Accusé il y a deux ans et demi de « viols en réunion et de viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité », Georges Tron, maire de Draveil et ancien secrétaire d’État a bénéficié d’un non-lieu : « Il ne résulte pas de l’information l’existence d’élément de nature à caractériser l’existence d’une infraction contre Georges Tron et Brigitte Gruel » (son adjointe également mise en cause).
Un non-lieu, c’est-à-dire que le juge d’instruction a estimé qu’il n’y avait même pas nécessité d’organiser un procès pour juger de l’innocence ou de la culpabilité de l’accusé. Les charges ont toutes été rejetées, Georges Tron est innocent.
Monsieur Tron étant un ancien ministre UMP d’un gouvernement Sarkozy, je n’ai pas vraiment de raisons de faire partie de son fan-club. Pourtant, j’estime que ce qui lui est arrivé est une injustice majeure, voire une saloperie et il me plaît de le dénoncer.
En effet, pendant des semaines et même des mois, les unes des quotidiens nationaux, les reportages de JT, les dénonciations outrancières d’associations féministes et la rumeur publique encouragée par les réseaux sociaux, ont cloué au pilori cet homme. On s’amusa d’ailleurs beaucoup à l’époque en distillant force détails croustillants et plaisanteries salaces sur des comportements qui relèvent essentiellement de la vie privée. Tout ça sur fond d’affaire DSK.
Du coup Georges Tron fut lâché par ses amis politiques et obligé de démissionner du gouvernement avant de perdre son siège de député.
Aujourd’hui, Georges Tron retrouve son honneur. Pas si sûr. Quelques secondes de JT, quelques lignes ici et là dans la presse. Rien à voir avec le déchaînement initial. C’est tout simplement honteux.
Pourtant, il serait facile sinon de contrecarrer du moins d’atténuer ces mises à mort médiatiques. Il suffirait d’adapter aux médias le bon vieux principe juridique du parallélisme des formes en les obligeant à informer le public du non-lieu selon les mêmes formes qu’ils avaient utilisé pour stigmatiser le présumé coupable : « une » pour « une », reportage JT pour reportage JT, etc…
On limiterait ainsi les effets du lynchage médiatique et peut-être même que, sous cette menace, on réfléchirait à deux fois avant de traîner dans la boue ceux qui auraient dû rester des présumés innocents.
Le lynchage médiatique ne sert qu’à faire de l’audience. Et cette dernière permet de facturer au plus haut les espaces publicitaires pour les téléspectateurs, lecteurs,avides de ces informations. Rien de plus. Il y a rarement de réelles investigations, plus généralement un angle est décidé pour attirer le public. Je me souviens d’un de mes cours de droit en 1ère année, ou un enseignant nous expliquait régulièrement de consulter plusieurs sources (presse, radio, télé, …) pour ensuite avoir un début d’idée personnelle sur un fait. Dont acte. Je te rejoins complètement Dominique, même si je n’ai que peu de considération pour cet ancien ministre. « Le lâcher de chiens » fait trop de victime.
Si Tron est innocent il doit être pressé de revenir en politique !!!!!
Bravo, Manu. Celle-là, il fallait la placer ! Mais j’en attendais plutôt une autre… 🙂
Je n’avais même pas remarqué le jeu de mots. Pfff !
Merci Val mais tu attendais laquelle ?
Je n’ose pas…
Dommage que tout le monde ne raisonne pas comme Dominique… 😦
Et le pire c’est que c’est considéré comme anormal… On ne doit rien dire…
Quel monde…
Merci Dominique.
De moins en moins de monde raisonne comme Dominique. La rigueur, l’équité, l’empathie, l’humanité…. face au cynisme ambiant, c’est moins vendeur.
Allez Val mets les pieds dans le plat !
Bingo !
Cela dit prendre son pied dans un tron…….
Au delà de cette affaire hélas exemplaire de ce qui a toujours fait les choux gras de la presse, on peut également au quotidien s’étonner de la différente façon dont est traités ce type d’événement : parfois, alors qu’il n’y a encore eu aucune instruction, on fournit les noms des protagonistes qui, même innocents, sont salis à jamais (en vertu du célèbre « il n’y a pas de fumée sans feu »), mais d’autres fois, alors que les faits sont avérés, bizarrement, le nom des protagonistes est omis (par exemple dans des affaires de carambouille par des commerçants, ou de manque aux règles de l’hygiène par des restaurateurs bien connus sur la place, ou d’abus de confiance). Il en effet plus facile pour la presse locale de hurler avec les loups parisiens que de dénoncer ce qui se passe au coin de la rue, sauf quand il est question de chiens écrasés.
On pourrait balayer ceci d’un revers de main méprisant, mais dans certains cas (Salengro, Bérégovoy), le lynchage médiatique se termine par la mort -réelle- de sa victime.