
(Suite de la 1re partie de mon discours lors des vœux organisés le 10 janvier 2019)
Le calendrier municipal étant donc régulièrement chamboulé en fonction des obligations médiatiques du maire et de l’homme politique à la fois LR et Macron-compatible, nous avons du mal à pouvoir travailler normalement.
C’est ainsi qu’il faut toujours se battre pour obtenir les vraies informations concernant certains dossiers sur lesquelles sa communication à outrance ne fait que jeter un voile. Le chantier de la ligne 2 du tram, dont on inaugure chaque mètre de rail (j’exagère… à peine…), a vu son prix exploser comme nous l’avions annoncé : il atteint aujourd’hui les 945 millions d’euros. À force d’insistance, d’interventions par courrier ou dans les conseils et commissions, nous finissons par avoir des précisions, mais au compte-gouttes et au prix de quels efforts et de quelle vigilance ! Ce n’est pas simple de dénicher ce qui peut poser problème au milieu des nombreuses délibérations qui sont soumises au vote quand on n’a les dossiers que quelques jours avant. Heureusement, nous avons autour de nous des amis qui, grâce à leurs compétences dans divers domaines, notamment dans la fonction publique territoriale, nous apportent une aide efficace. Certains sont présents ici ce soir, qu’ils en soient grandement remerciés. Une élue de la majorité me disait il y a peu, faisant preuve d’une lucidité assez inédite parmi ses congénères, qu’elle se demandait comment nous parvenions à travailler sur l’ensemble des sujets alors qu’elle-même avait déjà du mal à se consacrer aux quelques dossiers qu’elle avait à présenter en séance et qui étaient d’ailleurs préparés par les services municipaux. Ces difficultés ne nous font pas renoncer, peut-être même au contraire : quand nous sentons des réticences, on se dit qu’il y a sans doute quelque chose qu’on veut nous cacher (« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup »). D’ailleurs, j’ai pu constater à plusieurs reprises que, suite à des remarques que j’avais faites lors des réunions préparatoires du Conseil, les délibérations se trouvaient ensuite retirées de l’ordre du jour.
Pour en revenir à la communication, celle-ci présente l’avantage, pour celui qui communique, de mettre en avant telle action par rapport à telle autre. Celle dont on veut faire la publicité par rapport à celle sur laquelle on préfère être discret. Parfois, on frise la supercherie. Ainsi avant le dernier Conseil municipal de 2018, le maire a présenté aux médias une liste de mesures censées améliorer le pouvoir d’achat des Niçois. Des « mesurettes », comme j’ai pu le faire remarquer, qui n’auront pratiquement aucune incidence sur la vie des habitants : ainsi, par exemple, la baisse du prix de la location d’une salle de spectacle pour une association à but non lucratif de 1,6%, la gratuité de l’entrée du parc Phoenix le premier week-end du mois. On nous a même resservi le chèque-carburant (dont l’impact sera particulièrement minime) déjà voté par le Conseil métropolitain car il relève de sa compétence. Mais, il fallait bien enfoncer le clou pour répondre aux revendications initiales des gilets jaunes : au niveau national, le gouvernement a abandonné la taxe carbone, au niveau local on donne un chèque carburant. Communication toujours, finalement pour rien : ce n’est pas en sacrifiant les inquiétudes liées à la fin du monde qu’on répondra aux préoccupations sur les difficultés de la fin du mois, on l’a bien vu.
Des « mesurettes » aussi d’ailleurs en matière d’environnement comme par exemple l’autopartage dont l’efficacité est plus que douteuse (son régime a d’ailleurs changé récemment) ou l’aide à l’acquisition d’un deux-roues électrique qui ne constitue qu’un effet d’aubaine pour ceux qui, de toute façon, avaient décidé d’en acheter un…
Même constance dans les dérives qui sont celles du maire depuis de nombreuses années : la confusion entre vitesse et précipitation. Quand on veut aller trop vite, on fait parfois des bêtises. On le voit bien : la plupart des grands projets annoncés sont systématiquement retardés. C’est ainsi qu’hier j’ai participé au jury de concours pour l’extension-réhabilitation de l’école du Ray, dossier qui a pris plus de deux ans de retard suite à des vices de procédure.
Sur l’aménagement de la Halle de la Gare du Sud, après des annonces tonitruantes, j’avais eu l’occasion de relever le caractère prématuré de celles-ci compte tenu des procédures en cours d’attribution du marché. Ayant pu constater que cet aménagement n’était toujours pas réalisé alors que son inauguration était annoncée pour la fin de l’année 2018 et que le bail emphytéotique consenti par la ville, propriétaire, à une société prévoyait l’ouverture au public au plus tard le 1er janvier, je viens d’adresser un courrier au maire, suite à l’information parue récemment dans la presse annonçant cette inauguration pour le mois de mai, afin de connaître les raisons d’un tel retard pour savoir à quoi ou à qui il est imputable.
Ces retards tendent à devenir la règle : j’aurais pu parler aussi du chantier du Couvent de la Visitation dans le Vieux-Nice, de celui d’Ikea, de la cuisine centrale, du MIN… Et ils ne sont pas neutres pour les finances de la Ville.
On le constate régulièrement : communication n’est pas information. Certains comités de quartier qui se sont organisés en une coordination n’ont d’ailleurs pas hésité à se plaindre du manque de concertation sur les grands projets et à demander un changement de gouvernance, à tel point que le maire, suivi de toute une armada d’adjoints, a jugé utile de participer (un moment) à leur réunion et leur a annoncé la tenue d’une prochaine réunion de travail. À suivre…
Je n’ai pas repris ici le fond des dossiers qui ont fait l’objet de notre attention me contentant d’en énumérer certains en me tenant, avec mon collègue Marc Concas, avec nos collaborateurs Fabien Castejon et Colette Duchet, à votre disposition pour vous informer en détail. Parce qu’il ne faudrait pas que vous pensiez que les embûches placées sur notre route entament en quoi que ce soit notre détermination. Parce qu’elles ne nous empêchent pas d’obtenir, plus souvent qu’on ne pourrait le penser, des résultats, preuve s’il en était besoin de la pertinence de nos interrogations et de nos remarques. Je note d’ailleurs avec une certaine satisfaction que les réponses à mes courriers sont de plus en plus argumentées, signe (peut-être) de la prise de conscience par mes interlocuteurs du sérieux de mes démarches ; c’est aussi ainsi que certains dossiers évoluent.
Enfin, nous nous attachons particulièrement à aider les associations qui accomplissent dans leur domaine d’intervention ou dans leur quartier des tâches remarquables pas toujours reconnues à leur juste valeur. Merci à elles pour ce qu’elles accomplissent. Pour notre part, nous considérons comme un devoir le fait de leur apporter notre soutien.
Bien sûr, il nous arrive de traiter également des dossiers individuels suite aux saisines de nos concitoyens. Nous nous efforçons de les accompagner du mieux possible même si ce n’est pas toujours évident. Il faut dire que le problème récurrent dans notre département concerne le logement, singulièrement le logement social, et de ce point de vue, nous avons bien du mal à aboutir tant les efforts de la Métropole et de la Ville sont mesurés en la matière alors que les besoins sont criants.
Comme vous le voyez, nous ne ménageons pas notre peine. Inlassablement, véritables Sisyphe de l’opposition, nous faisons remonter nos dénonciations, nos revendications, nos propositions, au sommet de la montagne municipale. En 2019, comme c’était le cas les années précédentes, nous ne renoncerons pas. Mais ne nous plaignez pas : un pied noir célèbre n’a-t-il pas dit qu’il fallait imaginer Sisyphe heureux ? Et ce soir, devant votre assemblée bienveillante, je le confirme plus que jamais : nous sommes heureux !

Nice Matin 11/01/2019
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