Après avoir quitté Aberdeen et les Grampians, direction le Nord et ses promesses – tenues – d’un environnement spectaculaire.
La porte d’entrée c’est Inverness près du fameux lac. Nous sommes sans doute dans la partie la plus touristique de l’Écosse ce qui explique le véritable racket organisé par les hôteliers (prix abusifs pour des prestations moyennes) dans un pays où la mesure du nombre des visiteurs semble ne pas avoir été prise puisque les hébergements sont nettement insuffisants.
Il ne faudrait pas pour autant se méprendre. La région n’est pas envahie par les touristes : ce n’est pas la Côte d’Azur au mois d’août ! Cela est vrai y compris pour le Loch Ness où il ne nous a pas été donné de voir le monstre mais qui nous a permis de découvrir, pas toujours sous la pluie, quelques beaux paysages agrémentés ici ou là de châteaux en ruines. Et puis Inverness restera gravé dans nos mémoires comme la ville où nous avons vus nos premiers joueurs de cornemuse, en kilts comme il se doit.
Notre montée vers le Nord va se faire par la côte est. Plus ou moins proches, nous pourrons voir les nombreuses plateformes pétrolières (je ne peux m’empêcher de penser à Nikiski et à l’Alaska) qui ont fait la richesse de l’Écosse avant la chute des prix mais qui continuent à fonctionner en même temps que le pays s’oriente vers les énergies renouvelables.
C’est dans ce même secteur que nous aurons l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les Highland Clearances, déplacements forcés des populations après les rébellions jacobites du début du XVIIIe siècle. Les chefs de clans écossais qui avaient survécu aux attaques britanniques et n’avaient pas choisi d’émigrer en Amérique sont devenus de gros propriétaires terriens conduits à élever des moutons pour les vendre aux Anglais. Pour ce faire, ils poussèrent de nombreuses familles aux revenus modestes à quitter les terres cultivées ou les expulsèrent dans de petites fermes au bord de mer, là où l’agriculture était impossible (les Lowlands) et où ils avaient le plus grand mal à survivre. Nous sommes allés sur les lieux d’un petit village en ruines, Badbea, en haut de falaises parfois tellement ventées qu’animaux et enfants devaient être attachés pour ne pas tomber ! Seuls sur le site, assis sur des pierres, vestiges du mur d’une ancienne maison, admirant pourtant le paysage, on pouvait imaginer sans peine la dureté des conditions de vie de ces anciens paysans. Beaucoup décidèrent dès lors de quitter leur pays pour se rendre aux États-Unis ou au Canada. Un peu plus loin sur la route, nous aurons le plus grand mal à trouver le monument en bronze qui rappelle cette époque tragique : une famille quittant sa maison pour commencer une nouvelle vie de l’autre côté de l’océan.
En continuant à monter ver le Nord notre but premier était la petite ville de John o’Groats et Duncansby Head, l’extrême pointe nord-est de la Grande-Bretagne. Là, il faut que je vous explique comment nous précisons nos itinéraires. La lecture de nombreux guides de voyage n’est pas notre seule source d’inspiration. En effet, nous aimons bien aussi nous rendre dans des lieux qui nous ont été recommandés par des proches. Généralement, ils réservent de bonnes surprises et surtout nous apportent un petit plus, ce petit plus qui, par-delà les années, nous permet de retrouver ceux que nous connaissons dont les pas ont précédé les nôtres sur des terres plus ou moins lointaines.
De ce point de vue, j’avais été plutôt surprise de constater qu’assez nombreux étaient ceux qui avaient visité l’Écosse. Il en a été ainsi de Penarth près de Cardiff (là c’était au Pays de Galles, merci Renato), du mur d’Hadrien (merci Patrick C.) ; il en sera plus tard ainsi d’Ullapool (re-merci Renato) ou encore d’Oban (merci Jean-Pierre)… C’était également le cas de John o’Groats dont m’avait parlé ma soeur Michèle. Après quelques centaines de mètres de marche sur un sentier qui peu à peu s’efface pour vous laisser poursuivre votre avancée en déambulant sur l’herbe humide, on débouche au sommet d’une impressionnante falaise surplombant les Stacks of Ducansby, deux hauts rochers pointus se dressant au large.
Sur la North Coast 500, l’endroit valait plus que le coup d’oeil, même si le « vrai » point le plus au Nord est Dunnet Head à une vingtaine de miles de là où nous avons pu assister, en solitaires, à un superbe coucher de soleil.
(à suivre)
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