Après avoir quitté la Bosnie et traversé le Monténégro qui m’a laissé tant de bons souvenirs (voir mon billet « Les bouches de Kotor »), nous voici en Albanie. C’est assez excitant de se rendre dans un pays qui fut si longtemps fermé aux ressortissants occidentaux. J’aime l’Albanie, mais il faut faire preuve d’un certain volontarisme pour y parvenir.
C’est celui des anciens pays staliniens qui est le plus déglingué vu de l’extérieur. On y circule mal sur des routes à l’entretien aléatoire, les bouchons sont partout, dans les villes, sur les chemins, les plus grands axes… Le bord des routes n’est pas mieux : on y trouve en très grand nombre et n’importe où des bâtiments qu’on a commencé (un peu ou beaucoup) à construire et jamais finis, déjà usés à traîner de la sorte sous le soleil ou sous la pluie. Les nombreux fils électriques se déploient de façon anarchique entre les poteaux et les maisons. Quant au nettoyage urbain (et pas que), je crois que Pierre-Paul Léonelli, l’adjoint délégué à la propreté de la ville de Nice, trouverait beaucoup à redire ! Les détritus s’entassent partout, les containers à ordures débordent, preuve que le service public est – du moins en ce domaine – particulièrement défaillant.
Aucune préoccupation patrimoniale ne semble se manifester d’une quelconque manière. Et pourtant, au milieu de ce fatras, quelques pépites émergent dues à des initiatives privées qui sont autant de manifestations émouvantes de la volonté de participer au développement d’une société. Ainsi à Shkodër par exemple, la culture des cafés, avec beaucoup d’établissements chaleureux, compense le côté un peu chaotique de l’environnement. Et une mention toute spéciale au chanteur de notre restaurant qui nous a offert une chanson en français (Emmanuelle de Pierre Bachelet).
Et puis… et puis… y’a le sud et toute la route – belle celle-là – qui nous a conduits entre vallées et montagnes à Gjirokastër. Nous avons pu admirer des paysages époustouflants de beauté avec, en prime, au début de notre trajet, la découverte, presque par hasard, d’Apollonia, un site archéologique grec majeur dont les fouilles entreprises au début du 20e siècle (et loin d’être terminées) doivent beaucoup à une équipe de chercheurs français. Quant à la cité du Sud, Gjirokastër, c’est un bijou préservé. On le devrait à Enver Hoxha qui, en étant originaire, avait tenu à en faire une « ville musée ». Pas de quoi pardonner au dictateur ses innombrables méfaits : les habitants ont fait brûler sa maison il y a quelques années. Quoi qu’il en soit, avec son château-citadelle qui la domine, Gjirokastër est un vrai bijou.
Et puis, il n’y a pas que le Sud. Il y a surtout les Albanais. En fait, si j’aime l’Albanie c’est essentiellement grâce à eux. J’aime ces hommes et ces femmes à la cordialité discrète, très calmes (y compris sur la route où on n’entend jamais un coup de klaxon, ni ne voit de gestes d’impatience, malgré la circulation parfois déroutante, notamment celle des vélos). Ils n’élèvent pas la voix ce qui, dans les lieux publics, est assez reposant, surtout après la frénésie de Sarajevo.
Mais je vous laisse, ma visite de Gjirokastër n’est pas terminée…









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