C’est un accueil particulièrement chaleureux qui a été réservé aujourd’hui à Jean-Marc Ayrault par les Radicaux de Gauche et leur Président, Jean-Michel Baylet, réunis en Congrès au Parc floral de Vincennes (voir le blog de Patrick Mottard), auxquels il était venu rendre visite. Il faut dire que la venue d’un Premier ministre à un congrès radical n’est pas si fréquente : elle fut donc appréciée. D’autant qu’il a su leur parler. Bien sûr, il a rappelé la contribution des radicaux à l’histoire de notre pays sur des thèmes aussi symboliques que l’éducation, la progressivité de l’impôt sur le revenu… Mais ce n’était pas l’essentiel d’un discours qu’il voulait surtout tourné vers l’avenir de la France, un avenir qui est d’abord en Europe, une Europe à un tournant de son histoire qui doit renouer avec ses pères fondateurs et porter de nouvelles perspectives.
Deux heures plus tôt, le Président d’honneur du PRG, Jean-François Hory, avait tenu, dans son intervention, à faire amende honorable : « J’ai été contre le TCE, j’avais tort ». Et de reprendre l’un après l’autres les arguments qui avaient été les siens pour ne pas voter ce traité afin de mieux les rejeter. Le Traité n’était pas parfait ? L’Europe progresse depuis ses débuts avec des traités imparfaits. Ça allait aider Chirac ? On ne fait pas de la politique intérieure avec les questions internationales. L’argument d’un vote avec le FN était sans importance ? Ce n’était pas recevable car la xénophobie progresse avec l’union des extrêmes. « Bien sûr, je fais le rêve d’une Europe formidable qui descendrait du ciel… mais c’est un rêve. Le Traité ne peut être que bancal : concernant tous les pays et toutes les sensibilités européennes, il ne peut correspondre en tous points à la volonté des Français et des radicaux. » Et d’insister sur les améliorations acquises grâce à François Hollande, avec le pacte de croissance, l’esquisse d’une gouvernance économique européenne, les décisions récentes de la Banque européenne dont l’indépendance ne doit pas signifier neutralité (elle doit intervenir pour la croissance, l’économie, l’emploi, rejeter le dogme de l’euro fort…). Il concluait son discours (remarquable) en ces termes : « Quand on est convoqué par l’Histoire, on ne lui oppose pas les petites histoires ! »
Après avoir rappelé lui aussi que si de nouvelles perspectives pour l’Europe sont aujourd’hui possibles, c’est notamment grâce à l’élection de François Hollande qui a permis de faire bouger les lignes, le Premier ministre a insisté sur la nécessité de rétablir l’équilibre des comptes publics. Pour y parvenir, il faut faire des choix et les choix de la majorité sont ceux de l’éducation, de l’emploi, de la sécurité et de la justice parce que « notre règle d’or à nous, c’est la justice ».
Mais son discours devant une assemblée radicale n’aurait pas été complet s’il n’avait mis l’accent sur la laïcité, « la laïcité qui n’appartient plus à la gauche ; elle est son legs à la République, mais nous en sommes les gardiens vigilants ». La laïcité, c’est la liberté : « elle permet d’observer le même ciel mais sans y déceler forcément la même promesse ».
Les médias, l’opposition, les gobeurs de mouches le disaient terne, irrésolu, transparent. Une demi-heure de discours parfois brillant, toujours efficace, m’ont confirmé que nous avions là le Premier ministre que la situation exige. N’en déplaise aux esprits chagrins, les convictions fortes n’ont pas besoin de gesticulations. De la même manière qu’une action efficace se passe très bien d’hystérie.