Dernière journée festivalière à Cannes aujourd’hui (le film de clôture n’est bien sûr pas en compétition). Avant que le jury mette fin au suspense demain soir, je vais non pas faire des pronostics mais plutôt vous livrer mes préférences.
Il me faut d’abord signaler que je n’ai pas vu quatre ou cinq films parmi lesquels « Le gamin à vélo » des frères Dardenne, réalisateurs dont je suis, depuis « Rosetta » et sa palme d’or, une inconditionnelle.
D’autre part, il me semble que deux films sortent du lot, mais, même si je trouverais justifié qu’ils figurent dans le haut du palmarès, je les ai écartés. Le premier, c’est « The tree of life » de Terrence Malick, parce que je suis tout simplement passée à côté. Le second, c’est « Melancholia » de Lars Von Trier, merveilleusement réalisé mais qui, sur le fond, ne m’a pas vraiment séduite et m’a même un peu agacée.
Malgré cela, il n’a pas été évident de faire un choix tant la sélection de cette année 2011 a rassemblé de talents. En fait, j’ai privilégié les films qui m’ont touchée, émue, parfois amusée, le plus souvent par leur humanité.
1. Le Havre (Kaurismaki), un conte émouvant in fine assez pédagogique et plus édifiant qu’il ne pourrait y paraître au premier abord.
2. This must be the place (Sorrentino), notamment pour son héros drôle et touchant.
3. Habemus papam (Moretti)… parce que Moretti et pour ce tournoi de volley d’anthologie entre cardinaux.
4. La piel que habito (Almodovar)… parce que Almodovar et qu’il serait temps que le Festival de Cannes accorde sa Palme d’or à l’un des réalisateurs les plus talentueux et originaux de sa génération.
5. La source des femmes (Mihaileanu), parce que ce film a ensoleillé la dernière journée du festival, que ce conte est porteur d’espoir pour le Maghreb, et que ses actrices sont épatantes (notamment Leila Bekhti, la meneuse de ces femmes en révolte). Dans un Festival qui fut souvent un peu rude et très masculin, cela fait du bien.
D’autres films mériteraient sans doute d’être récompensés. Je pense notamment au film turc de Nuri Bilge Ceylan, « Il était une fois en Anatolie », qui a terminé aujourd’hui la compétition. Malgré (à cause de ?) son climat pesant, le film anglais de Lynne Ramsay, « We need to talk about Kevin », présenté le premier jour, a également de belles qualités (et peut-être un prix d’interprétation pour la mère de Kevin, Tilda Swinton) : il y avait peu de grands rôles de femmes dans ce festival. J’ai également aimé la leçon sociale du japonais Takeski Miike dans « Hara-kiri : death of au samuraï », l’originalité du film à la mode du muet de Michel Hazanavicius et son talentueux interprète, Jean Dujardin, « The artist », la complexité des rapports père-fils, tous deux spécialistes du Talmud, dans « Footnote » de l’israélien Joseph Cedar…
Vous l’aurez compris : quel que soit le choix du jury de Robert de Niro demain soir, je ne serai finalement pas mécontente…
Pour voir le classement de Patrick (et les dernières critiques de films), voir son blog.
A l’aveuglette ( sourire), je vois bien… le premier que tu as écarté ou le premier que tu as retenu.
Bravo pour tes pronostics, Dominique, au moins toi, tu n’as pas peur de mettre deux Italiens dans les trois premiers.
Quelle est maligne cette Véronique !
Emmanuel, je n’avais même pas réalisé qu’effectivement il y avait les deux films italiens en début de classement ! En plus, l’ordre des quatre premiers pourrait très bien être bousculé : je les ai classés pour jouer le jeu, mais, aussi bien, Sorrentino et Moretti pourraient finir prems et deuz !!! Tu imagines ?!