Dans Libération de ce jour, on reprend le propos tenu hier par Lydia Gall, juriste de Human Rights Watch : « Les changements légaux mis en place par la Hongrie sont en train d’éroder l’Etat de droit, de nuire à la protection des droits humains ».
Et en effet, pas moins de quatre modifications constitutionnelles ont été adoptées en quinze mois par le Parlement hongrois sous le contrôle du Fidesz, le parti de la droite populiste de Viktor Orbán. Depuis 2010, les lois votées vont toutes dans le même sens et elles inquiètent l’Europe. Elles portent atteinte à la justice, aux médias et même à la Cour constitutionnelle (voir sur ce point sur le blog de Patrick Mottard « Big brother aime le goulash« )
Le 21 mai, une nouvelle loi vient étendre un système de surveillance des fonctionnaires mis en place en 2011. L’enquête de sûreté permettant un contrôle au moment du recrutement et renouvelable cinq ans plus tard devient continue pour les fonctionnaires ayant certaines responsabilités (un juge par exemple) et ne sera plus effectuée par la Direction anticorruption mais par les services secrets qui pourront les mettre sur écoute, lire leurs mails, fouiller leur appartement…
Le but affiché est de lutter contre la corruption, mais on ne peut manquer de trouver les moyens employés disproportionnés. C’est ainsi que le questionnaire que doit remplir le fonctionnaire à son embauche demande au candidat s’il a des relations sexuelles hors mariage, ou encore des parents à l’étranger… Quel rapport avec la corruption ?
Bref, on se croirait revenu au bon vieux temps du communisme.
Face aux dernières turpitudes de « notre ami » Orbán que la Hongrie a choisi comme président, il devient urgent que l’Europe ne se contente pas d’être inquiète, mais qu’elle réagisse, de façon plus efficace qu’elle ne l’a fait jusqu’à présent.
Je serais moins choquée qu’on suspende un pays de l’Union Européenne pour une législation qui ne serait pas euro-compatible avec les valeurs démocratiques qui sont les siennes plutôt que par acharnement économique comme on en menace par exemple la Grèce (*) ou Chypre.
Je ne suis pas de celles qui pensent que la démocratie est la valeur ultime. La valeur ultime, ce sont les valeurs démocratiques : quand elles sont bafouées, y compris par une majorité, il faut que celle-ci en assume la responsabilité.
Quelques militants hongrois ont manifesté devant le ministère de l’Intérieur et ont lu à haute voix des passages de 1984 de George Orwell. Ils étaient peu nombreux. Aidons-les avant qu’il ne puisse plus y en avoir du tout.
(*) Le Conseil d’Etat grec vient d’annuler la décision du gouvernement de fermer la radio-télévision publique ERT. Elle sera donc réouverte (de façon transitoire) jusqu’à la mise en place d’un nouvel organisme audiovisuel public.
De plus avec des minorités hongroises importantes en Slovaquie,en Roumanie et en Serbie le nationalisme d’Orban est dangereux pour la paix…
Je suis désolé Dom de ton absence de sens moral. Si les relations sexuelles hors mariage ne sont pas de la corruption….
Cretinus 😉
Les marges de manœuvre sont faibles, étant donné qu’il a été élu démocratiquement… A part une contestation par des manifestations de rue, je ne vois pas comment…
(c’est drôle j’ai l’impression que les jewers vont penser que je joue au JWE…)
Bien sûr qu’elles sont faibles, mais on menace bien de jeter de l’UE les pays qui ne parviennent pas à respecter les exigences économiques de Bruxelles… Ça me semble pourtant moins grave, pour l’Europe que je souhaite en tout cas, que le non respect des valeurs de la démocratie.
Cendrillon, il t’arrive quand même assez souvent d’intervenir hors JWE ! 😉
Le pire dans l’histoire, c’est qu’alors que la situation économique de la Hongrie n’est pas folichonne, Budapest a calmé le jeu avec Bruxelles en nationalisant les caisses de retraites puis en les vidant afin faire artificiellement baisser le déficit budgétaire sous la barre des 3% en 2011-2012: cela permet à Orban de temporiser et de continuer à « Biélorussie-er » la Hongrie.
Je suis d’accord Dominique, le temps que cette crise passe, on se doit de rester vigilent et renforcer l’idéal démocratique, car je crois bien que la montée des extrêmes est largement liée à l’état économique des choses…
Décidemment, ça va vraiment mal en Europe en ce moment. Il est où le rêve européen ? Certainement pas en Grèce et ni en Hongrie !