Les visages des élus que nous retrouvons pour emprunter la navette en face du Monument aux morts sont plus graves qu’à l’ordinaire, même si, parfois, on parle un peu, de tout et de rien. Pudeur ? Difficulté de s’exprimer avec des mots déjà tellement éculés de ce qui s’est passé, ce 14 juillet dernier à Nice.
Arrivés en haut de la colline du Château, nous sommes pris en charge et conduits sur une estrade de côté. Face à nous, sous les pins parasols, la Garde Républicaine, derrière elle, au loin la mer, aussi bleue que le ciel. Sur notre droite, la tribune rassemblant les familles des victimes. L’arrivée de personnalités nationales suscite une discrète animation dans nos rangs : ancien président de la République, anciens premiers ministres, présidents du Sénat et de l’Assemblée Nationale…
À l’heure prévue, le Président de la République est là. L’orchestre ouvre la cérémonie avec la Marseillaise. Une jeune femme, Cindy Pellegrini, prend la parole au nom de l’association de victimes « Promenade des anges ». Ses mots simples sont poignants : « En ce 14 juillet, vous vouliez admirer le ciel et non pas le rejoindre… ». Accompagné d’un piano, Julien Clerc entonne sa chanson : « je veux être utile, à vivre et à rêver… ».
Puis c’est le moment sans doute le plus éprouvant de la cérémonie, celui au cours duquel 86 élèves du lycée Masséna viennent déposer une rose blanche pendant qu’étaient prononcés le nom et l’âge de chacune des victimes. Très peu de personnes ont pu retenir leurs larmes. Tous les âges, toutes les régions du monde…
François Hollande intervient. Le ton est juste. Compassion pour les victimes, unité nationale, exigence de vérité sur ce qui s’est passé. Et le chœur des enfants de l’Opéra de Nice reprend la Marseillaise : « Nous entrerons dans la carrière, Quand nos aînés n’y seront plus, Nous y trouverons leur poussière, Et la trace de leurs vertus… »
Le Président traverse l’esplanade en direction de la fontaine provisoire où ont été déposées les 86 roses et s’incline devant les familles. Elles applaudissent longuement. Pendant que le chef de l’État les rencontre individuellement, à l’écart, je quitte les lieux avec Marc Concas et Fabrice Decoupigny.
En empruntant les premières marches qui nous conduiront à la vieille ville, nous passons devant le musée de la Marine. Au-dessous s’étendent la mer et la Promenade des Anglais.
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