Poste de police de l’avenue Cernuschi
A l’heure prévue pour l’inauguration du nouveau poste de police municipale installé sur l’ancien et regretté bureau de police nationale de l’avenue Cernuschi, nous arrivons avec Patrick dans la petite cour de cette « villa » rénovée pour la circonstance. En cette fin d’après-midi, il fait froid, très froid. L’assemblée, en attendant le maire, frotte ses mains ou sautille sur place histoire de se réchauffer. Il arrivera avec plus d’une demi-heure de retard (ça devient une habitude). On passe le temps comme on peut. Pour moi, ce fut agréablement en compagnie de certains amis du comité de quartier Saint Maurice, dont Edmond, particulièrement en forme qui nous a régalé de quelques blagues. Je ne résiste pas au plaisir de vous raconter l’une d’elles.
Un homme décède et, ayant eu une vie somme toute exemplaire, monte tout droit au Paradis. Le ciel est bleu, il fait beau, mais notre défunt n’y tient plus : au bout de quelques mois, il trouve qu’il fait décidément bien trop froid ici et demande à Saint Pierre de l’envoyer au Purgatoire, il devrait y faire plus chaud. L’apôtre accède à sa demande, mais, au bout de six mois, le frileux trouve qu’il fait encore trop froid et demande à pouvoir descendre en Enfer pour se chauffer auprès des flammes. Un peu perplexe Saint Pierre accepte. Sans nouvelle pendant plusieurs mois, un peu inquiet tout de même, il décide d’aller voir comment se porte notre homme. Il entrouvre la porte de l’Enfer et, à ce moment-là, une voix s’élève : « le courant d’air ! fermez la porte! ».
Trois blagues plus tard, le député-maire arrive et, après avoir dit tout le bien qu’il pensait de l’îlotage (décidément, il va vraiment falloir faire revenir Jospin !), ne résiste pas au plaisir de servir à l’assemblée, toujours aussi gelée, son projet de modification de l’ordonnance de 1945 sur les sanctions pénales des mineurs. Il s’agit
pour l’essentiel d’instaurer la majorité pénale à seize ans, c’est-à-dire de mettre fin, pour les mineurs de seize à dix-huit ans, à l’excuse de minorité (qui, entre nous, existe depuis 1906), en leur appliquant les mêmes peines que celles prévues pour les adultes (pour l’instant, elles sont dans l’ensemble réduites de moitié), et de les faire juger, sauf décision contraire du juge des enfants, par les juridictions ordinaires aux lieu et place des actuelles juridictions spécialisées. A la façon dont, dans son discours, Christian Estrosi présente les choses, on dirait bien que les mineurs jouissent actuellement d’une totale impunité ce qui est absolument faux : les sanctions pénales sont applicables aux mineurs qui ont plus de treize ans (elles sont simplement moins lourdes). Quant aux mineurs de plus de seize ans, il est de toute façon possible au juge des enfants de les renvoyer devant les juridictions de droit commun et les magistrats peuvent ne pas retenir l’excuse de minorité si les faits sont graves et si leur auteur paraît responsable.
Bien sûr, la délinquance des mineurs est inquiétante. Mais il faudrait arrêter de prétendre que sa proportion est plus importante aujourd’hui qu’hier car elle n’a pas plus progressé que la délinquance en général. Et imaginer que c’est comme ça qu’on va trouver une solution est bien illusoire et ne tient pas compte de l’expérience. En effet, depuis 2002, pas moins de six lois concernant les mineurs ont été adoptées – si celle de M. Estrosi est votée ça en fera sept – pour des résultats qui, manifestement, n’ont rien de concluant. Difficile de ne pas penser, en ces périodes où il est de bon ton de faire de la surenchère pour tenter d’enrayer la progression du Front National, que cette nouvelle proposition a des finalités essentiellement démagogiques.
Pour en revenir à l’inauguration, si, avec Patrick, nous étions présents, c’est parce que nous demandions depuis longtemps la réouverture de ce centre de police car il n’y avait plus rien à Nice Nord. Nous souhaiterions cependant qu’un bureau soit mis à la disposition de la police nationale afin que nos concitoyens puissent venir y déposer leurs éventuelles plaintes (la plupart des habitants du 7e canton sont obligés de se déplacer jusqu’à L’Ariane pour le faire).
Après le discours du maire, je quitte rapidement les lieux car une manifestation plus intime, dans un local bien chauffé, m’attend. Richard a, en effet, souhaité réunir et inviter à la permanence les amis qui l’ont soutenu pendant les longs mois qu’a duré sa maladie. Les bouchons de champagne sautent, Richard prend la parole. Ses mots sont touchants et son regard rempli de tendresse. Nous, on l’écoute, on sourit parfois un peu bêtement, on fait quelques remarques qui se veulent drôles pour cacher notre émotion. On est tout simplement heureux de l’avoir retrouvé. La chaleur est aussi dans nos cœurs.
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