On le sait bien : l’Europe est loin d’être parfaite. Est-ce si surprenant ? Non, car elle n’est encore qu’en construction. Et c’est parce que cette construction n’est pas achevée qu’elle génère insatisfactions et frustrations. Ces dernières sont nourries par des partis nationaux qui se plaisent trop souvent à faire de l’Europe le bouc émissaire de leurs échecs en pointant du doigt des technocrates dont le seul but serait de nier l’existence des Nations.
La réalité européenne aujourd’hui n’est pas satisfaisante. Mais peut-on pour autant oublier quel est son idéal ? Celui qui consiste à garantir la paix dans un continent par le passé ravagé par les guerres.
Les différents peuples européens ont voté ce dimanche et ils ne l’ont pas tous fait de la même manière.
En France, on est sous le choc même si le résultat était quasiment attendu : nos concitoyens ont voté pour un parti qui rêve d’une France hors de l’Europe, repliée sur elle-même, fermée aux autres, jouant sur des peurs irraisonnées en décrivant des dangers imaginaires.
Je sais qu’il est de bon ton de dire que tout ça c’est de la faute de la gauche au gouvernement, pas assez à l’écoute de sa population, et de la droite divisée entre les différentes écuries présidentielles. Sans vouloir nier l’existence, dans une certaine mesure, de ces raisons, je me refuse à comprendre le choix de ces électeurs qui votent pour le FN sans état d’âme, juste parce qu’ils sont insatisfaits ou en colère. L’Histoire ne leur a-t-elle rien appris ?
Cette colère, plusieurs peuples européens la partagent. Pourtant, aucun d’eux n’a fait sortir en tête un parti d’extrême droite. En Grèce, on a exprimé cette frustration en votant pour l’extrême gauche (alors qu’en France, le Front de Gauche dépasse à peine les 6%). En Espagne, on l’a fait en votant pour les indignés, en Italie pour Beppe Grillo… Sans oublier que dans de nombreux pays, on a d’abord voté pour les partis de gouvernement (majorité ou opposition), qu’ils soient de droite ou de gauche.
Alors pourquoi cette spécificité française ? Pourquoi tous les partis voient-ils leur score baisser par rapport aux dernières élections au seul bénéfice du FN ? Se pourrait-il que, tout à la fois, le PS, l’UMP, EELV et le FDG soient plus nuls que leurs homologues des autres pays européens ? Ça semble difficilement concevable. Et dès lors, comment ne pas s’interroger sérieusement sur la nature profonde d’une partie de la population française ? Quand on entend, de plus en plus fréquemment, des propos racistes et antisémites, quand on voit le déchaînement de haine qu’a suscité la loi sur le mariage pour tous, quand on ose à peine parler de solidarité tant l’égoïsme est en train d’être érigé en valeur sous le vocable plus acceptable d’individualisme, la question est légitime. Et on comprend qu’entre 1939 et 1944, il n’y a pas eu que des résistants dans la patrie des droits de l’homme…
Je partage totalement le point de vue de Dominique nous ne pouvons plus ignorer les raisons profondes du vote d’un certain nombre de Français. Les » idées » du FN ont imprégné une partie du peuple de droite et même de gauche, nous avons perdu la bataille idéologique en croyant que nous pouvions gagner du temps en remplaçant la réflexion, le débat, l’éducation et la formation par la communication. Certains ont même contribué à réhabiliter le mot POPULISME sans se rendre compte qu’ils ouvraient ainsi la voie au FN. A nous maintenant de faire sérieusement , avec courage et difficulté, de la POLITIQUE AUTREMENT. Il en est encore temps.
La construction européenne est dans la tourmente et on s’éloigne de l’idéal des pères fondateurs…..Qui nous redonnera l’envie d’avoir envie ?
Alors DBM, on s’indigne ? La droite décomplexée, voulue par Sarkozy. Le pays en faillite à cause des défiscalisations. Des élections qui tombent au moment des déclarations d’impôts. Un futur Président qui fait des promesses qu’il sait qu’il ne tiendra pas. Le relèvement du taux du livret A, en est un exemple. Tout ceci explique le vote FN. Avec des français déboussolés, qui a chacun sa réponse à la « crise ». En tout cas le rêve européen tel qu’on nous l’a vendu ne fonctionne pas. Hubert Védrine en a fait une bonne analyse hier soir à la TV. Ce qui est préoccupant pour nos futures batailles : celles des « nonistes » de Gauches c’est que les « nonistes » de droite sont plus mobilisés que nous. Alors méfions nous des amalgames malheureux.
Les nonistes de gauche sont aussi responsables de la situation que les nonistes de droite. D’un coté comme de l’autre c’est rendre l’Europe responsable de tous nos maux…..alors que la plus part des pays européens notamment d’Europe du Nord se portent beaucoup mieux que nous…
En 2009 un seul homme avait rendu l’Europe « aimable »; Dany Cohn Bendit…..Sa voie nous a manqué.
Entièrement d’accord – une fois n’est pas coutume 😉 – avec Bernard.
Merci Dom et en plus de la voie de Dany il y avait évidemment sa voix
Il n’a pas fini de nous manquer…
J’hallucine en apprenant que pas mal de personnes de mon entourage ont passé le cap vers le FN à ces élections. Nombreux se disaient (se disent encore 😦 de gauche, étaient pour la plupart des nonistes lors du référendum de 2005 (qui a été balayé d’un revers de main par Sarkozy et ceux qui ont bien voulu l’y aider), expliquent leur vote par une défiance généralisée de la classe politique républicaine, de Hollande aussi qui ne donne pas l’impression de lutter contre la « finance » (personne n’a intégré l’opération lutte contre la fraude fiscale/baisse des impôts pour 2 ou 3 millions de Français mais beaucoup s’inquiète sur le traité transatlantique). Aussi par ce sentiment diffus qu’on en fait plus pour les immigrés que pour eux-mêmes. L’Islam aussi est dans la ligne de mire et ses traditions antinomiques avec nos aspirations d’égalité homme/femme, etc. Bref, un mixte, un amalgame, un coup de poker. Je ne comprends pas mais j’entends. Je crois qu’il faut maintenant dépasser la colère et tout faire pour rassurer, défendre, aider… Tout ceci bien mal dit.
C’est si facile de dire c’est la faute de… Mais que proposent les mouvements populistes ?
Le retour à une vieille monnaie nationale ? Dans notre monde financier actuel ce serait la porte ouverte à une attaque à la baisse d’une monnaie que l’on aurait fait artificiellement renaître de ses cendres, et ce en pratiquant en masse des achats à terme.
IL suffit de voir ce que les marchés financiers ont fait à la Grèce sur ses titres nationaux, alors qu’elle était en difficulté.
En prédateurs aveugles, ils semblent être à l’affût d’une éventuelle débandade de notre Europe pour s’enrichir à la baisse sur les monnaies en difficultés … Et sur le dos des plus faibles et de la misère humaine.
@Bernard
responsables de quoi ?
D’avoir fait passer un truc qu’un référendum avec un taux de participation remarquable avait rejeté. Tu m’étonnes qu’après ça et après les promesses électorales de notre président actuel, les Français soient dans la défiance. Justement les pays d’Europe du Nord ne râlent pas pour payer les impôts. Et ce qui manquait au traité que tu as soutenu, et que nous avons rejeté c’était justement qu’il n’y avait rien de sérieux sur une possible harmonisation fiscale européenne.
69% de participation: le référendum sur le TCE est le 3ème référendum national ayant eu la plus faible participation de l’histoire de la cinquième république, derrière celui sur le quinquennat et sur l’élargissement de la CEE en 72, deux référendums où la faible participation s’expliquait en grande partie par la certitude du résultat.
L’idée que ce taux de participation fut « remarquable » n’est après tout que l’une des fictions nonistes, comme par exemple:
Si le texte TCE avait été présenté tel quel, non par Chirac mais par un président Jospin, non seulement les notables du PS qui ont fait campagne contre le TCE auraient fait campagne pour, non seulement Fabius, Montebourg, Emmanuelli, Mélenchon, Valls auraient été des « Ouistes » de la première heure, mais en plus Richard Martinez aurait voté Oui. Et pas en traînant des pieds, en grinçant des dents et ravalant ses convictions au nom de la discipline partisane: Tu aurait voté Oui des deux mains et avec enthousiasme.
Parce que le « Non de Gauche » n’a jamais été autre chose qu’un réflexe tribal: ce n’était pas le manque d’harmonisation fiscale, ou la partie III du traité malhonnêtement présentée comme odieusement droitière (alors qu’elle avait été ajoutée au corpus du texte suite aux pressions de Pervenche Berrès), ou toute autre excuse et rationalisation pseudo-intellectuelle: c’était le chef du clan d’en face avait appelé à voter Oui, donc il fallait exprimer sa fidélité et son dévouement à la tribu en faisant exactement l’inverse…
Exactement comme l’avaient fait les électeurs RPR qui avaient votés contre Maastricht en 92 pour enfoncer Mitterrand, exactement comme les électeurs cocos qui avaient voté contre le détricotage du Sénat en 69.
@Laurent, Je fais partie de ceux qui ont dit non à ce référendum et je n’ai absolument pas tenu compte du positionnement du PS. J’ai lu ce traité comme d’ailleurs beaucoup à ce moment-là. Je me souviens de grandes discussions familiales, amicales argumentées. Je n’ai pas le sentiment que ce référendum ait été considéré comme un plébiscite.
Le traité a été rejeté avec un tas d’argument comme la Turquie et autres billevesées, en faisant jouer tout ce qu’il peut y avoir de xénophobe….l’harmonisation fiscale étant aussi peu prévue par ce traité que par les autres…..Vous vous abritez derrière un refus de gauche alors que le non était parfaitement dans la lignée du vote d’aujourd’hui
Mais c’est quoi l’harmonisation fiscale…demander à tous les pays d’Europe d’augmenter leurs impôts…?? car evidemment ça veut dire s’aligner sur nous qui avons le plus fort taux de prélèvement d’Europe???
Évidemment, je ne répondrai pas aux provocations de mes amis et détracteurs qui sont Laurent et Bernard.
Cela me rappelle nos débats sur le TCE, (avant que les français, lors d’un référendum au taux de participation de à 69%, tranchent la question). En gros il y aurait les nonistes de droite qui sont des fachos, et les nonistes de gauche qui avant d’être assimilés à ceux de droite par Bernard, étaient seulement, à l’époque, trop cons pour comprendre. J’en étais évidemment le chef de fil car comme le dit Laurent j’aurais voté des 2 mains pour le oui, si Fabius et les autres avaient plaidé pour le oui.
J’avais pourtant mis en garde de tout amalgame. Ce qui voulait aussi dire d’avancer des arguments rationnels et de ne pas céder à l’émotion. Enfin, les arguments à 2 roubles de Bernard sur l’impôt fédéral indispensable pour que l’Europe fonctionne ne sont à mes yeux pas recevables.
Je constate que, depuis la fameuse pièce de PM, tu comptes en roubles…
Mon cher Richard je ne comprends pas ce que tu dis. Ou as tu vu que j’abordais « »un impôt fédéral indispensable pour que l’Europe fonctionne »…je répondais simplement à ce que tu appelles de tes voeux..une harmonisation fiscale européenne. Et je disais que cela signifiait …soit une baisse de nos impôts (et donc de nos dépenses)….soit une augmentation pour tous les pays européens, ce qui serait effectivement extrêmement populaire chez nos voisins…..Pour le reste je maintiens évidemment mes propos….les nonistes de gauche ont servi de force d’appoint aux nonistes de droite. Le vote d’avant hier en est une illustration. Je ne cède pas à l’émotion..C’étaient mes convictions d’alors et elles demeurent….comme les tiennes dans l’autre sens.
Laurent, vous généralisez sur un évènement qui a été tout sauf un moment partisan. Enfin que les nonistes soient de mauvaise foi et donc abrutis, il y a eu un référendum. Passer outre simplement parce qu’on estime que le peuple a eu tort, cela doit avoir un nom…
Ma chère Valérie, à lire ta réponse à Laurent, tu fais partie des 54 % des 69 % des français à être soit facho, soit gaucho, mais dans tous les cas complètement abrutie. Mais j’espère que comme moi, tu gardes le sens de l’humour.
Je n’ai jamais dit que les nonistes étaient des abrutis: j’ai dit qu’ils étaient de mauvaise foi.
@Laurent
De mieux en mieux.
Ha ouai Bernard, je suis complètement con (là je suis sérieux). J’ai écrit trop vite. Je ne voulais pas parler d’une harmonisation fiscale européenne car sur ce point je suis d’accord avec toi. Je souhaiterais seulement voir apparaitre l’idée d’un impôt fédéral commun à tous les états membres. Ce qui n’est évidemment pas la même chose. Pour le reste, je reste en désaccord avec toi.