Pour mon vingt-et-unième mariage, la météo a joué avec les nerfs des futurs époux : Sandrine et Cédric. Heureusement au final les conditions étaient bonnes pour accueillir dans la cour de la mairie familles et amis. Quelques minutes de retard – c’est souvent le cas le samedi – et ce fut, pour l’officier d’état civil par intérim que je suis (en effet, une délégation spéciale m’est faite à chaque fois par le maire), le bonheur d’unir ce couple attachant sous le regard bienveillant de Marianne. Cerise sur le gâteau, Élise (que certains s’obstinent à appeler Élodie… private joke), une copine commune à la mariée et à moi-même, officiait pour l’état civil, ce qui nous a valu quelques originalités dans le déroulement de la cérémonie et beaucoup de bonne humeur.
Pour terminer le discours préparé à leur intention, je me suis appuyée sur leur souhait de partir en voyage au Canada, avant de conclure avec Bob Marley, qu’ils apprécient tout particulièrement.
« Comme vous m’avez fait part d’un projet de voyage au Canada, c’est donc tout naturellement une petite histoire canadienne que je vais vous raconter.
Elle ne se situe pas du côté de Vancouver, n’en déplaise à Cédric : trop de vapeurs d’alcool et de souvenirs amers si l’on en croit Véronique Sanson. Mais de l’autre côté, à l’embouchure de la rivière Saguenay sur le fleuve Saint-Laurent. Il existe là, une ville célèbre dans toute la région : Tadoussac. Le voyageur y fait souvent un crochet car les baleines du Saint-Laurent, appréciant le mélange des eaux, s’ébattent souvent au large du petit port. Mais il arrive aussi qu’un brouillard extraordinairement épais s’abatte sur le fleuve et engloutisse littéralement la ville. Eh bien, avec mon mari, nous avons été victimes de cet accident météorologique il y a quelques années. Le brouillard était là, quelques heures, une journée, une nuit, une autre journée : plus de fleuve et, bien évidemment, plus de baleines. Au fil du temps, la patience s’émousse, la promesse se transforme en mirage et la baleine en mythe. Alors, on décide de partir. Nous nous apprêtions à quitter la place quand un petit miracle se produisit : le soleil blanc si caractéristique de l’été dans le nord du Québec se mit à percer timidement le brouillard avant de le disperser tout à fait en quelques minutes. Il ne nous restait plus qu’à embarquer pour glisser jusqu’au milieu du fleuve et soudain, à l’horizon, une, deux, dix… elles étaient là.
Sandrine, Cédric, sans doute avez-vous compris la portée symbolique de cette petite histoire. En effet, la vie en couple n’est pas toujours un long fleuve tranquille, le brouillard peut envahir le quotidien et le temps devient long. Pour dépasser ces moments-là, il ne suffit pas d’être patient chacun de son côté, il faut surtout savoir rêver. Ensemble.
Si vous avez la chance de les voir, je sais que vous n’oublierez jamais les baleines de Tadoussac et que vous, Cédric, vous saurez toujours dire à Sandrine quand il le faudra :
No woman, no cry, non femme ne pleure pas, nous sommes ensemble pour toujours,
No woman, no cry, avec toi la vie sera toujours belle.
Bonne route à tous les deux.«
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