Dans le petit théâtre de L’impertinent à la programmation toujours aussi riche, nous avons assisté au dernier spectacle de Frédérique Grégoire, Récits de femmes, des auteurs italiens Dario Fo et Franca Rame. Mise en scène comme toujours avec sobriété et précision par Guillaume Morana, le maître des lieux, Frédérique nous offre, quelques jours avant le 8 mars trois portraits de femmes :
– Le témoignage d’une femme violée (en fait celui de l’auteure Franca Rame elle-même) dont l’intensité est portée à son paroxysme par l’apparente normalité des propos. Frédérique y est bouleversante. (Le viol)
– Celui d’une prostituée désormais enfermée dans un asile d’aliénés racontant sa descente aux enfers au sein de l’entreprise dont elle fut l’ouvrière avant d’opérer une rédemption étonnante. (La putain dans un asile d’aliénés)
– Enfin, le quotidien d’une jeune femme qui travaille et pour laquelle la perte d’une clé permet de décrypter les mécanismes de l’aliénation. (Le réveil)
Par leur implication politique, les deux derniers portraits ont un fort parfum de comédie italienne des années 1970.
Quand même, lorsqu’on a assisté à cette triple performance d’une actrice, quelques semaines après sa Roxane déterminée et classieuse (face à la tornade Cyrano-Veschi) et son rôle de bourgeoise pétainiste « héroïquement soumise » dans Maria et le kiosque à musique, on se dit que le doute n’est plus permis : oui, Frédérique Grégoire est une très grande comédienne.