Il y a deux jours, je reçois un mail du Collectif 06 pour les droits des femmes qui m’informe des thèmes retenus pour préparer la journée du 8 mars, en l’occurrence, les atteintes au droit à l’IVG et les réformes des retraites.
Sans vouloir nier l’intérêt qu’il peut y avoir à mener ces luttes, je suis quand même surprise que le collectif soit aussi peu en prise avec l’actualité des combats que les femmes ont à mener et mènent dans le monde (mais aussi aujourd’hui dans notre pays) parfois au péril de leur vie ou de leur liberté.
Ces militantes ne voient-elles pas que ce qui menace les femmes, et singulièrement les plus faibles et les plus exposées d’entre elles, aujourd’hui, c’est la négation même de leur identité, leur humanité, au travers des atteintes, y compris physiques, qu’elles subissent ? Pourquoi ne s’expriment-elles pas sur les mutilations, les mariages forcés, le port de la burqa ? Sur ce dernier point, même si ce n’est pas mon avis, je comprends qu’on puisse estimer que le meilleur moyen d’éviter le développement de cette pratique ne passe pas par une interdiction légale. Mais il n’est pas nécessaire de se prononcer pour ou contre une loi : il s’agit simplement de condamner, de refuser.
Pourquoi ne s’expriment-elles pas sur cet incroyable recul de la mixité dans notre pays sous la pression des religieux ? On le constate dans les établissements scolaires, dans les lieux de loisirs (les piscines par exemple), dans l’exercice de certaines professions : peut-on supporter les exigences qui conduisent à admettre que seules des femmes peuvent être en contact avec d’autres femmes (médecins, infirmières, assistantes sociales…).
Alors, bien sûr, les retraites… Sauf que le problème de la retraite des femmes est essentiellement la conséquence de l’inégalité dans l’emploi et que la réforme des retraites intéresse hommes et femmes.
Alors, bien sûr, l’IVG… Sauf qu’il existe en France la contraception et que toute personne peut, même si c’est plus difficile pour certaines que pour d’autres, avoir accès à l’IVG.
Lors des manifestations du 8 mars, je trouverais pour le moins incongru de voir des femmes en burqa défiler pour la défense de l’égalité en matière de retraite.
Le faible intérêt manifesté par les femmes pour le combat féministe aujourd’hui tient peut-être au fait qu’il se concentre trop souvent sur des combats d’arrière-garde…
Bel exemple de détournement du combat féministe (surtout l’extrait 2) dans ces vidéos de femmes intégralement voilées sur Rue89 : je ne saurais trop leur conseiller d’aller lire l’article d’Elisabeth Badinter, Adresse à celles qui portent volontairement la burqa, sur un blog ami.
Ajouté le 9 février : Je viens de réaliser que j’avais de la suite dans les idées (Cf mon billet sur le 8 mars 2009).
Très beau billet…
Je partage tout à fait ce coup de gueule.
Quelle tristesse que ces luttes qui ont connu un tel souffle soient ringardisées à ce point… Quelle tristesse de ne pas se soucier de la lutte de celles qui en ont le plus besoin, non pour mener cette lutte à leur place, mais pour sensibiliser l’opinion…
Bonjour Dominique Boy-Mottard,
Etes-vous si sûre que l’accès à la contraception et à l’IVG ne soit pas (re)devenu un problème pour beaucoup de femmes aujourd’hui ? N’avez-vous pas mesuré l’impact des lois récentes sur ces droits durement acquis ? Renseignez-vous sur les conséquences du démantèlement des services publics dans ce domaine, qui concernent sûrement énormément plus de femmes que le port de la burka.
Et s’il existe un collectif, pourquoi n’allez-vous pas y défendre vos idées ??? C’est bien de critiquer, c’est encore mieux de participer !
Cordialement.
@ Suffragette
Je ne nie pas les difficultés pouvant exister en matière de contraception et d’IVG en France mais elles me semblent pas rédhibitoires… loin de là. Je crois que les associations qui travaillent dans ce domaine devraient orienter plus nettement leur action vers l’information sur la contraception en milieu scolaire ( car c’est surtout sur ce point que le bât blesse plus que sur l’accès à l’IVG puisque le nombre des avortements a tendance à progresser chez les mineures dans notre département d’après les dernières statistiques).
Par contre, l’oppression des femmes dans le monde ne s’est jamais portée aussi bien le plus souvent sous l’effet des intégrismes religieux. C’est pour ces femmes là qu’il faut parler car elles, elles ne le peuvent pas.
Et même si peu de femmes sont touchées en France, c’est déjà trop et surtout ça se développe. Cela me semble être le combat féministe essentiel aujourd’hui. Vous savez, la peine de mort concernait très peu de gens en France… et pourtant c’était un combat fondamental.
Quant à participer au collectif, il fut une époque où j’y allais. En dehors du fait que je n’ai pas eu d’informations quant à d’éventuelles réunions et qu’on m’a simplement fait parvenir les décisions prises, aujourd’hui je trouve qu’il est souvent à côté de la plaque (même si je reconnais que ce n’est pas vrai de toutes les associations participantes…). Et puis, côtoyer les membres de partis qui viennent de confirmer leur soutien à la présence d’une femme voilée sur la liste régionale de NPA en PACA : non merci. La messe est dite.
Bravo Dominique,
Comme ça fait du bien de lire des choses si vraies et que personne, souvent, n’a le courage de dire.
Le combat pour la libéralisation de l’avortement est fini et enterré. Il n’a pas servi à grand-chose qu’à encombrer les blocs opératoires et à poser des problèmes de conscience aux médecins. Il y a de plus en plus d’avortements, comme si les moyens contraceptifs étaient totalement ignorés.
Le combat à mener est bien l’instruction de la femme, de la jeune fille, pour qu’elles ne restent pas dans l’ignorance et dominées par des hommes qui les exploitent sexuellement.
Enfin, j’attend avec impatience que les femmes exploitées au travail se réveillent… je pense surtout aux aides-soignantes en maison de retraite, aux femmes de service dans ses mêmes établissements, aux « techniciennes de surface », aux serveuses et autres métiers de la restauration et de l’hôtellerie qui sont sous-payées pour un travail épuisant.
Encombrer les blocs opératoires, comme vous y allez ! Je voudrais vous y voir, si vous vous retrouviez enceinte sous pilule ou implant… Eh oui, ça arrive.
Quant aux problèmes de conscience, ils se posent plutôt en termes de rentabilité, non ? Une IVG est trois fois moins payée qu’un curetage (même acte).
Ce ne sont pas seulement les jeunes filles qu’il faut instruire, mais aussi les garçons. La loi n’est pas appliquée, les informations sexuelles prévues ne sont pas assurées. Nous sommes bien d’accord sur ce point. La faute à qui ?
L’émancipation de la femme passe avant tout par la maîtrise de la contraception (IVG comprise), ne l’oublions pas.
A Suffragette,
quand je dis : « Encombrer les blocs opératoires », je parle de choses vécues pour avoir travaillé en milieu hospitalier. Je n’invente rien. Idem pour les problèmes de conscience posés aux médecins.
Informer aussi les garçons, OK bien sûr, mais c’est d’abord à la femme de connaître son corps et d’éviter les grossesses non désirées. C’est elle qui subira toutes les conséquences de la grossesse quand le garçon sera déjà bien loin.
En lisant ton compte-rendu du splendide exposé du Professeur Meinesz, je découvre ton post « 8 mars 2010 ».
Au plan politique je partage tes regrets, mais je n’oublie pas un adage vieux de deux millénaires:
« Primum vivere, deinde philosophari »
Amitiés
@Jacques,
Ou je te comprends mal ou ton propos me paraît très inquiétant…
@Dominique,
Pour moi vivre c’est non seulement les droits basiques au gite et au couvert, mais c’est aussi le droit de donner ou non la vie.
Ces besoins minimaux étant satisfaits, alors s’impose l’obligation de trouver de nouvelles règles pour une société plus juste et surtout plus équitable.
Es-tu encore inquiète de ma citation?
Amitiés
Jacques, je pourrais être d’accord avec toi sauf qu’on ne peut ignorer des questions aussi importantes que la négation de l’existence de la femme. De toute façon, ça va avec : dans les pays où les femmes sont opprimées, notamment du fait des intégrismes religieux, on se demande où peut bien être la liberté de donner ou non la vie !
Ce que je voulais dire c’est que ce combat-là me semble beaucoup plus d’actualité que celui de l’IVG dans les Alpes-Maritimes où il n’y a pas une femme qui ne peut y avoir accès…
En relisant mon commentaire – et le tien – je réalise que je t’avais sans doute mal compris (mea culpa)
[…] poèmes, animation musicale… Je salue d’autant plus cette initiative qu’il m’arrive souvent de regretter la relative faiblesse de la mobilisation de certaines associations féministes dans la lutte contre […]
[…] trouve que les féministes françaises, à chaque 8 mars, n’en parlent pas assez. Bien sûr, il faut aussi se préoccuper de ce qui se […]
[…] où les organisations féministes du département nous proposent un 8 mars ethnocentriste (voir Quels droits pour les femmes ? sur le blog de Dominique Boy-Mottard), comment ne pas saluer l’initiative de « Génération […]