Les soirées de clôture du festival de Cannes sont rarement exceptionnelles (les séances d’ouverture sont en général plus intéressantes). C’est un peu comme si l’on était pressé, puisque le rideau est tombé, de quitter la scène. Il est vrai que la retransmission en direct à la télé impose des horaires stricts, ce qui laisse peu de temps pour l’improvisation. Le palmarès est le plus souvent son seul intérêt, ce qui n’est déjà pas mal, me direz-vous !
Ce 22 mai 2011 n’a pas dérogé à la règle et la cérémonie, particulièrement fadasse, a été vite expédiée. Un palmarès assez peu contestable, même si je n’y ai pas retrouvé l’essentiel de mes films préférés. Mais la qualité était telle cette année, que les choix n’étaient guère évidents. J’ai été contente du Grand Prix attribué au film turc passé le dernier jour de la compétition (le seul à avoir été, assez discrètement, sifflé par le public) et du prix du Scénario au film israélien (quelle ne fut pas ma stupéfaction d’entendre un commentateur en parlant, sur France Info, comme d’une comédie : Footnote, est un film très rude !). La Palme d’Or est logique : je me doutais bien que j’étais passé à côté d’un film important lors de sa projection… Et le jury de Robert de Niro a réussi à récompenser le Lars Von Trier, désormais persona non grata sur la Croisette, sans créer de vagues, en attribuant à son actrice le prix d’interprétation. Même si je ne l’ai pas trouvée extraordinaire, il faut reconnaître qu’il n’y avait pas de grands rôles de femmes dans la sélection. Pour l’interprétation masculine, l’originalité du rôle tenu par Jean Dujardin dans « The artist » a permis de faire le faire émerger parmi plusieurs acteurs de talent. Le prix de la mise en scène est allé à « Drive », seul film d’action de la sélection. J’émettrais bien quelques réserves sur ce dernier mais comment donner d’autres prix que la Palme d’Or à des réalisateurs aussi accomplis et déjà primés que Nanni Moretti, Pedro Almodovar ou Aki Kaurismäki ? Du coup, ils sont passé à la trappe en compagnie de Sorrentino, auteur du film qui m’a le plus touchée, « Le Havre ». Rien à dire sur le Grand Prix ex-aequo aux frères Dardenne : je n’ai pas vu leur film mais je ne doute pas un instant qu’il me séduira, comme les précédents.
Enfin, la cérémonie est toujours suivie d’un film qu’une partie de l’assistance ne voit pas puisqu’elle plie bagages après l’énoncé du palmarès… Il faut dire qu’on est rarement gâté. Je crois que le dernier vraiment bon film que j’y ai vu est « Thelma et Louise »… en 1991 ! Ce soir était projeté « Les bien-aimés » de Christophe Honoré. C’était honorable…
LE PALMARÈS
– Palme d’or : « The Tree of Life » de Terrence Malick
– Grand Prix : « Le gamin au vélo » de Jean-Pierre et Luc Dardenne, et « Bir Zamanlar Anadolu’da » (« Il était une fois en Anatolie ») de Nuri Bilge Ceylan.
– Prix de la mise en scène : Nicolas Winding Refn pour « Drive »
– Prix du Jury : « Polisse » de Maïwenn
– Prix d’interprétation masculine : Jean Dujardin dans « The Artist » de Michel Hazanavicius
– Prix d’interprétation féminine : Kirsten Dunst dans « Melancholia » de Lars von Trier
– Prix du scénario : Joseph Cedar pour « Hearat Shulayim » (« Footnote »)
– Caméra d’or : Pablo Giorgelli pour « Las Acacias », présenté dans la section « La semaine de la critique ».
Courts-métrages
– Palme d’or : « Cross » de Maryna Vroda
– Prix du Jury: « Badpakje 46 (Maillot de bain 46) » de Wannes Destoop.
Il est temps de quitter Cannes et son Bunker. Le badge d’accréditation du 64e festival, sésame indispensable au bonheur du cinéphile, va aller rejoindre ses prédécesseurs. A l’année prochaine !
Pour un autre commentaire du Palmarès, voir le blog de Patrick
Honoré, cest plus qu’honorable, quand il adapte la princesse de Clèves…c’est magnifique. En même temps c’était un autre film! Pour la ligne, j’ai triché en suivant les commentaires d’un chevronné (tombé dans la bobine à 7 ans) qui ferait pâlir les archives du cahier du cinéma. Je t’en dresse un portrait accablant: le genre à demander, non pas: comment vas-tu? mais: qu’as-tu vu?, à rêver en super huit, et s’il portait un collier, le pendentif en serait une mandarine d’un film de rohmer…
Pas un Italien récompensé, je suis triste. A l’année prochiane où le festival sera en concurrence avec…. l’election présidentielle. Alors qui en 2012…?