec cette foi, nous serons capables de distinguer dans la montagne du désespoir une pierre d’espérance. Avec cette foi, nous serons capables de transformer les discordes criardes de notre nation en une superbe symphonie de fraternité.
Avec cette foi, nous serons capables de travailler ensemble, de prier ensemble, de lutter ensemble, d’aller en prison ensemble, de défendre la cause de la liberté ensemble, en sachant qu’un jour, nous serons libres. Ce sera le jour où tous les enfants de Dieu pourront chanter ces paroles qui auront alors un nouveau sens : “ Mon pays, c’est toi, douce terre de liberté, c’est toi que je chante. Terre où sont morts mes pères, terre dont les pèlerins étaient fiers, que du flanc de chacune de tes montagnes, sonne la cloche de la liberté ! ” Et, si l’Amérique doit être une grande nation, que cela devienne vrai. (…)

P.S. À l’occasion d’un anniversaire de la mort de Martin Luther King, le 4 avril 2013, j’avais repris sur ce blog les différents lieux où j’étais allée, en Amérique, qui m’avaient permis de croiser la route de ce militant des droits civiques, de sa naissance à Atlanta à son assassinat à Memphis.

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Marisol touraine

Depuis quelques mois, la ministre de la Santé fait le forcing pour limiter l’usage de la cigarette électronique dans notre pays.

Il y a quelques jours, elle a assorti l’autorisation accordée aux homosexuels hommes de donner leur sang de conditions très strictes (avoir été sexuellement abstinent pendant douze mois) différentes de celles demandées aux autres couples.

À priori, ces deux informations n’ont rien en commun. Pourtant, elles relèvent toutes les deux de la même logique de la ministre : imposer des mesures discriminatoires en matière de santé publique dans le but inavoué de faire respecter la norme et l’ordre moral.

À première vue, c’est la débilité de ces deux mesures qui frappe le plus.

Pourquoi vouloir à tout prix limiter l’usage de la cigarette électronique alors qu’il a été prouvé qu’elle est le meilleur moyen actuellement pour arrêter de fumer (j’en suis un très bon exemple), qu’elle est, selon les spécialistes, 95% moins nocive que le tabac et qu’en aucun cas quelqu’un qui n’a jamais fumé ne se dirige vers le vapotage ?

Pourquoi libéraliser la législation sur le don du sang des homosexuels en procédant par étapes ? On nous dit que la deuxième étape sera l’égalité : pourquoi attendre ? Les hôpitaux ont un impératif de besoin de sang, le sang donné est contrôlé. Pourquoi, sinon pour ménager cette partie de la population qui persiste à stigmatiser les homos ?

On dirait que nous sommes toujours dans ce vieux schéma qui veut que ceux qui ne correspondent pas à la norme des autres soient punis. Le méchant fumeur, qui manque tellement de volonté, ne doit pas être aidé : le sevrage doit se faire dans la douleur (tant qu’on y est, on devrait supprimer la péridurale pour les femmes qui accouchent…) Quant aux homos, on ne peut quand même pas froisser ceux qui ont peur de devenir « comme eux » après une transfusion, ou il convient tout simplement de préparer les mentalités.

On peut aussi chercher des raisons guère plus avouables, comme, par exemple, pour la cigarette électronique, la puissance des lobbies pharmaceutiques et de ceux du tabac.

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skatepark Nice Nord

Voici le communiqué que j’ai envoyé ce jour à la presse à propos du skatepark de Nice Nord. Les réactions hostiles commençaient à me bassiner !

Dominique BOY-MOTTARD
Conseillère municipale PRG de Nice

En cette rentrée, le skatepark de Nice Nord, ouvert il y a seulement un an, est à nouveau remis en question par certains.

Pourtant, ce bien modeste équipement (les pratiquants pourraient rêver de quelque chose de plus adéquat) n’est pas le seul à fonctionner sur le site en question : il y a aussi des activités de football sur le terrain d’à côté, de même qu’une piscine à proximité.

Il n’est pas question toutefois de nier les problèmes : il est incontestable que les conditions normales de sécurité pour les jeunes qui pratiquent ce sport ne sont pas parfaitement assurées. Alors que nous sommes dans un secteur où s’exercent de multiples activités, alors qu’une Maison des Associations jouxte le skatepark (qui accueille d’ailleurs également de jeunes enfants pratiquant la trottinette), alors que nous sommes proches du terminus de la ligne 1 du tram, on serait en droit d’attendre plus d’attention des autorités municipales.

Certains n’hésitent pas à parler de nuisances causées aux riverains. Connaissant bien le quartier, je n’ai pas eu vent d’une quelconque levée de boucliers des habitants. Mais, si c’était le cas, la population doit savoir que ce n’est pas le skate le problème mais la volonté d’assurer une sécurité minimale des lieux, quelle que soit l’activité que l’on pratique. Dans la plupart des autres villes de France qui ont un skatepark, les choses se passent normalement, sans rencontrer de problèmes particuliers.

La communication sécuritaire ne suffit pas à assurer la sécurisation effective des sites sous la responsabilité de la ville. Pourquoi les médiateurs, un temps en fonction à la satisfaction de tous, ont-ils disparu ? Il conviendrait – et ce serait le moins – de prévoir leur retour. Car ce n’est pas aux skateurs de partir mais aux perturbateurs.

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ecigLe 17 juin, Marisol Touraine, ministre de la Santé, va présenter ses nouvelles mesures anti-tabac avec, notamment, l’alignement de la limitation d’utilisation de la cigarette électronique sur celle de la cigarette classique.

Quand on sait que l’ecig a fait reculer en un an les ventes de tabac de 7% (ce qu’aucune autre mesure anti-tabac n’a jamais réussi à faire…), on se dit qu’on marche sur la tête.

Toutes les études s’accordent à dire que si, comme toute consommation, l’e-cigarette a probablement des effets secondaires, elle diminue de façon considérable (on parle souvent d’une division par dix) le nombre de cancers liés au tabac (73 000 morts par an rien qu’en France).

Alors, à quoi jouent Marisol Touraine et le gouvernement ? À préserver les intérêts de l’industrie du tabac ? On serait fondé à la croire, mais je ne le crois pas. À préserver les intérêts des laboratoires pharmaceutiques qui se sont révélés, avec leurs patchs, chewing-gums et autres sprays, incapables de limiter la consommation de tabac ? On serait fondé à le croire, mais je ne le crois pas.

Je pense qu’on a plutôt affaire à cette idéologie des Torquemada de la vie saine qui considèrent qu’il faut punir les fumeurs, ces pelés, ces galeux (quelle honte d’avoir si peu de volonté !) y compris pour leur faute passée, et qui n’hésitent pas à pratiquer la désinformation.

Du coup, le fumeur qui était passé à l’ecig précisément parce qu’elle lui permettait de renouer avec une vie sociale normale en vapotant en société sans danger pour les autres… et lui-même, risque de replonger. Tant qu’à aller se geler sur le trottoir en bas de l’immeuble, autant renouer avec cette bonne vieille cigarette tabac !

Franchement, Marisol, tu n’as rien d’autre à faire ?

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drapeau européenOn le sait bien : l’Europe est loin d’être parfaite. Est-ce si surprenant ? Non, car elle n’est encore qu’en construction. Et c’est parce que cette construction n’est pas achevée qu’elle génère insatisfactions et frustrations. Ces dernières sont nourries par des partis nationaux qui se plaisent trop souvent à faire de l’Europe le bouc émissaire de leurs échecs en pointant du doigt des technocrates dont le seul but serait de nier l’existence des Nations.

La réalité européenne aujourd’hui n’est pas satisfaisante. Mais peut-on pour autant oublier quel est son idéal ? Celui qui consiste à garantir la paix dans un continent par le passé ravagé par les guerres.

Les différents peuples européens ont voté ce dimanche et ils ne l’ont pas tous fait de la même manière.

En France, on est sous le choc même si le résultat était quasiment attendu : nos concitoyens ont voté pour un parti qui rêve d’une France hors de l’Europe, repliée sur elle-même, fermée aux autres, jouant sur des peurs irraisonnées en décrivant des dangers imaginaires.

Je sais qu’il est de bon ton de dire que tout ça c’est de la faute de la gauche au gouvernement, pas assez à l’écoute de sa population, et de la droite divisée entre les différentes écuries présidentielles. Sans vouloir nier l’existence, dans une certaine mesure, de ces raisons, je me refuse à comprendre le choix de ces électeurs qui votent pour le FN sans état d’âme, juste parce qu’ils sont insatisfaits ou en colère. L’Histoire ne leur a-t-elle rien appris ?

Cette colère, plusieurs peuples européens la partagent. Pourtant, aucun d’eux n’a fait sortir en tête un parti d’extrême droite. En Grèce, on a exprimé cette frustration en votant pour l’extrême gauche (alors qu’en France, le Front de Gauche dépasse à peine les 6%). En Espagne, on l’a fait en votant pour les indignés, en Italie pour Beppe Grillo… Sans oublier que dans de nombreux pays, on a d’abord voté pour les partis de gouvernement (majorité ou opposition), qu’ils soient de droite ou de gauche.

Alors pourquoi cette spécificité française ? Pourquoi tous les partis voient-ils leur score baisser par rapport aux dernières élections au seul bénéfice du FN ? Se pourrait-il que, tout à la fois, le PS, l’UMP, EELV et le FDG soient plus nuls que leurs homologues des autres pays européens ? Ça semble difficilement concevable. Et dès lors, comment ne pas s’interroger sérieusement sur la nature profonde d’une partie de la population française ? Quand on entend, de plus en plus fréquemment, des propos racistes et antisémites, quand on voit le déchaînement de haine qu’a suscité la loi sur le mariage pour tous, quand on ose à peine parler de solidarité tant l’égoïsme est en train d’être érigé en valeur sous le vocable plus acceptable d’individualisme, la question est légitime. Et on comprend qu’entre 1939 et 1944, il n’y a pas eu que des résistants dans la patrie des droits de l’homme…

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dieudonneMarre, mais marre ! Il faudrait que j’arrête la lecture des réseaux sociaux, car en ce moment on atteint des sommets. Et ça me fiche tellement en rogne qu’il faut que je l’écrive. Une fois de plus, ce blog va me servir d’exutoire…

Si l’on veut bien laisser de côté l’inculte de base qui ne cherche même pas à justifier son admiration pour Dieudonné et qui voit du complot juif partout dans le monde, on trouve essentiellement deux types de défenses de l’odieux personnage :
– Il n’est pas antisémite, seulement antisioniste.
– Il ne faut pas porter atteinte à la liberté de création des artistes, après tout, il a un public.

Sur le premier argument, je préfère ne pas m’étendre tant il est devenu banal de tenir des propos antisémites sous couvert d’antisionisme, mais je n’en pense pas moins. En fait, je n’imagine pas un instant que ceux qui tiennent ces propos le font innocemment.

Mais la liberté de création, je me marre ! Disons-le tout net : oui, je suis pour qu’on empêche Dieudonné de tenir ses spectacles. Parce que les condamnations intervenues a posteriori ne servent à rien avec lui : ça ne le gêne pas, il a organisé son insolvabilité. Bien sûr, et cela a été dit, on peut très bien envisager de le poursuivre de ce chef (il risquerait même de la prison), mais, en attendant une décision qui, au gré des voies de recours, pourrait être longue à venir, il continuerait son œuvre nocive.

Certains juristes pensent dès lors qu’on ne peut rien faire : il serait impossible à un maire, au nom du risque pour l’ordre public, d’interdire à « l’artiste » de se produire. S’il est vrai que les composantes classiques de la notion d’ordre public que sont la sécurité, la tranquillité et la salubrité publiques, qui permettent aux maires d’intervenir sont difficiles à invoquer ici, un motif de nature éthique, déjà utilisé en droit pourrait être efficace : l’atteinte à la dignité de la personne humaine.

Cette notion a été mise en évidence par le Conseil constitutionnel dans une décision du 27 juillet 1994 à propos des lois sur la bioéthique. Et elle a été reconnue par le Conseil d’Etat qui a donné une garantie pratique de ce principe dans deux arrêts d’assemblée (la formation la plus large et la plus solennelle de la juridiction) en date du 25 octobre 1995 dans deux affaires concernant des spectacles de « lancer de nain ». Le Conseil d’Etat, censurant les jugements des tribunaux administratifs de Marseille et de Versailles, a donné raison aux maires qui avaient interdit ces spectacles par arrêté, suite à une circulaire du ministère de l’intérieur attirant leur attention sur leur droit d’interdire les manifestations de ce genre sur la base de leurs pouvoirs de police générale.

Ce qui est intéressant dans cette position du Conseil d’Etat, c’est que, contrairement à la notion de « moralité publique » (qui tend d’ailleurs à disparaître des arrêtés des maires), celle de « dignité de la personne humaine » peut être invoquée sans être conditionnée à la justification d’une quelconque considération locale particulière. Par ailleurs, elle est admise par la Cour Européenne des Droits de l’Homme que ne manquera certainement pas de saisir Dieudonné quand il aura épuisé tous les autres recours. Reste à savoir ce que ferait la CEDH dans ce cas particulier.

Qu’on arrête donc de nous bassiner avec la liberté d’expression des artistes. Justement, au nom de cette liberté d’expression, ils ont une responsabilité vis-à-vis du public (un public de plus en plus inquiétant d’ailleurs). On sait ce que sont les textes et les attitudes de Dieudonné lors des représentations qu’il donne, notamment dans le spectacle « Le Mur ». Comme l’a dit Gad Elmaleh, n’importe qui d’autre qu’un artiste tiendrait ces propos (Le Pen par exemple) et tout le monde descendrait dans la rue.

Je me demande d’ailleurs pourquoi je m’évertue à trouver des arguments juridiques susceptibles de justifier qu’on fasse tout pour l’empêcher de nuire. Déformation professionnelle sans doute. Ce mec n’est qu’un salaud d’antisémite. N’en déplaise à Audiard, il n’y a pas que les cons qui osent tout : les salauds aussi.

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Georges TronAccusé il y a deux ans et demi de « viols en réunion et de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité », Georges Tron, maire de Draveil et ancien secrétaire d’État a bénéficié d’un non-lieu : « Il ne résulte pas de l’information l’existence d’élément de nature à caractériser l’existence d’une infraction contre Georges Tron et Brigitte Gruel » (son adjointe également mise en cause).

Un non-lieu, c’est-à-dire que le juge d’instruction a estimé qu’il n’y avait même pas nécessité d’organiser un procès pour juger de l’innocence ou de la culpabilité de l’accusé. Les charges ont toutes été rejetées, Georges Tron est innocent.

Monsieur Tron étant un ancien ministre UMP d’un gouvernement Sarkozy, je n’ai pas vraiment de raisons de faire partie de son fan-club. Pourtant, j’estime que ce qui lui est arrivé est une injustice majeure, voire une saloperie et il me plaît de le dénoncer.

En effet, pendant des semaines et même des mois, les unes des quotidiens nationaux, les reportages de JT, les dénonciations outrancières d’associations féministes et la rumeur publique encouragée par les réseaux sociaux, ont cloué au pilori cet homme. On s’amusa d’ailleurs beaucoup à l’époque en distillant force détails croustillants et plaisanteries salaces sur des comportements qui relèvent essentiellement de la vie privée. Tout ça sur fond d’affaire DSK.

Du coup Georges Tron fut lâché par ses amis politiques et obligé de démissionner du gouvernement avant de perdre son siège de député.

Aujourd’hui, Georges Tron retrouve son honneur. Pas si sûr. Quelques secondes de JT, quelques lignes ici et là dans la presse. Rien à voir avec le déchaînement initial. C’est tout simplement honteux.

Pourtant, il serait facile sinon de contrecarrer du moins d’atténuer ces mises à mort médiatiques. Il suffirait d’adapter aux médias le bon vieux principe juridique du parallélisme des formes en les obligeant à informer le public du non-lieu selon les mêmes formes qu’ils avaient utilisé pour stigmatiser le présumé coupable : « une » pour « une », reportage JT pour reportage JT, etc…

On limiterait ainsi les effets du lynchage médiatique et peut-être même que, sous cette menace, on réfléchirait à deux fois avant de traîner dans la boue ceux qui auraient dû rester des présumés innocents.

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Christiane Taubira à Nice en mai 2012

Christiane Taubira à Nice en mai 2012

Comme vous pouvez l’imaginer, la colère dont je vous ai fait part la semaine dernière sur ce blog ne s’est pas calmée. Bien au contraire. Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti un tel écœurement face à ce qui se passe dans notre pays.

Écœurement essentiellement devant le lynchage de notre gouvernement. Tout n’est pas parfait, certes, et loin de là. Des erreurs sont commises et je veux bien le reconnaître.

Mais un cap été franchi dont je n’imaginais pas qu’il le serait un jour. Celui qui nous fait passer du débat et de la revendication, légitimes dans une démocratie, à la mise en pièces de notre République.

« On est allé trop loin en huant le Président de la République à l’occasion des cérémonies du 11 novembre », « on est allé trop loin en attaquant de cette manière notre Garde des Sceaux », disent ceux-là mêmes qui ne les ont pas ménagés depuis que la gauche a gagné les élections (ça, ils ne l’ont toujours pas digéré). Ça fait longtemps qu’on est allé trop loin et ils en sont les premiers responsables. En radicalisant comme ils l’ont fait le discours politique, ils ont légitimé la haine et le racisme.

Que l’UMP arrête de souffler sur les braises des feux allumés par les extrémistes de tout poil et elle retrouvera un minimum de dignité, que les médias cessent de faire passer le moindre fait divers pour un drame sociétal et ils feront leur boulot, que les uns et les autres cessent d’organiser la contestation. Parce qu’ils l’organisent : les élus UMP en annonçant systématiquement qu’ils ne vont pas respecter les lois adoptées (hier le mariage pour tous, aujourd’hui la loi sur les rythmes scolaires) et en initiant un certain nombre de manifestations (on est particulièrement servis dans la région), les médias en gonflant artificiellement la moindre revendication en usant et abusant des gros titres racoleurs. Aujourd’hui encore dans Nice-Matin – et ce n’est qu’un exemple – une demi-page est consacrée au compte-rendu d’une manifestation à Nice de ceux qui se font appeler « les sacrifiés », des artisans protestant contre les charges sociales et la fiscalité (quel scoop…). Si vous passez rapidement sur l’info, vous pensez que tous les artisans sont descendus dans la rue. Que nenni ! En y regardant de plus près (et même si la photo est prise volontairement en gros plan), vous constatez que les sacrifiés en question n’étaient que quatre. Et pour atténuer sans doute le constat, la légende précise qu’ils manifestaient de façon symbolique. Moi si je prends trois copains et que je vais manifester symboliquement devant la mairie de Nice, est-ce que j’aurai droit au même traitement de la part du journal local ?

Face à ce rouleau compresseur politico-médiatique, on pourrait imaginer que la gauche serre les rangs et fasse front vent debout. Pensez donc ! Et là, je ne parle pas de Mélenchon dont la démagogie populiste n’est plus à démontrer. Je parle des socialistes, ceux des rangs desquels sont sortis le Président et la majorité de l’Assemblée Nationale. Hurler avec les loups n’a jamais été ma tasse de thé. Mais le faire contre son propre camp quand il se trouve dans une situation particulièrement critique est indigne. Si l’UMP souffle sur les braises, eux jouent avec le feu. Et ils n’auront aucun marron à tirer de ces feux-là.

Qu’espèrent-ils ? Que les électeurs de droite oublieront qui ils sont au moment de mettre en bulletin dans l’urne lors des prochaines municipales ? Ceux qui sont prêts à transiger avec leur honneur pour conserver ou gagner une municipalité prennent le risque de perdre et l’un et l’autre. Je suis candidate, à une place modeste, aux municipales de Nice. Qu’on ne compte pas sur moi pour me taire.

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On croit rêver ! L’indécence n’a plus de limites…

Nous avons eu droit au Sarkothon qui a permis à l’ancien président de subir sans dommage pour ses finances personnelles les conséquences de l’illégalité de ses comptes de campagnes. Que les donateurs de l’UMP soient prêts à le faire, grand bien leur fasse. Mais on oublie parfois de dire que ce sont tous les Français qui seront en fait sollicités car les généreux donateurs pourront déduire de leur impôt (pas de leur revenu imposable) 66% du montant qu’ils auront versé. Du coup, ça va coûter à l’Etat plus de 7 millions : un beau cadeau fiscal…

On nous annonce aussi le Barjothon. L’ineffable Frigide Barjot, qui a été priée par son bailleur (régie immobilière de la ville de Paris) de restituer le duplex qu’elle occupe pour l’avoir utilisé illégalement à des fins commerciales (sous-location à une société d’édition spécialisée dans la publication de pastiches), en appelle également au soutien de ses amis ! Parce que la dame n’envisage pas un instant de s’installer dans son appartement du 10e arrondissement qui ne possède « que » deux chambres, après avoir longuement profité avec son conjoint d’un loyer sous-évalué (par rapport au marché parisien) pour un appartement de 173 mètres carrés dans le 15e arrondissement en raison, disent-ils, de la faiblesse de leurs revenus (il faudrait d’ailleurs qu’ils m’expliquent comment ils pouvaient payer 2850 euros par moi avec un revenu annuel déclaré de 36000 euros par an, selon l’hebdomadaire Marianne….) « Les gens qui pensent que je ne mérite pas ce traitement pourront ainsi m’aider », dit-elle. Quelle indécence…

Et maintenant, j’apprends dans le Nice Matin du jour, que c’est au tour de la famille du bijoutier qui a tué son agresseur de demander de l’aide à la population pour payer ses avocats. Son fils a lancé un site internet dans ce but puisque la bijouterie est actuellement placée sous scellés. Je rêve…

Rassurez-moi, dites-moi que vous aussi vous êtes pour le moins surpris. On a affaire à des individus qui se sont mis, plus ou moins gravement, en dehors de la légalité, et qui, ne voulant pas assumer la responsabilité de leurs actes, demandent au bon peuple de les financer. Trop bon, trop…

À voir sur la page facebook d'Anthropocene man

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