Dans Nice-Matin de ce jour, sous le titre « Hedi : le joli conte de Noël », on nous apprend une bonne nouvelle : Hedi et ses deux enfants, victimes d’un sinistre dans leur studio du Vallon des Fleurs vont être relogés dans la même cité HLM. Cinq jours plus tôt, le quotidien avait fait état de la situation désespérée de la jeune femme (« Hedi : la détresse d’une mère ») suite à un dysfonctionnement de la colonne d’eaux usées dont le contenu s’est répandu dans son petit studio aménagé par Côte d’Azur habitat dans les caves de l’immeuble.
Et la jeune femme de remercier – spontanément ? – la présidente du bailleur social et ses directeurs, oubliant (?) au passage que c’est, selon ses dires, le troisième sinistre de ce genre auquel elle est confrontée depuis le début de l’année.
Je connais ces mini studios aménagés dans des caves du Vallon des Fleurs. J’ai été invitée, il y a plusieurs mois, à voir celui de son voisin qui aujourd’hui a subi le même sinistre (Voir, sur ce blog, Rencontres à Bella Vista et au Vallon des Fleurs, le paragraphe sur M. H.). Depuis la réhabilitation du Vallon des Fleurs, si des améliorations ont été apportées de façon générale, c’est le plus souvent en dépit du bon sens que les travaux ont été faits et je ne compte plus les interventions que j’ai dû faire, en tant que conseillère générale, pour la prise en compte de diverses malfaçons. Elles n’ont pas toujours malheureusement été couronnées de succès. Il faut dire que les locataires n’ont pas tous bénéficié d’un article dans Nice-Matin…
Au-delà des insuffisances de gestion qu’on peut reprocher à certains bailleurs sociaux, c’est l’ensemble des rapports entre ses responsables et les locataires qu’il convient de pointer du doigt. Des rapports souvent teintés de mépris. Voilà ce que j’écrivais, il y a déjà six ans, peu de temps avant que ne commence la réhabilitation :
Le mépris, c’est quand on refuse de réparer, en plein hiver, un système de chauffage défectueux, dénoncé par les locataires de plusieurs bâtiments (y compris au moyen d’une pétition), en prétendant qu’on est venu mesurer la température dans un appartement et qu’il y faisait 20° : « Vous voyez bien qu’il ne fait pas froid… ». S’est-on posée la question de savoir combien parmi eux ont eu besoin d’acquérir un appareil de chauffage personnel ?
Le mépris, c’est quand on laisse une famille s’entasser avec quatre enfants dans un petit « deux pièces » alors qu’il y a à côté un « cinq pièces » habitable.
Le mépris, c’est quand on refuse de changer un lavabo cassé par une locataire âgée qui est tombée à plusieurs reprises en sortant d’une baignoire sabot si peu pratique quand on n’est plus assez valide.
Le mépris, c’est quand on répond à un locataire qui signale des infiltrations d’eau depuis plusieurs mois, voire des années, que « Non, ce n’est pas vrai, il n’y a pas de dégâts des eaux » alors qu’on n’a même pas pris la peine de venir le constater.
Le mépris, c’est ce à quoi a été confrontée Hedi à l’occasion des différents sinistres qui ont été signalés : « C’est normal, vous vivez en sous-sol ». On lui a même dit que c’était à elle de nettoyer et de désinfecter le studio, qu’elle n’aurait pas dû mettre de la moquette – aujourd’hui polluée par les excréments – sachant que de tels débordements se produisent de temps en temps… Sauf qu’il fait extrêmement froid et humide dans ces appartements-caves.
Alors, certes, la « magie de Noël » est passée pour Hedi : elle a pris la forme d’un appartement habitable (qu’elle va devoir quand même retaper…).
La mise en scène complaisante (et le mot est faible) par la presse de cas individuels bien médiatiques (une jeune mère et ses enfants) pour lesquels une solution est trouvée quelques jours plus tard par les responsables politiques locaux permet à ces derniers de se donner à peu de frais l’image d’élus efficaces, sensibles et généreux. On ne compte plus les « reportages » en ce sens. Et il y a fort à parier qu’à l’approche de la fin de l’année, ils vont se multiplier !
Le voisin d’Hedi, lui, est toujours dans son studio aux murs rongés par l’humidité, aménagé dans les caves de l’immeuble. Mais après tout, il n’avait qu’à être moins âgé, moins seul. Et puis, c’est vrai, il s’est souvent plaint. C’est un râleur qui persiste, envers et contre tout, à tenter d’obtenir depuis des années un relogement. Quelle audace ! Pas sûr qu’il aurait pris la peine de remercier ses généreux bienfaiteurs si c’était pour lui qu’une solution avait été trouvée…
Je suis heureuse pour Hedi. Mais, quid de M. H. ? Et de tous les autres ? Pas sûr qu’ils croient encore au père Noël… Quant à moi, il y a bien longtemps que je n’y crois plus.
Nice-Matin fait d’excellents publi-reportages.
Un jour, je le leur ai écrit. Ils n’ont pas apprécié.
Mais parce qu’il est inconvenant de gâcher la convenance…, en l’occurrence « la fête » approche ! Aussi, pour de nombreux dans la rue, qu’on voit seulement maintenant parce que décembre souffle émondeurs des palabres et, avec le froid, comme on parle de « vagues », la misère elle, revient seulement ces temps ci. Elle connaîtrait donc des marées ou des vents ? Avant, après, peu importe. Et si Hedi aujourd’hui, les autres peuvent continuer d’y croire…A ce mépris, s’ajoute plus méprisant encore, la récupération médiatique (aujourd’hui c’est souvent pléonasme) qui « commande » le merci, sans donner cela va de soi, puisqu’il s’agit seulement de prendre pignon sur opinion et non de remplir un devoir devant des droits qui restent bien abstraits. Beaucoup verront cependant le geste et sans attendre que le mouvement s’ensuive… Il faut donc rappeler en effet que le père noël est une ordure ! Car si un noël trop doux est annonce d’un début de printemps frais… on connaît l’adage, ou si on a la « chance » de passer noël dehors sans l’avoir choisi et ce, en raison d’une température fixée par l’économie et non par le climat, on restera à Pâques non pas au coin du feu mais dehors, ou dans une cave humide ou un logement insalubre, qu’il reste par contre indécent, d’appeler un chez soi pour qui que ce soit et pour tout le monde.
Véro, j’ai failli intituler ce billet « Le père Noël est une ordure » ! Et puis j’ai lâchement renoncé : un peu trop choquant…
Valérie, ils sont vraiment des spécialistes du fait. A chaque fois, je m’énerve… Mais aujourd’hui la coupe était pleine !
Nous avons une légende à la croix Rousse, celle d’un huissier interpellé par la Sainte Vierge en personne alors qu’il venait d’expulser un canut de son pauvre appartement.
Elle confia à l’huissier un petit cailloux et des directives pour s’en débarrasser. Les directives: parcourir Lyon pendant que grossira en poids et mesures le cailloux inséparable, le martyr s’arrêtant dès que ledit huissier rencontrera plus pourri que lui.
Bourgeois et notables de tous acabits le croisent, rien n’y fait, bourreaux, gendarmes, voleurs, assassins, non plus.
Enfin, il flancha sur le sommet des pentes de la Crois Rousse où là, il rencontra… Son Régisseur d’Immeubles.
Voilà, nous pouvons encore observer aujourd’hui le fameux « gros caillou de la croix rousse », déplacé lors de la construction d’un parking. Quant à la Sainte Vierge, tous les ans le 8 décembre elle nous visite pour nous veiller et surveiller les huissiers et régisseurs!
Voilà encore un exemple qui montre que tu dois au plus vite retrouver ta place de conseillère générale du 7 pour dénoncer tous ce mépris envers ces gens.
Ils ont pourtant de jolis noms ces lotissements…