
Hier, à la maison des associations de la place Garibaldi, le groupe « Un autre avenir pour Nice », avait tenu à faire le bilan de sa première année de mandat. Les six élus que nous sommes (Juliette Chesnel et Fabrice Decoupigny pour EELV, Christine Dorejo, Patrick Allemand, Paul Cuturello pour le PS, moi-même pour GA et le PRG) ont donc pris la parole à tour à tour pour donner leur ressenti et rendre compte de leurs actions face à un public attentif.
Si j’en crois les retours qui me sont parvenus, cette initiative a très largement été appréciée des participants. Je regrette toutefois que cet exercice, contraint pour des raisons de mise à disposition de la salle sur une durée limitée, ne nous ait pas permis de développer un débat. Du coup (en compensation ?), les discussions se sont poursuivies à l’extérieur à la fin de la réunion.
Pour ma part, j’ai tenu à mettre l’accent sur le fonctionnement de notre groupe lors de chacun des deux conseils (municipal et métropolitain) avant de donner rapidement quelques éléments relatifs à mes domaines de prédilection.
Quelques extraits :
(…) Il faut d’abord savoir qu’il y a de très nombreuses délibérations que nous votons. Cette attitude est logique quand nous sommes d’accord avec ce que propose la majorité. S’opposer pour s’opposer serait ridicule. Mais il y a deux circonstances dans lesquelles l’attitude à retenir n’est pas aussi simple.
– Tout d’abord, quand les délibérations contiennent des propositions que nous jugeons insuffisantes : on est d’accord avec l’esprit, mais on trouve que ça ne va pas assez loin. Doit-on s’opposer ou plutôt s’abstenir pour manifester nos exigences, ou bien doit-on voter favorablement après une explication de texte ? Dans l’ensemble, nous avons plutôt choisi (même si cela fait parfois l’objet de débats entre nous) de voter de telles délibérations ce qui me convient tout à fait. Difficile, en effet, par exemple, de ne pas voter pour la construction de logements sociaux parce qu’on trouve que le compte n’y est pas.
– Autre circonstance nous posant davantage problème : que faire lorsqu’une délibération prévoit le vote bloqué de plusieurs propositions et que nous sommes en phase avec certaines d’entre elles et pas avec d’autres ? Nous demandons assez régulièrement des votes séparés dans ces cas-là, mais le maire nous les refuse presque toujours. (…) Dans cette hypothèse, nous ne pouvons avoir une ligne de conduite trop rigide : tout dépend de l’importance respective des différents points prévus par la délibération. Pour ma part, j’estime que, si quelque chose nous déplaît un peu, mais que d’autres aspects importants nous conviennent, nous devons voter, en faisant connaître bien sûr notre mécontentement. Le plus souvent, toutefois, il est difficile de faire une hiérarchie et là, nous nous abstenons.
Cette façon de procéder peut être considérée par les militants qui nous sont proches comme un peu frustrante. Les militants, et singulièrement ceux de gauche, aiment bien voir leurs représentants en découdre avec la majorité. Mais être élu dans une collectivité locale nous impose la prise en compte de l’intérêt des populations qui nous ont placés là. Pour ma part, j’ai une boussole qui guide mes pas : celle de nos valeurs et de l’intérêt général. Il y a peu de chances ainsi de se trouver en difficulté face à une majorité dont les élus sont loin d’être des imbéciles. On aime bien parfois se moquer de tel ou tel, mais soyez-en persuadés, nous avons face à nous des gens intelligents et qui bossent. Et cela est valable pour le maire et un certain nombre d’adjoints. Ce qui ne les empêche pas d’être parfois – et pour certains souvent – de mauvaise foi.
Le reproche essentiel qu’on peut leur faire s’agissant de leur fonctionnement, c’est l’extrême concentration du pouvoir. Et cela à deux points de vue.
– Du point de vue de la gouvernance, tout d’abord. On a vraiment le sentiment que c’est le député-maire, président de la Métropole (et qui veut devenir Président de la Région) qui décide de tout. Au sein de sa majorité, il n’y en a peu capables d’intervenir sans citer Monsieur le maire toutes les deux phrases, histoire de montrer qu’ils ont bien l’aval de celui-ci. D’ailleurs, le maire laisse peu de place à ses adjoints, prenant systématiquement la parole pour répondre aux interpellations de l’opposition (…)
– D’autre part, en pratique, on est loin des grandes déclarations d’intention sur la démocratie participative. Celle-ci est très nettement en panne. Si vous allez sur le site de la Ville de Nice, vous pourrez constater qu’une belle pub est faite aux instances consultatives et de proximité. En réalité, pour l’instant, sous cette mandature, aucune d’entre elles n’a encore été réunie. Qu’il s’agisse du Conseil Communal Consultatif censé faire participer la société civile à la vie municipale ; qu’il s’agisse des Conseils de quartier pourtant modifiés dès le premier conseil municipal ; qu’il s’agisse du comité d’éthique dont les travaux, si travaux il y a, ne nous sont pas pour l’instant connus ; qu’il s’agisse du Médiateur indépendant dont on ne sait trop ce qu’il est censé faire. Nous ne nous sommes pas opposés à la création de ces instances. Mais si elles ont été annoncées à grand renfort d’effets de manche, le moins que nous puissions dire est que leur activité se réduit, pour l’instant, à strictement rien (ou alors elles sont très très très discrètes…).
Alors bien sûr, le maire pourrait se targuer d’avoir consulté la population en la convoquant à un referendum. Le referendum, c’est l’outil de la démocratie directe ! Sauf qu’il a fait ça pour une question qui ne prêtait pas vraiment à polémique (la privatisation de l’aéroport), qui ne relevait pas de la compétence municipale et qu’il y a finalement pas eu un très grand nombre de votants. Par contre, quand il s’est agi de consulter nos concitoyens sur des questions les intéressant au plus haut point, lourdes de conséquences pour leur vie de tous les jours, il s’est contenté de botter en touche. La ligne 2 du tram en souterrain ? Il en a seul décidé. L’avenir des terrains du Ray ? Il va, là encore, en décider seul. Remarquez : il aurait tort de se gêner puisque la majorité vote pour lui. Mais je ne suis pas certaine que cela signifie un acquiescement à toutes les décisions qu’il prend. Et nous, nous avons à jouer notre rôle de contre-pouvoir : nous sommes les seuls, avec vous, et aux côtés des habitants qui parfois se mobilisent, à pouvoir le faire.
Si la démocratie participative est en panne au niveau de la municipalité, cela ne doit pas nous exonérer, nous, au niveau de notre groupe d’opposition, de la pratiquer, notamment pour la préparation des conseils municipaux. Nous avons essayé de le faire en vous invitant à nos réunions préparatoires, mais force est de constater que ce ne fut pas un grand succès. Peut-être devons-nous envisager cela autrement ? Parce que je pense qu’il est très important de pouvoir recueillir vos avis : nous sommes loin d’avoir la compétence sur tous les dossiers qui nous sont soumis. Alors bien sûr, nous consultons, chacun d’entre nous, les personnes que nous connaissons pour bénéficier de leur expertise dans tel ou tel domaine, mais ce n’est guère satisfaisant. Je crois d’ailleurs que nous devrions informer plus largement nos concitoyens et les inviter à discuter avec nous de ces questions qui les touchent de près. À chaque conseil, il n’y a pas énormément de délibérations fondamentales qui posent problème : on pourrait se contenter de retenir les plus importantes pour en débattre avec vous et au-delà de vous, avec les Niçois. (…)
Au-delà des sujets qui, géographiquement (Nice centre-nord), du fait de mon implantation, me mobilisent particulièrement (parmi eux, il en est un essentiel, celui de l’avenir des terrains du Ray, un avenir que nous souhaitons le plus vert possible, et sur lequel le maire reste sinon discret du moins confus – volontairement confus), mes interventions sont le plus souvent liées aux responsabilités qui sont les miennes.
Je suis membre du comité de direction de l’Office du Tourisme et des Congrès de Nice qui regroupe l’ensemble des acteurs économiques du secteur (hôtellerie, restauration, transports…), un secteur très chouchouté par la Ville, ce qui est assez naturel. Mais je suis parfois amusée de constater que ces acteurs, pourtant grands apôtres du libéralisme triomphant, ne sont jamais en retard pour revendiquer des aides de toutes les collectivités.
Je participe également pour notre groupe à la Commission consultative des services publics locaux de la ville et à celle de la Métropole, commissions qui donnent un avis sur l’activité des services publics avant les délibérations en Conseil. Participent à ces commissions, à côté des élus et des administratifs, des représentants de la société civile et notamment du milieu associatif. Cela permet d’avoir accès à des informations assez précises sur l’activité de nombreux services tels que l’eau, les transports, les parkings, les ports, l’assainissement, l’auto bleue… même si les rapports annuels qui nous sont remis sont parfois assez indigestes dans leur présentation (il est clair qu’il est impossible à un groupe, aussi faible en nombre que le nôtre, de faire toujours un travail de fond sur toutes ces questions). Parmi les dossiers qui ont retenu mon attention figure celui du Crematorium de Colomars dont l’extension est indispensable (…)
Une dernière chose dont l’intérêt est encore en devenir. Sur ma proposition a été créée une Commission d’évaluation et de contrôle des marchés publics de la ville de Nice. J’en assure la co-présidence avec un membre de la majorité, Bernard Asso. Intérêt en devenir, car nous ne nous sommes réunis qu’une fois pour l’instant. Mais j’ai bon espoir car les représentants de l’administration municipale qui ont participé à cette première réunion se sont montrés très disponibles.
(…) Notre investissement ne doit pas se limiter au Conseil municipal ou métropolitain. Bien sûr nous avons à travailler sur le terrain ce qui nous permet de prendre le pouls des habitants de notre ville sur tel ou tel sujet. C’est extrêmement précieux. Il est également important d’aller aux rendez-vous donnés par des associations qui militent pour l’intérêt général et qui sont actuellement en difficulté suite à la baisse généralisée des subventions. Notre présence et notre accompagnement est pour elles un signe de reconnaissance du travail souvent essentiel qu’elles accomplissent. Et puis, comme tous les citoyens – un peu plus que tous les citoyens – nous avons à participer à différentes manifestations où il est important, symboliquement, que nous soyons là. Il était important d’être là pour Charlie et la liberté d’expression, pour le Kenya et l’éducation, pour les migrants péris en mer (…)
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