Voilà longtemps qu’un périple estival ne nous avait conduits dans cette partie de l’Europe que nous affectionnons tant. Il faut dire que nous connaissons particulièrement bien l’Europe de l’Est, du sud au nord. Nous l’avons souvent sillonnée tant avant la chute du Mur qu’après.
Quand on part pour cette destination, il y a un incontournable : la traversée de l’Italie et de sa plaine du Pô qui n’en finit plus de s’étirer. Habituellement nous faisons étape dans l’une des nombreuses villes de la péninsule : le seul embarras est celui du choix. Mais les années passant et les passages se répétant, nous avons fini par en connaître (presque) tous les charmes et les envoûtements. Par conséquent, nous avons décidé de faire l’impasse sur l’Italie : notre premier arrêt se ferait en Slovénie. Il nous a fallu partir plus tôt qu’à l’ordinaire ce qui nous a permis de vérifier qu’il était plus efficace de prendre la route avant l’aube, singulièrement au mois d’août, ce que nous subodorions mais n’avions jamais vérifié personnellement.
Toujours pour la même raison (nous connaissons la capitale slovène par coeur), nous avons choisi de bouder la douce Ljubljana pour découvrir une autre ville de ce petit pays de deux millions d’habitants : Postojna. L’intérêt essentiel de ce qui est en fait plus une bourgade qu’une véritable cité, réside dans une attraction touristique mondialement connue : l’existence d’une grotte tellement importante qu’on y a construit un chemin de fer. Mais voilà : cette grotte nous la connaissons déjà. Pour autant, nous n’avions pas retenu grand chose du centre ville et le revoir pouvait, au premier abord, nous permettre de comprendre pourquoi. Rien de remarquable – au-delà de la fameuse grotte – pouvant justifier qu’on y passe la nuit.
Mais les sentiments que l’on éprouve pour certains lieux, certains paysages, obéissent à des ressorts qui ne sont pas toujours rationnels. À l’exception de quelques détails (par exemple les voitures), nous avons immédiatement été projetés dans le passé. Celui de l’ex-Yougoslavie, celle de Tito, pas très différente – mais différente quand même – des dictatures des autres pays de l’Est. Si je suis loin d’avoir la nostalgie des régimes staliniens, je reconnais avoir eu quelques faiblesses vis-à-vis de la Yougoslavie qui avait réussi – mais à quel prix ? – à faire vivre dans un même État des peuples historiquement divisés qui n’ont pas tardé à se déchirer à nouveau après la chute du Mur. Et de la pire des façons. L’unité n’avait jamais été qu’une fiction.
En déambulant dans la petite cité de Postojna, on avait réellement l’impression que rien n’avait changé. Contrairement à la capitale, contrairement à certains pays voisins, Postojna ne doit pas être très différente de ce qu’elle fut par le passé. D’ailleurs la place principale porte toujours le nom de Tito. Nous retrouvons la même architecture indéfinissable, les boutiques aléatoires, l’éclairage minimaliste, et, allez savoir pourquoi, ce que nous avions alors détesté nous parle aujourd’hui bien plus de ce pays. Une sensation de familiarité qui nous fait retrouver immédiatement nos marques provoquant l’émotion qu’on aime à ressentir quand on voyage dans des lieux déjà vus. Alors oui, l’étape de Postojna se révèle pour nous une bonne idée. De celles qui nous font présager que ce voyage sera – à l’instar des précédents – chargé de sensations parfois contradictoires, entre l’étonnement de la découverte et le plaisir du déjà vécu. Et après tout, pourquoi faudrait-il choisir ?
Voir sur le même sujet, le billet de Patrick Mottard : « Postojna-Slovénie : la porte de l’Est«








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