Février est la période des cérémonies commémoratives de la Retirada (l’exil des républicains espagnols en 1939 et leur « accueil » déplorable en France) dans les Pyrénées-Orientales dont une partie de la population est d’origine espagnole.
Pour moi qui ai toujours été émue par ce drame (voir, par exemple, mes billets Le camp de Rivesaltes et la Retirada en 2008 ou La mémoire de la Retirada en 2013), il n’était pas question de ne pas participer à ce 80e anniversaire.
C’est ainsi que ce matin, nous avons arpenté l’immense plage d’Argeles où des poteaux plantés dans le sable permettaient de suivre une exposition photographique témoignant des conditions de vie indignes que la République française a imposé aux réfugiés dans un camp construit à la hâte à même le sable.
Puis nous avons emprunté la route du col de Banyuls en participant à une sorte de pèlerinage à travers la montagne parfumée de mimosas qui était un des chemins de passage de la Retirada. Au fur et à mesure de notre progression sous un soleil déjà printanier, nous avons pu nous replonger dans le chaos de cette retraite forcée avec des histoires de naissance en pleine nature, de meurtres et de traîtrise, de petits gestes d’humanité, de trésors convoités… Et je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pour Pepita, la grand-mère de Xavier : était-ce ici qu’elle avait franchi la frontière ? Mais ici ou ailleurs dans les Pyrénées, l’histoire était la même, pour toutes les Pepita contraintes à l’exode et à l’exil…
Enfin, à la mairie de Banyuls, où était inaugurée une exposition, un survivant nous a raconté non seulement l’horreur de la période mais aussi celle de l’après avec, par exemple, le drame des bébés volés (dont le nombre est estimé à 300 000) aux mamans républicaines dans les années 1940 et 1950 (et même au-delà). Le maire lui-même a pu nous raconter l’histoire de sa famille intimement liée à celle de la guerre civile en Espagne. Ce fut pour nous l’occasion de retrouver, l’espace d’un moment, comme à chaque fois, notre amie Minerva dans la famille (espagnole) de laquelle nous avons eu la chance de partager dans le passé des beaux moments de mémoire et de convivialité.
Une belle et triste journée. Une de ces journées qui vous apprennent à quel point le souvenir historique n’est pas la satisfaction d’une nostalgie mais une arme pour affronter le présent. Surtout quand on est républicain et humaniste.
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