Après la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, la 11e circonscription du Pas-de-Calais. D’abord Pau, maintenant Hénin-Beaumont.
Après avoir refusé de retirer la candidate du PS pour permettre à François Bayrou de conserver son siège de député (voir sur ce blog, Elégance solférinienne), Martine Aubry maintient la candidature d’un socialiste (pourtant difficilement investi) là où Jean-Luc Mélenchon a décidé d’aller porter le fer contre Marine Le Pen : « A Hénin-Beaumont, on n’a pas besoin d’un match médiatique. On a besoin d’un élu de terrain, qui habite là, qui connaît les problèmes et qui défend les habitants d’Hénin-Beaumont et de la circonscription. » Ben voyons… Rappelez-moi l’investissement de Cécile Dufflot dans la 6e circonscription de Paris…
Pour commencer, on va renvoyer la première secrétaire à sa petite Constitution illustrée où elle pourra apprendre qu’un député est un élu de la Nation même s’il est désigné, dans le cadre d’un scrutin majoritaire, par les électeurs d’une circonscription. Si l’implantation territoriale est importante pour qu’un candidat soit élu aux législatives, elle ne doit pas avoir de conséquences sur la façon d’exercer son mandat électif.
Ensuite, elle semble avoir oublié qu’elle fut elle-même une parachutée à la mairie de Lille quand, en 1995, Pierre Mauroy vint la chercher pour en faire une première adjointe avant de devenir maire lors de la mandature suivante… Et là, il s’agissait bien d’une élection locale.
Enfin, à propos des « élus de terrain » du coin, encore faudrait-il en trouver un qui ne soit à couteaux tirés avec les autres (la désignation du candidat socialiste a été bien compliquée) ou mis en examen…
Soutenir la candidature du leader du Front de Gauche dans une circonscription où Marine Le Pen risque d’être élue, profitant de la mobilisation des socialistes locaux à s’entre-déchirer au lieu de faire campagne, aurait peut-être été le moyen de sortir par le haut de la crise que traverse depuis des années la fédération PS du Pas-de-Calais.
Mais, là encore, la première secrétaire a mis son veto. Comme Bayrou, Mélenchon n’a rien demandé au Parti socialiste. L’un et l’autre ne se situent pas dans la majorité présidentielle, mais ils ont, pour le premier, voté pour François Hollande, pour le deuxième, appelé à voter pour lui. Ce dernier aurait-il été élu sans le report d’une partie des voix qui se sont portées sur eux au premier tour ? Qu’est-ce qu’on leur reproche ? De ne pas s’être précipités, comme d’autres, pour quémander quelques prébendes ?
A l’heure où chacun y va de son couplet pour considérer qu’il n’est pas normal qu’un parti qui fait autant de voix que le FN ne soit pas représenté à l’Assemblée nationale, je préfère me révolter contre le risque de priver cette même assemblée du talent des ténors du MoDem et du Front de gauche. Dans ces circonscriptions, je n’hésiterais pas un seul instant à voter pour eux.