Depuis que nous voyageons, nous avons toujours aimé tracer la route.
L’Alaska se prête particulièrement bien à cette façon de découvrir le pays : ce n’est manifestement pas du côté des villes (petites et rares) que nous devons chercher notre bonheur.
Par contre, rouler sur les highways, plutôt peu fréquentées même si elles sont en nombre limité, est une source continuelle d’émerveillement.
Hier, en quittant le Parc National de Denali et le Mont McKinley, nous avons décidé de rejoindre Fairbanks au nord en prenant le chemin des écoliers : c’est ainsi que nous avons emprunté la Denali Highway, une route sans revêtement de 135 miles, qui relie d’ouest en est la George Parks Highway à la Richardson Highway (voir le plan ci-dessous).
Cette route est sans doute l’une des plus belles qu’il nous a été donné de suivre. Dire cela ne fait pas oublier les merveilles découvertes précédemment (souvent des traversées de déserts, en Australie, en Namibie, ailleurs en Amérique…). Au contraire, et parce qu’on est toujours tenté par les comparaisons (même si rien de ce que nous avons déjà vu ne ressemble à ce que nous découvrons ici), ça permet d’en faire remonter le souvenir.
Nous avons évolué toute la journée au coeur d’un paysage incroyable qui fait penser à la naissance du monde. À moins que ce ne soit à la fin du monde… Un débat s’instaure entre nous qui n’aura pas de conclusion. Rapidement nous rencontrons des contrées rudes, presque hostiles. Il faut dire que, même s’il fait jour depuis longtemps, le soleil a du mal à percer et que les montagnes de l’Alaska Range semblent bien noires à l’horizon, derrière les forêts de sapins sombres. La veille, dans le Denali, je n’avais pas eu le même sentiment. Mais il faisait très beau.
Peu à peu, le décor s’humanise : un vert un peu plus tendre fait par endroits son apparition grâce à une petite percée du soleil. Mais si ce dernier flirte avec les nuages, il ne l’emporte pas et, rapidement, montagnes noires, sommets enneigés et glaciers nous renvoient à la réalité. Patrick faisait référence à Into the wild dans un récent billet. L’Alaska est en effet, sans doute, une des régions du monde où la confrontation avec la nature est la plus rude.
Dans ces sites sauvages, où l’eau est partout (lacs, rivières, étangs…), nous croisons peu de monde : deux ou trois camions, une demi-douzaine de voitures, un motard, deux cyclistes courageux. Pas d’animaux non plus. Seul un porc-épic égaré par là a failli nous faire faire une embardée.
Très peu de services également sur cette route : nous nous arrêterons dans les deux endroits proposant de quoi prendre un café ou se restaurer (sans doute aussi se loger). Ils sont très couleur locale et leur environnement est fait d’un mélange de machines diverses vraisemblablement utiles au milieu d’un bric-à-brac d’objet hétéroclites, usés et rouillés. L’un porte le nom (étonnant) de «Gracious House Lodge» et propose en outre un flying service… L’autre, le «MacLaren River Lodge», expose des fourrures parmi lesquelles certaines viennent de bébés phoques…
Les personnages que nous croisons dans ces lieux improbables sont d’un abord plutôt rude. Mais il ne faudrait pas grand-chose pour qu’ils deviennent attachants (à condition d’éviter les sujets politiques…). En tout cas, une chose est sûre : pour nous, ils font désormais partie du paysage. Un paysage qui va continuer à nous époustoufler une fois rejointe la Richardson Highway. Mais ça, c’est une autre histoire…
Très belles photos , surtout celle du pont …
Bonne route !
Sur la route….plutot Kérouac ou plutot Lavilliers ? Le débat sur la fin ou le début du monde est très compliqué et de toute façon comme la nature a horreur du vide, la fin d’une chose est toujours le début d’une autre et vice et versa….
C’est pas un endroit où il faut oublier de faire son plein d’essence ! Non je ne pensais à personne en particulier ! Allez bonne route….
Plutôt Lavilliers, Manu 😉
Pour l’essence, je constate quelques progrès… Encore qu’aujourd’hui il nous a fallu rebrousser chemin (sur pas mal de kilomètres) car « nous » n’avions pas anticipé…
Merci de nous faire partager ces moments.
Au cas ou vous voudriez partager quelques moment e notre vie, ici on crève ! de chaud ! les touristes sont nombreux et tous sur la prom ! Embouteillage !
Je veux avoir froid sur une route ou il n’y a personne !!!! 🙂
Patrick, on préfère vous en laisser l’exclusivité !
On sent comme une émotion fondamentale…
J’en suis toute en points de suspension !
Dominique ce récit est magnifique !!! une belle page de roman…
J’adooooore !!!!
Les filles, je vous trouve très bienveillantes… Mais je ne m’en plains pas !
[…] Désormais, nous rayonnons autour de la ville de Fairbanks à plus de 500 kilomètres au nord d’Anchorage, notre ville de départ (voir dans le blog de Dominique «Sur la route»). […]
Into the Wild: Il m’a été incontournable de le revoir avant hier, et de le faire découvrir à ma jeune tribu.
Le début ou la fin du monde, la genèse, mais non, le mot juste est : là où la main de l’homme n’a pas encore trop mis les pieds… 😉
Joli 😉
C’est vrai que vue de Nice la carte qui mentionne route fermée en hiver parait aussi abstraite qu’un concept…Méthode de survie à l’usage de Patrick Walz. Placer une ancienne bouteille d’eau devenue de glace à la sortie du congélateur devant un ventilateur position 3 , davantage s’il y en a plus. Ne pas sortir sur la grande décharge des anglais sauf entre 7H45 et 8h30 du matin (entre la fin du ramassage des ordures de la nuit et l’arrivée progressive des ordures du lendemain matin). A ce moment là, la baignade devient désirable, l’eau relativement à disposition, sans bouillon cube et réactions urticaires.
Recette intéressante 😉
Totalement en accord avec Cendrillon. On s’élève au-dessus du post pour accéder à la littérature. L’intime est traduit et le lecteur ressent l’émotion du temps et du lieu.
Et en ce qui concerne les idées politiques des gens du cru, Dominique donne une belle leçon non pas de tolérance (car « tolérer », c’est juger et endurer) mais de sensibilité liée à l’intelligence. Il n’est pas besoin de lire tout Bourdieu (le Pape infaillible de la sociologie) pour savoir que pour être culturellement doté et « bien pensant », il vaut mieux être né dans une famille de bobos germanopratins que dans un bled paumé de l’Alaska, de parents qui ont à peine fini une high school de niveau très moyen, et qui sont bucherons, conducteurs de poids lourds ou serveuses dans un relais routier, et qui, de plus, n’ont comme source d’information que USA Today et Fox TV.
Et on peut également être très con et voter à gauche…
PS : si je ne m’abuse, « là où la main de l’homme n’a jamais mis le pied », ce n’est pas dit par un des Dupont(d) dans « On a marché sur la lune » ?
PPS : bonne continuation aux voyageurs. Alors, ces moustiques ?
Merci pour l’indulgence de cette appréciation… et excellente approche de nombreux Alaskains.
Quant aux moustiques, pour l’instant, il me semble bien les avoir matés à grand renfort de répulsif d’une puissance inconnue dans nos contrées. Evidemment, il y a le revers de la médaille : ma peau ressemble de plus en plus à celle d’un vieux crocodile 😦
Bonjour les JWErs. Juste une intervention pour Cdt Dromard :
Mon bouillon de culture est un mélange incertain de formulations scientifiques, dont « La foire aux cancres » est le fleuron, en passant par Achille Talon et, effectivement peut être que Tintin est passé par là, c’est à vérifier! La foire aux cancres je le conseille cet ouvrage est une merveille!
Ah, Achille Talon, anti-héros aux super pouvoirs comiques, qui n’est pas sans ra
sans rappeler WC Fiels…
Merci, mon homonyme, pour ce voyage à travers les grands espaces, les mots accompagnés de beaux clichés. Biz des 4 Croizet. Dominique