Comme vous pouvez l’imaginer, la colère dont je vous ai fait part la semaine dernière sur ce blog ne s’est pas calmée. Bien au contraire. Il y a longtemps que je n’avais pas ressenti un tel écœurement face à ce qui se passe dans notre pays.
Écœurement essentiellement devant le lynchage de notre gouvernement. Tout n’est pas parfait, certes, et loin de là. Des erreurs sont commises et je veux bien le reconnaître.
Mais un cap été franchi dont je n’imaginais pas qu’il le serait un jour. Celui qui nous fait passer du débat et de la revendication, légitimes dans une démocratie, à la mise en pièces de notre République.
« On est allé trop loin en huant le Président de la République à l’occasion des cérémonies du 11 novembre », « on est allé trop loin en attaquant de cette manière notre Garde des Sceaux », disent ceux-là mêmes qui ne les ont pas ménagés depuis que la gauche a gagné les élections (ça, ils ne l’ont toujours pas digéré). Ça fait longtemps qu’on est allé trop loin et ils en sont les premiers responsables. En radicalisant comme ils l’ont fait le discours politique, ils ont légitimé la haine et le racisme.
Que l’UMP arrête de souffler sur les braises des feux allumés par les extrémistes de tout poil et elle retrouvera un minimum de dignité, que les médias cessent de faire passer le moindre fait divers pour un drame sociétal et ils feront leur boulot, que les uns et les autres cessent d’organiser la contestation. Parce qu’ils l’organisent : les élus UMP en annonçant systématiquement qu’ils ne vont pas respecter les lois adoptées (hier le mariage pour tous, aujourd’hui la loi sur les rythmes scolaires) et en initiant un certain nombre de manifestations (on est particulièrement servis dans la région), les médias en gonflant artificiellement la moindre revendication en usant et abusant des gros titres racoleurs. Aujourd’hui encore dans Nice-Matin – et ce n’est qu’un exemple – une demi-page est consacrée au compte-rendu d’une manifestation à Nice de ceux qui se font appeler « les sacrifiés », des artisans protestant contre les charges sociales et la fiscalité (quel scoop…). Si vous passez rapidement sur l’info, vous pensez que tous les artisans sont descendus dans la rue. Que nenni ! En y regardant de plus près (et même si la photo est prise volontairement en gros plan), vous constatez que les sacrifiés en question n’étaient que quatre. Et pour atténuer sans doute le constat, la légende précise qu’ils manifestaient de façon symbolique. Moi si je prends trois copains et que je vais manifester symboliquement devant la mairie de Nice, est-ce que j’aurai droit au même traitement de la part du journal local ?
Face à ce rouleau compresseur politico-médiatique, on pourrait imaginer que la gauche serre les rangs et fasse front vent debout. Pensez donc ! Et là, je ne parle pas de Mélenchon dont la démagogie populiste n’est plus à démontrer. Je parle des socialistes, ceux des rangs desquels sont sortis le Président et la majorité de l’Assemblée Nationale. Hurler avec les loups n’a jamais été ma tasse de thé. Mais le faire contre son propre camp quand il se trouve dans une situation particulièrement critique est indigne. Si l’UMP souffle sur les braises, eux jouent avec le feu. Et ils n’auront aucun marron à tirer de ces feux-là.
Qu’espèrent-ils ? Que les électeurs de droite oublieront qui ils sont au moment de mettre en bulletin dans l’urne lors des prochaines municipales ? Ceux qui sont prêts à transiger avec leur honneur pour conserver ou gagner une municipalité prennent le risque de perdre et l’un et l’autre. Je suis candidate, à une place modeste, aux municipales de Nice. Qu’on ne compte pas sur moi pour me taire.