Cette affaire est si douloureuse que j’ai longuement hésité avant de prendre la plume pour la commenter. En fait, je ne le ferai pas, par respect et par humilité.
Mais que ce drame nous oblige à regarder en face certaines vérités me semble un minimum. À chaud, j’en vois au moins deux.
– Le métier d’enseignant, si souvent moqué, méprisé, brocardé, envié, est un métier difficile et parfois extrêmement difficile. On oublie trop souvent le combat (car ça en est un parfois, malheureusement) courageux de ces agents qui accomplissent, au nom de la République, une mission d’éducation face à des publics qualifiés pudiquement de « difficiles ». Bien souvent, ils sont au front pour porter les valeurs de notre société. C’est à nous qui sommes à l’arrière (et, comme enseignante de fac, je me considère comme étant à l’arrière) de les soutenir.
– Les équipes de direction d’écoles ou de collèges, sans parler de l’Inspection Académique et du Rectorat, sont souvent peu solidaires de leurs enseignants quand ils sont confrontés à des humiliations, des provocations ou des agressions. Au nom de la réputation de leurs établissements, il faut toujours « minimiser » ou « relativiser » l’incident qu’on affirme causé le plus souvent par des « éléments extérieurs ». Alors que, dans l’espace sacré de l’école, la tolérance zéro devrait être de mise.
Une très bonne analyse du métier d’enseignant aujourd’hui !
Je suis doublement touchée car je suis la prof d’espagnol du fils de Nathalie Filippi. Je suis bouleversée en tant qu »enseignante d’espagnol, et parce que j’ai le petit dans une classe difficile. Lui, il est adorable, très bien élevé, il ne m’a jamais posé de problèmes. Il n’a jamais rejoint les élèves provocateurs. Bravo à la maman elle a réussi son éducation. Pour tenir cette classe, il me faut beaucoup d’énergie et le petit de Nathalie s’en rend compte, plus d’une fois je dois lui rappeler sa maman au travail… Prof d’espagnol, c’est très difficile même pour une titulaire. Les inspecteurs depuis 20 ans c’est la sanction, peu d’encouragements, une vision déformée de notre réalité. Ce qui est arrivé peut arriver à n’importe qui d’entre nous. Je suis bouleversée, et ce petit qui est devant moi, si courageux et en même temps, si triste et désemparé ! J’ai beaucoup de chagrin et je suis aussi révoltée. Je me retrouve dans certains commentaires du journal ma collègue. Que les élèves aussi prennent la mesure de leurs actes!!!!
Merci pour votre témoignage bouleversant.
Sans commentaire …
http://www.franceinfo.fr/education-jeunesse/pres-d-orleans-six-enseignants-portent-plainte-pour-harcelement-moral-989425-2013-05-16
Les profs non-titulaires sont traités comme de véritables vassaux car leur ré-embauche dépend du principal(e).
Ce genre d’inspection diligentée par le principal est nommée par les non-titulaires une inspection « couperet » et sa finalité est le licenciement ou la non ré-embauche à la rentrée prochaine. De toute manière, ils commencent tous à dire que c’est dû à sa fragilité. Même les syndicats sont, dans ce cas, odieux et lamentables. Pensez qu’ils ne demandent qu’une enquête administrative, pour un suicide accompagné de suspicion de harcèlement moral (suspicion pour les gens qui ne sont pas non-titulaires de l’éducation). Déjà qu’ils sont inutiles, ils couvrent tous les dysfonctionnements des rectorats et du ministère de l’éducation en ce qui concerne le traitement réservé aux profs non-titulaires.
Pour enfoncer encore le clou, cette année ils ont inventé un concours « réservé » complètement bidonné, sans formation ni renseignement, c’est à dire que l’état demande à ces gens de prouver encore leurs compétences pour les titulariser alors qu’ils enseignent depuis plus de 10 pour certains. Ils ont tous été inspectés et reconduits d’année en année… De toute façon, si ces « pauvres » profs (1330 euros après 10 ans d’ancienneté) ratent ce pseudo-concours, ils seront devant les élèves en septembre. Ils ne sont pas assez compétents pour être titularisés et ainsi accéder à des conditions de travail et aux droits qui devraient être les leurs, mais ils sont assez compétents pour exercer le même métier pour un salaire de misère et dans des conditions similaires au servage : harcèlement, chantage à l’embauche, « voeux de silence », exécuter des taches qui ne dépendent pas de leur fonction sans pouvoir se plaindre (conseil des syndicats), menace à l’inspection couperet, etc…)
J’ai été témoin d’une réunion (10 profs dont des non-titulares) où la principale de collège a carrément dit qu’elle en avait mare des non-titulaires parce qu’ils étaient mutés chaque année. Et eux donc ! Ils ne savent pas une semaine avant la rentrée où ils vont atterrir (CDD;CDI) et si ils vont atterrir car la ré-embauche des non-titulaires en cdd n’est pas systématique et ils peuvent se retrouver sans emploi. Ces profs en cdd ne peuvent pas prendre un crédit de plus d’un an.
Le recteur parle d’une « visite conseille ». C’est lamentable car tous les profs savent pertinemment (car c’est fréquent) que cette inspection n’avait pour but que de se débarrasser d’elle car elle ne devait pas convenir au « petit » chef qui dirige ce bahut et qui est incapable de régler les problèmes de discipline au sein de son établissement. Ces gens ont vite fait de trouver un autre responsable qu’eux à leurs incompétences. Je connais un IPR (inspecteur) qui n’a enseigné que deux ans avant d’être inspecteur. Il trouve tout à fait normal de critiquer et d’enfoncer des profs précaires qui enseignent depuis plus de 10 ans. Ils sont à l’image de nos politiques et de leur doctrine : »faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais ».
Ce n’est pas des postes de prof qu’il faut éliminer mais ceux de ces inspecteurs. Les profs sont inspectés tous les 8 ans ce qui est inefficace. Il faut renvoyer ces universitaires devant les élèves et dans les classes qu’ils ont eu vite fait de fuir. L’éducation nationale est passée maitre dans le camouflage des problèmes. L’important est de ne pas avoir de mauvaise publicité. Raté !!!! Mais de toute manière cela finira comme d’habitude car la propagande est en marche (syndicats,recteur,hiérarchie) : « elle était fragile,incompétente etc…)
Condoléances à toute sa famille, sacrifiée sur l’hôtel de la précarité par des bureaucrates inutiles exerçant leur petit pouvoir à tort et à travers avec une impunité totale et dans un silence assourdissant.
Si vous voulez des preuves de leur mépris envers ses personnels il suffit de ce renseigner sur les statuts de : vacataire (« illégal »), contractuels en CDD et en CDI, utilisés par les rectorats.
Pour cela aussi les syndicats sont totalement absents, ils font tout pour vous dissuader de porter plainte au tribunal administratif car si vous le faites vous êtes radié des listes de recrutement (cdd, fin de contrat) et l’année suivante vous vous retrouvez sans emploi.
Là aussi la hiérarchie savait pertinemment qu’elle n’avait aucun recours en cas de licenciement car le tribunal administratif ne peut obliger les rectorats à ré-embaucher une personne licenciée, il n’ y a que des sanctions financières et comme ce n’est pas son argent cette situation n’est pas prête de se régler et d’autres drames sont prévisibles.
Le père d’un professeur non-titulaire, ancien instituteur.
je suis à 100% d’accord avec les écrits d’arkane. J’ai vécu cet enfer alors que j’avais eu des avis favorables voire très favorables d’autres inspecteur et chefs d’établissement. Seulement en 2011-2012, il fallait me proposer un cdi car j’avais assez d’ancienneté. Je voulais dire toute mon estime et ma solidarité avec la famille de Nathalie. Tout d’un coup, je n’étais plus un « bon prof », j’ai été discréditée par la Proviseure, harcelée moralement (ce sont des collègues titulaires qui le disaient) : elle a essayé beaucoup de choses pour m’enlever un peu de ma dignité humaine. Mais j’ai résisté car je n’étais pas fragile J’ai menacé de porter plainte au poste de police ( je ne l’ai pas fait pensant que tout rentrerait dans l’ordre, par optimisme…) . Elle a diligenté une inspection couperet : l’inspecteur m’a avoué que c’était fait exprès: il a menti tout le long du rapport (alors que la proviseure adjointe qui a assisté à cette inspection a trouvé que le cours s’était superbement bien passé !) ; j’ai refusé de signer cet arrêt de mort sociale (reçu un beau matin de juillet dans ma boite aux lettres) , ce rapport mensonger sur mon travail et honteusement à charge (trop pour être honnête ). En tête à tête avec lui, lors du debrief, il m’a demandé si quelqu’un m’attendait le soir et m’a même montré une photo de lui, jeune; ce que j’ai trouvé étrange…En fin d’année, sans avoir manqué aucune heure de cours, ni aucun conseil de classe alors que les arrêts maladie pleuvaient et que 30% des élèves ont démissionné , Mme la Proviseure, ayant sans doute besoin d’un défouloir autorisé m’a craché sa haine de moi en tête à tête lors d’une évaluation assassine : bien sûr je suis nulle, je suis titulaire d’un Doctorat ( cela ne lui plaisait pas : que venez vous faire ici ? ), « je vais vous rayer des listes » etc etc…Je suis sortie de là, sans voix, chancelante : je venais de fêter mes 51 ans la veille ! Tu parles d’un anniversaire ! De plus, mon nom de jeune fille n’est pas d’origine française et ça aussi ça ne plaisait pas à Mme la Proviseure et à quelques uns de ses courtisans
épilogue : en septembre mes élèves m’ont réclamé (je l’ai appris bien après) … Je n’ai pas voulu entrainer ma famille dans un procès faute de moyens financiers et peu de collègues m’ont contacté . J’ai alerté les syndicats : ils ont trouvé inadmissible mais disent tous qu’ils ne peuvent pas me sauver .
Je me suis résignée au bout de 2 ans à tourner la page.
Je croyais naïvement qu’une telle histoire était impossible en France, qu’il est interdit de nuire à quelqu’un : je me suis trompée. De plus j’ai trouvé mes bourreaux bêtes, méprisants, sans humanité et essentiellement pervers. Merci pour votre lecture et surtout je vous souhaite de ne jamais vivre une telle mésaventure qui est réellement destructrice et dévastatrice. Comment se fait-il que des personnes soient ainsi traités ? les profs non titulaires travaillent sans aucun filet de sécurité et sont bafoués.
j’étais professeur depuis 2003 : tous les ans je changeais d’établissement et même de disciplines : j’étais polyvalente
Merci pour votre témoignage Cyrielle.
a le métier d’enseignant beau et dangereux à la fois si vous n’avez pas les muscles ét la force de caractère dans ces zones dites difficile vous vous faites manger par les elev on pourrait discuter des heures sans qu une solutions soit trouvée mais cela ne rendra pas la vie a cette enseignante mais esperons en sauver d’autres.
Comme je partage ce que vous venez d’écrire !!!!
J’ai 44 ans, je suis suppléante depuis 8 ans… Je partage ce qui vient d’être écrit mais quelle issue pour les précaires… je suis terriblement fatiguée de cette situation… Il faut prendre beaucoup de recul pour tenir…
http://blogs.mediapart.fr/blog/sebastien-rome/190513/leila-et-jean-claude-precaires-de-leducation-nationale
Serge.
je suis, j’étais le compagnon de Nathalie.
Je vous remercie pour vos messages qui sont pour moi et à chaque fois une nouvelle « lumière » sur le métier de Nathalie.
Je savais le « quotidien » par les quelques mots que Nathalie me confiait. Je connaissais tous ses élèves par leurs Prénoms car, souvent, je la regardais et l’écoutais corriger les copies. Ils étaient tous ses enfants et plus qu’une passion, elle exerçait son métier avec amour. Peut-être plus encore……
Au delà des heures de cours qu’elle dispensait à Tourette Levans et à la Trinité, elle poursuivait inlassablement ses « séquences », elle peaufinait ses cours à la recherche permanente de l’intéressement de ses élèves.
Elle souriait à la lecture des « copies », ce sourire qui traduit l’ immense contentement.
J’ai découvert, lors de la « marche blanche » que ses élèves ont voulu faire en son hommage, mille commentaires élogieux, mille larmes. « Nathalie on t’aimait », Nathalie tu étais géniale », Nathalie tu étais plus qu’une prof pour nous », Nathalie on est dans la douleur », Nathalie, Nathalie……que de mots pour lui rendre hommage. Manquaient à cette marche les quelques « voyous » dont le jeu favori est de détruire le professeur. Manquaient quelques professeurs (tous) qui étaient consignés dans l’établissement (interdiction d’être et de parler). Manquaient quelques élèves obligés de rentrer dans l’arène et qui n’ont pu ressortir. Manquaient ceux qui ont malheureusement fait que cette marche a eu lieu, les complices, les vrais responsables. Ceux qui salissent, ceux qui entrainent le professeur dans la culpabilité pour satisfaire à la « carrière », à la « bonne réputation » de l’établissement.
Vous comprendrez ! à travers ses mots, ceux à qui je m’adresse.
Elle a souffert pour vivre sa passion, elle a souffert pour mourir.
Nathalie, mon « chouchou » , tu restes gravée dans beaucoup de mémoires.
Son Fils, ses parents et moi feront en sorte que ceux et celles qui seraient tentés de se perdre dans le même chemin que toi, puissent trouver un réconfort, une aide, une compréhension et que ce qui t’es arrivé ne se reproduise plus jamais.
Merci encore pour vos pensées et d’être avec nous pour transmettre à Nathalie vos sentiments, votre affection. Elle ne sera plus jamais seule……
Serge
Serge, je ne saurais vous dire mon émotion à la lecture du commentaire que vous avez bien voulu déposer ici. Nathalie devait être une personne rare. Je vous prie d’accepter, ainsi que l’ensemble de ses proches, mes très sincères condoléances.
Bonjour Serge
Avec presque deux ans de retard je prends connaissance de votre mail et je tiens à vous dire à quel point il m’a bouleversée et aussi à quel point je partage ( étant dans la grande maison éducation nationale et parfois poussée à bout comme a pu l’être Nathalie ) toutes vos analyses!
Je me sens par contre peut-être beaucoup plus révoltée que vous ( paradoxe!) Quand nos dirigeants ouvriront ils enfin VRAIMENT les yeux?
J’en suis venue à penser que la variable humaine comptait peu mais était bien pratique pour faire croire que la » maison » tient encore!!!
Courage à vous et à votre enfant!
Très cordialement
C’est en effet une tragédie qui en a suivi d’autres et que d’autres suivront, et qui n’est que la partie émergée de l’iceberg du calvaire quotidien que vivent certains professeurs.
C’est globalement l’un des dommages collatéraux du « Il est interdit d’interdire » soixante-huitard qui a engendré des générations d’enfants-rois auxquels les parents, qui n’ont pas résolu leur Oedipe (et donc pas celui de leurs enfants), ne refusent rien (on voit des enfants de 10 ans avec des smartphones – et qui sont parfois mêmes que ceux dont les parents disent ne pas pouvoir payer la cantine,) les traitent en adultes, en copains, se laissent appeler par leur prénom, et autres renoncements à l’autorité de la part de ces bobos libertaires et irresponsables. Qui paye ? La société avec ces gosses qui font ce qu’ils veulent et qui pourrissent les soirées entre adultes, les voyages en train, en avion, les repas au restaurant, les séances de cinéma ou de concert et les salles de classe. On reproche à certains professeurs de manquer d’autorité. Mais ils n’en auraient pas besoin si leurs élèves avaient une attitude attentive et correcte (demandez-vous pourquoi des pays comme la Finlande sont renommés pour leur système scolaire. Et bien, les profs n’y ont comme souci que celui d’enseigner, pas de s’épuiser, physiquement et psychiquement, à mâter une bande de gosses débiles et fiers de l’être, qui s’imaginent pouvoir tout faire en classe comme ils peuvent tout faire à la maison. Et cela permet de pratiquer l’autonomie de l’élève, la pédagogie par objectif, l’auto évaluation, etc).
J’habite non loin d’un jardin d’enfant. ce qu’on entend, ce ne sont pas des rires, des cris et de pleurs. Non, ce sont des hurlements stridents de psychotiques pour la plupart violents et suractifs.(en été, le jardin est plein d’enfants de moins de 10 ans jusqu’à 1 heure ou plus du matin) – les parents prennent le frais).
Ma mère était institutrice. Pour savoir de quoi parlaient ses élèves (des enfants de 7-8 ans quand ils se racontaient les émission de télévision, elle a décidé de regarder ces émissions Or elle a constaté que beaucoup d’entre elles commençaient à 22H ! Elle a alors compris pourquoi ses élèves dormaient le matin. Tout comme elle comprenait pourquoi les leçons n’étaient pas apprise et les devoirs non faits quand les élèves avaient passé le week-end au ski et étaient rentrés épuisés à 23 heures le dimanche soir.
Cette démission des parents, si l’on y ajoute le fait que dans certaines communautés, les fils aînés ont tous les droits, a fabriqué des générations d’illettrés (lisez donc les posts sur les blogs), d’ignorants, d’irresponsables, auxquels tout est dû sans qu’il leur en vienne l’idée qu’il faille le mériter. Et ce que les parents ne fournissent pas, on le vole. Moi, si j’étais revenu à la maison avec un scooter ou un smartphone (enfin, à l’époque, c’était des mobylettes et des transistors) qui ne m’appartenaient pas, mes parents m’auraient demandé d’où je le sortais.
Quand je participais à un chahut (car nous n’étions pas des anges), on subissait la punition avec résignation car nous savions que c’était le prix à payer (sur la cahier de colles était écrit « Qui sème le vent récolte la tempête ») et nous n’allions pas implorer de nos parents qu’ils viennent insulter le prof (voire même le frapper) pour une prétendue « injustice » ou « manque de respect ». Celui qui aurait fait cela aurait été considéré comme une mauviette par ses camarades.
Et bien entendu, ces enfants-rois deviennent des adultes (administrativement parlant du moins), plus ou moins inaptes au monde du travail, pour certains inemployables car incapables de s’inscrire dans une hiérarchie, des objectifs, des responsabilités productives.
Avant de plaindre les « exclus », demandons leurs s’ils ont profité de toutes les chances que leur a données l’école de la République. Si au lieu de faire les comiques, ils avaient écouté, appris leur leçons, fait leurs devoirs, appris à parler un français correct au lieu du sabir de la caillera, je ne dis pas qu’ils seraient tous devenus présidents d’université, avocat international ou le nouveau Steve Jobs, mais ils s’en seraient certainement mieux sorti au lieu de devenir des assistés à vie et de mettre tout leurs malheurs sur le dos de la société.
Bien entendu, il n’y a pas besoin d’avoir lu tout Bourdieu pour savoir qu’il vaut mieux être né dans une famille aisé, culturellement dotée et harmonieuse pour avoir plus de chances de réussir sa scolarité. Mais entre être soit un héritier, soit une victime désignée et impuissante du système, il y a quand même tout un éventail de possibilités.
Cette violence qu’ils se font à eux mêmes, ils la retournent – avec lâcheté (car s’en prendre à 30 contre 1 en étant quasiment assuré de l’impunité, ce n’est pas très courageux) contre les professeurs dans lesquels ils voient leur symbole de la société qui les « exclut ». Mais quand on se sent exclu, il faut d’abord se demander si on n’a pas soi-même une part de responsabilité dans ce phénomène. Evidemment, ça n’aide pas quand on entend à la maison un discours parental dans lequel les fonctionnaires sont tous des planqués et des fainéants, quand les seules valeurs mises en avant à la télé sont le fric facile, la consommation, la connerie sous couvert de « réalité » et le jeunisme complaisant.
Cela n’aide pas non plus quand les syndicats d’enseignants n’ont comme revendication que des postes, encore des postes, que l’ensemble de la corporation a cédé du terrain sur des bases essentielles telles que l’autorité, la laïcité, le respect, et ce principe essentiel qui est que la liberté, ce n’est pas faire ce qu’on veut, où l’on veut, quand on veut, pour avoir tout, tout de suite, mais c’est d’abord de savoir que la liberté s’arrête là où commence celle des autres et que le droit à la différence, ce n’est pas la différence des droits.
Notre pays est en train d’en crever, lentement mais surement. Mais en attendant, ceux qui souffrent, ceux qui meurent, ce sont ceux et celles qui sont en première ligne de la République Une, Laïque etIndivisible : des gens comme Nathalie. Pauvre Nathalie, pauvre France.
[…] y a cinq jours, j’ai posté sur ce blog un billet sur le suicide de Nathalie, professeur d’Espagnol au collège de La Trinité. Depuis, il a […]
Bonsoir,
Je viens aussi communiquer toute ma tristesse dans cette histoire. L’année dernière, j’ai reçu une inspection couperet. Je suis accompagnée d’un syndicat et d’un avocat pour une justice réparatrice. Voir mon blog « lasuppléanteinspectéeestuneconnasse.wordpress.com
Le corps de Nathalie nous a été rendu. Elle nous attend désormais au « Reposoir » de l’Hôpital PASTEUR à Nice, Mercredi 29 Mai à 10 heures. Nous la verrons une dernière fois avant son dernier voyage.
Ainsi nous l’accompagnerons au Crématorium de Nice pour un triste » au Revoir » dans l’attente de la rejoindre un jour.
Nous nous retrouverons, son Fils, ses parents, ses amis, ses Collègues et peut être même certain parents, à 11 heures au Crématorium pour une Cérémonie Civile. Telle était sa volonté.
A bientôt Nathalie.
Serge
Pour toi, maman…:)
Il est temps de réagir …!!
C’est la rentrée 2012-2013 et je fais ma première rentrée au collège. Je suis professeur stagiaire de 23 ans, titulaire d’un bac + 5 et d’un CAPES anglais : vous imaginez bien la fierté que j’ai pu ressentir à l’obtention de ce précieux sésame moi, fille d’ouvrier ! C’était sans compter sur le piège qui allait bientôt se refermer sur moi ainsi que mes collègues stagiaires. J’écris pour dénoncer ce que l’on fait désormais subir aux professeurs débutants. Nous sommes en mai et je suis actuellement en arrêt maladie à la suite d’un burn out.
Qu’est-ce que le burn out ? Il s’agit d’une longue combustion, destruction intérieure. On s’épuise psychologiquement, psychiquement, et physiquement. On dérive peu à peu vers une dépression certaine. Et puis un jour la souffrance explose, et là, c’est l’enfer. Depuis les vacances de février, j’ai développé plusieurs symptômes qui auraient dû m’interpeller : sensation d’avoir constamment la tête dans le brouillard ; difficultés à se concentrer ; perte de mémoire ; crise de larmes ; douleur poignante au niveau du cœur ; perte de poids ( 8 kilos ) ; perte de cheveux considérable ; arrêt des règles ; déprime permanente ; perte de confiance en moi importante ; permanente remise en question de mes capacités ; maladies qui s’installent de manière de plus en plus fréquente (laryngites, grippes, rhinopharyngites.) Lorsque je faisais des courses ou du shopping, j’avais l’impression que les gens savaient que j’étais prof et je n’arrivais pas à les regarder en face. J’enviais tous ces gens heureux autour de moi, ces gens qui avaient sûrement un travail, mais qui avaient le droit de profiter du bonheur. Pourquoi y avaient-ils droit et moi non ?
Puis, pendant les vacances de Pâques, ces symptômes se sont accentués : irritabilité ; insomnies ou au contraire grasses matinées ; perte totale de motivation : le quotidien devient insupportable, ingérable, je sens alors une fatigue immense envahir chaque recoin de mon corps, comme si je m’étais vidée intégralement de mon énergie mentale et physique. J’ai l’impression de peser 3 tonnes, et qu’il va falloir lever toute cette masse. Lorsque je conduis dans la ville où je suis née, je me sens perdue, paniquée, je ne sais pas où je suis, je ne sais pas ce que je fais. Je ne peux plus m’occuper de mes papiers. Je n’arrive plus à gérer ma vie toute seule, je régresse. Je voudrais alors donner mon corps, mon esprit à quelqu’un d’autre, car je ne sais plus quoi en faire :« Tiens, voilà ma vie, fais-en ce que tu veux, car moi je n’y arrive plus. »
Un jour, pendant les vacances, je vais voir un médecin (mon médecin traitant étant lui-même en arrêt…décidément…) et je lui expose mon problème. Il me donne des médocs sans m’expliquer leur fonctionnement. Je vais à la pharmacie. On m’explique comment je dois prendre les médocs pour reprendre une vie « normale » et déclencher mes règles. Or, je ne parviens pas à imprimer ce que le pharmacien me dit. Je ne retiens plus rien, mon cerveau ne veut plus, et ne PEUT plus fonctionner correctement. Alors je rentre à la maison, je prends trop de médicaments car je ne me souviens plus… Le lendemain matin, c’est la panique, j’ai mal partout, à l’intérieur, comme à l’extérieur, je suis recroquevillée dans mon lit, j’ai froid, je pense à tous les moyens pour en finir avec ce cauchemar qu’est devenu ma vie (médicaments, pendaison, noyade, saut du haut de la falaise). Mais surtout, je ne veux pas me rater ! Je suis seule à la maison, j’appelle au secours, aidez-moi, à l’aide…
Il est midi, ma mère ne comprend pas, habituée à mes crises de larmes de ces derniers temps-mois , elle me répond « ah non pas encore » , puis je réponds: « mais, maman, je veux mourir ! ». Quel soulagement, ma mère comprend enfin, elle me prend dans ses bras, me câline comme jamais. Je fais plusieurs crises d’angoisse dans ses bras mais elle arrive à me calmer tant bien que mal. Nous avons vécu 4 jours intenses durant lesquels j’étais au plus mal, souffrant le martyre. Je lui raconte mes 8 mois dans la machine « éducation nationale » et elle se met à pleurer.
Pendant ces 4 jours, je lui raconte tout. Elle comprend enfin le périple que j’ai subi. Un soir, malgré mon état, je décide de terminer ma séquence d’inspection. Comme mon tuteur me l’a demandé. J’ai mis mon point final à cette séquence en fin de soirée. Je me suis réveillée durant la nuit. J’ai erré dans le salon, le regard vide, les idées noires envahissants mes pensées. Une fois de plus ma mère était là pour moi, nous avons discuté toute la nuit. Je la réveillais quand je me sentais paralysée par cette souffrance invisible qui consume de l’intérieur. Mon corps a dit stop.
Maintenant, vous allez me demander, comment en es-tu arrivée là ?
Septembre 2012 : je suis une jeune femme bien dans son petit chemisier, sa jupe crayon et ses chaussures à hauts talons. Je suis heureuse, épanouie. J’ai confiance en moi. Rien ne m’atteint. J’ai travaillé durant l’été dans une boîte privée que j’adore avec des clients et des collègues que j’affectionne beaucoup. Je suis très sociable et je vais enfin pouvoir enseigner : quel bonheur ! Et me voilà catapultée en tant que professeur stagiaire (plus professeur que stagiaire, c’est quand ça les arrange) à 15 heures, j’ai 3 niveaux (alors que le BO en préconisent 2) : une 5è bilangue ; des 4è ;et des 3è (alors que le BO déconseille de nous donner des classes à examen). J’ai 5 salles de classe différentes et je dois m’adapter au côté obsolète de l’équipement sachant qu’en langue, il faut se balader avec un vidéo projecteur, un ordinateur portable et un autre sac pour les cours si l’on veut travailler dans de bonnes conditions en parfaite harmonie avec l’approche actionnelle (dite révolutionnaire ? On en reparlera plus tard…). Mais le désenchantement commence maintenant :
Le tuteur.
Lors de sa présentation en septembre : pas de surprise, je le connais déjà. Lors de mon stage en M1, il était le tuteur de mes 2 camarades de fac, moi j’avais un autre tuteur au sein du même collège. Mais j’entendais déjà beaucoup parler de ce tuteur. Il draguait mes deux camarades, il leur envoyait des messages coquins : « et si je t’achetais des dessous sexy ?» ; « quel décolleté, on voyait tes gros seins sur la table ! » ; « j’ai une copine mais je ne l’aime plus, elle ne m’intéresse plus et ses cours sont nuls, elle est ringarde», « vous dormez quand vous voulez à la maison les filles! » « J’ai acheté la maison tout seul, je ne veux pas que ma copine mette un centime dedans ».
Ce tuteur me voyait dans les couloirs et j’ai su par la suite qu’il disait, en parlant de moi : « cette fille a l’air concon, elle n’a pas sa place dans l’éducation nationale ! »
Bref, j’ai vite compris à qui j’allais avoir affaire. Je l’ai appelé au début de l’année pour avoir des conseils sur la gestion de classe : je l’ennuyais bien plus qu’autre chose. Il m’a envoyé plusieurs courriers électroniques agressifs, bien trop brutaux. Lorsque j’observais ses cours, il mettait ses élèves au coin (même des 3è), parlait de poupées gonflables à ses élèves garçons : « elle est où ta poupée gonflable pour ce soir ? »; il parlait de main droite… « Oussama tu ne passeras pas les douanes… » ; propos sexistes…
Il exigeait mes notes à la fin de ses cours. Puis il me descendait assez régulièrement alors que je fournissais du travail plus que de raison et que je m’investissais énormément. Abus de pouvoir vous avez dit ?
Ce tuteur était professeur de collège ZEP, professeur à la fac, formateur, passait l’agrégation, écrivait des articles, père de famille (oui oui, il a eu un bébé avec cette même copine )
Je devais alors observer ses cours dans le collège ZEP le mardi après-midi (3 heures) (il n’étais pas dans le même collège que le mien), supporter ses cours en formation toujours très loin de chez nous le mercredi ( 6 heures + 2 heures de route ) et endurer sa présence lors de mes cours avec des classes difficiles le jeudi après midi…
Durant les vacances, j’ai travaillé sur mes séquences, et j’ai reçu un e-mail dans lequel il m’informait qu’il n’avait qu’une heure à me consacrer pour parler de ma séquence et séance d’inspection… Puis, lorsque ma dépression s’est accentuée, il ne m’a pas contactée, aucune nouvelle. Ce tuteur n’a pas fait correctement son travail, n’a fait que me descendre et me harceler moralement, et on va tout de même lui accorder ses 2000 euros pour son « travail » ? Quelle honte, de l’argent jeté par la fenêtre. Mais je sais que ne suis pas un cas isolé, loin de là.
Les formateurs.
Nous devions aller en formation, souvent très loin de chez nous, le mercredi. Au début, on pense que ça va être génial, enfin une aide précieuse ! Ahah quel naif vous faites ! Il faut tout de même savoir que certaines formations sont parfois données à l’aide des cours de M1 – M2 demandés et généreusement donnés par certains stagiaires qui ont conservé les cours de l’année dernière !!
On vous apprend à faire des diaporamas, on vous montre des séquences très brièvement, sans aller dans le détail (toujours du théorique! ) puis on vous dit : « vous voyez cette séquence : elle est bien hein? Eh bien vous ne l’aurez pas !» Ou lorsqu’on a l’extrême bonté de vous l’envoyer, on vous enlève stratégiquement les éléments les plus importants. En fait, on a l’impression de se remanger une année de théorique à l’instar du master.
Nous étions obligés de faire le travail demandé par nos « formateurs ». Une formatrice, qui portait des mini jupes et mini shorts, nous disait : « tant qu’ils regardent mes jambes, ils ne font pas autre chose ahah » , « vous allez aux toilettes, jeune homme, voulez-vous que je vienne avec vous ? Vous avez sûrement besoin d’aide ah ah », cette même formatrice charmait mon cher tuteur…quelle histoire !
J’allais oublier, comme si ce n’était pas assez, mon « tuteur » if we can say so, était également « formateur ». Il s’amusait régulièrement à me désigner comme volontaire. Ou il abusait de son pouvoir avec subtilité : «très bonne réponse, je valide ton année ! » «Vous gagnez combien?» « Hey tu crois quoi, c’est pas avec mon seul salaire de prof que je peux me payer ce costard ! » Oui car il va aussi travailler en costume, en zep. Bref vous imaginez bien le personnage.
Qu’avez-vous retenu de ces stages ? Hmm pas grand chose, si ce n’est l’immense fatigue physique et nerveuse qu’ils nous ont procuré. 150 km à faire chaque mercredi, mettant nos vies en danger sur l’autoroute, souvent sous une pluie battante, avec la fatigue qui s’accumulait. Personne n’ose dire que c’est pourri, on se le dit entre nous, crise oblige, mes collègues en souffrance ont la peur au ventre et se taisent. La terreur.
Moi j’en aurais retenu la route interminable à faire, tous les mercredis sans exception, sous la pluie battante, avec une fatigue et une pression immense sur les épaules. Tout cela alors que j’aurais aimé conserver mon énergie pour assurer devant les élèves pour les 10 heures de cours qui m’attendaient le jeudi et le vendredi.
Les collègues stagiaires.
Une fatigue constante, un ral bol général, l’envie de démissionner qui ne les quitte pas. Une désillusion qui se lit sur tous les visages. Ils craquent souvent mais ont peur de le dire. Ils se font insulter par les élèves, harceler par leur tuteur, ils se mettent à boire ou à fumer pour oublier, ils prennent un bain puis ils se mettent à avoir des idées suicidaires suite à l’incompréhension ambiante. Personne ne les soutient, personne ne les comprend : regarde la situation économique actuelle, tu devrais t’estimer heureux d’avoir un boulot (où tu ne comptes plus les heures que tu fais ; où tu te fais malmener par les gamins, où t’es pas soutenu par la hiérarchie, au contraire on t’enfonce, où tu te fais traiter de fainéant, où tu penses tout le temps à l’école, tu respires école, tu manges école : tu n’as plus de vacances car tu penses… à l’école ! ).
Une amie stagiaire m’a fait part de son expérience avec une tutrice qui lui faisait faire l’inverse de ce qui était préconisait dans les textes, qui lui faisait faire plus de travail que de raison, qui la cassait constamment. Le principal de cette dernière lui a un jour parlé de loyauté : « vous entrez dans le monde de l’éducation nationale, vous devez de faire preuve de loyauté envers cette institution, vous devez suivre les directives, peu importe votre propre opinion ! » Choquant !
Le principal.
L’administration est dépassée, hors jeu, old school. On nous demande de nous adapter aux élèves, alors qu’ils ne sont pas capables de s’adapter eux-mêmes à des problèmes qui les dépassent. Les élèves n’arrivent pas à le craindre, bien au contraire. Ils le tutoient, ils veulent le voir : « Trop cool, je vais voir mon ami M. ….. ! ». Dans son 1er rapport, le principal a écrit que je n’étais pas une enseignante heureuse et épanouie. La bonne blague, j’aimerais bien qu’on me montre un prof heureux et épanoui la 1ère année, on a toujours la boule au ventre, cette épée de Damoclès omniprésente.
Je lui ai fait part d’un problème avec l’une de mes classes vers la fin de l’année. Il a répondu : « il faut vous remettre en question ! Je ne vais tout de même pas faire cours à votre place !» Je rétorque : « je n’ai pas de problème de discipline : mis à part avec une classe. » Il me répond : « c’est tout de même un problème de discipline ! » Je lui dis que je ne trouve pas très judicieux de nous laisser accompagner ces élèves à une sortie, que ça va être dangereux car ils sont survoltés. Je ne suis pas allée à cette sortie, trop malade pour sortir.
Le principal s’est alors rendu à la sortie. J’ai appris plus tard qu’ un élève avait la bouche remplie de bonbons. Il avait les joues de couleur bleue, et bavait. Le principal a alors attrapé cet élève par les cheveux et lui a plongé la tête dans une poubelle: « crache maintenant, crache ! » devant l’euphorie du reste du groupe.
Les passants se retournaient sur ces anima…euh élèves ! , et l’un d’entre eux a poussé son camarade, ce dernier a bien failli finir sa journée écrasé sous les roues d’un véhicule.
La police était constamment à la sortie de l’école, scrutant les issues avec une paire de jumelles. Je suspectais un élèves sous l’emprise de la drogue dans ma classe. Pour le principal , c’était normal, « vous savez bien qu’il y a des stupéfiants dans toutes les collèges maintenant ». Vous voulez encore une anecdote ? un jour, en classe j’ai pris le carnet de correspondance d’une élève qui avait dépassé les limites. Cette élève a prévenu son père et celui-ci a monté les escaliers et s’est rendu dans ma classe en hurlant : « vous, je veux vous parler ! » devant mes élèves. Le CPE est arrivé à temps et ils se sont débattus devant ma porte. Réponse du principal : « oh vous avez eu peur ? Vraiment? »
Les élèves.
Mes 5è étaient merveilleux, mes 4è beaucoup moins, mes 3è en grosse difficulté. Dans une de mes classes de 4è, j’avais une élève avec pas mal de difficultés : elle arrivait en cours en hurlant, claquait son sac sur la table et était insolente, elle discutait avec sa copine de l’autre côté de la classe. Elle voulait sans cesse se faire renvoyer.
Dans une autre 4è, il m’était parfois impossible de faire cours, sur 25 élèves, j’avais 16 élèves indisciplinés, très faibles, qui parlaient tous ensemble, n’écoutaient pas.. dur ! Il ne faut jamais être fatiguée. Il faut toujours divertir et ne pas trop fatiguer ces messieurs et ces dames, il faut les chouchouter alors que nous, profs on s’en prend plein la figure ! Sans aucun soutien de la part de l’administration. Tu as des problèmes, c’est de ta faute ! Pas celle de nos chers protégés.
Quant aux 3è, ils étaient sympas mais ne travaillaient pas. Il ne faut pas se leurrer, ils ne font pas le travail demandé, et ne retiennent rien. Il faut savoir qu’on a des classes très hétérogènes, on mélange tout : les forts, les moyens, les faibles, les perturbateurs, les élèves avec un handicap… comment travailler dans ces conditions ? Avec une surcharge de travail lorsqu’on débute ? D’autant plus que la méthode que nous devons adopter pour enseigner l’anglais est complètement ridicule. Tout doit venir des élèves, ils doivent être acteurs de leur apprentissage et autonomes. Le prof doit fournir un travail de titan pour amener ses élèves à l’autonomie en anticipant TOUT. Le prof doit mettre en scène son enseignement, il devient une autre personne (si seulement il avait le salaire d’un comédien, flic, psychologue, éducateur, secrétaire : il serait riche!)
Ma pratique s’améliorait, j’ai fait tout le travail seule. J’ai avancé selon mes propres échecs et réussites, faute de formation. A la fin, mes élèves étaient capables de produire des énoncés très complexes en anglais, ils étaient capables d’émettre des hypothèses, de répéter des phrases (de manière ludique). Mon cours était bien ficelé, comme ce qui est préconisé dans les textes. Mes cours étaient scénarisés, mes séquences originales et pleines de créativité. Tout venait des élèves. J’avais l’impression de faire des miracles. J’arrivais à motiver mes élèves, mais à quel prix ? J’y ai laissé ma santé.
Les collègues au sein du collège.
Certains collègues arrivent en salle des profs épuisés, au bord de la crise de nerfs. J’ai vu une prof de lettres, courageuse, autoritaire, crier sur l’adjoint en lui disant qu’il était temps de faire quelque chose car les élèves devenaient invivables. Elle lui a fait part de ses doutes quant à son avenir dans l’éducation nationale.
Les profs qui disent que la soupape va exploser. D’autres, qui avouent, un peu timides, que parfois, au tableau, ils se retournent, et se demandent ce qu’ils font là. Certains qui sont au bord de la dépression, et ça se voit. Les autres qui se voilent la face. Les profs sont les héros des temps modernes. Ne les blâmaient pas, ils ont un courage immense.
Je refuse de finir comme cela! Je ne veux pas gâcher ma vie. Je refuse de finir aigrie, les traits ridés, le teint blafard, le regard vide, ce regard qui veut dire : vous ne savez pas ce que je vis tous les jours. Je refuse de finir crevée par un système qui va droit dans le mur. Je ne contribuerai pas à cela. Trop de suicides, trop de dépressions, trop de mal. Je mérite mieux que ça.
Epilogue.
Je suis toujours en arrêt maladie. Au collège, personne ne me demande de mes nouvelles (à part l’agent d’entretien !! ). Ma mère est allée déposer mon dernier arrêt. Je devais être inspectée ce jour. Le principal a voulu lui parler, ne comprenant pas mon absence. Pour lui, il n’est en aucun responsable de mon état, je dois me remettre en question. Lorsque celle-ci a tout de même démontré tout le travail que je fournissais, celui-ci a rétorqué qu’il est fort aisé de créer des dossiers vides (en gros, je ne travaillais pas forcément ! ) J’ essais désormais de me reconstruire. Je me sens de mieux en mieux. Mais cela reste difficile, ils ont détruit un morceau de moi. Mais j’ai la volonté de m’en sortir, je suis une jeune femme courageuse et battante.
Bonjour,
Votre cas est loin d’être isolé. Et vous n’avez encore rien vécu ! Quand vous aurez vécu sous la coupe d’un chef d’établissement aussi pervers que votre tuteur, quand vous aurez vécu les promotions canapé, la déstabilisation et la décridibilisation systématiques en cas de refus de « passer sous la table », vous connaîtrez mieux le monde merveilleux de l’Education Nationale…
Courage !
Bernard Lhabouzite
bonjour Bernard Lhabouzite,
Merci pour vote message. Je suis le Compagnon de Nathalie.
J’aimerais avec un contact avec vous. Vos commentaires sont éloquents. Je vous donne mon adresse e.mail. esbe01@aol.com
Merci pour votre réponse.
Bonsoir,
J’ai bien compris le message. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de filer vers d’autres horizons. Ils n’auront pas ma peau,
Bon courage,
TL.
A T314
j’ai une fille de votre âge et votre témoignage m’a bouleversée!
D’autant plus qu’en ma qualité d’enseignante je reconnais bien les maux que vous évoquez!!!
La prime donnée aux pervers narcissiques ( votre tuteur ) et aux incapables qui nous prennent pour des fusibles (certains de nos chefs pas tous heureusement, certains sont très bienveillants mais il faut chercher!) sans parler de la lâcheté de beaucoup de nos collègues!!
Moi aussi en arrêt maladie pour burn out je n’ai reçu que les encouragements de la dame de l’accueil que j’ai bien raison d’apprécier plus que mes collègues enseignants!!!
Où en êtes vous aujourd’hui?
J’ai lu bcp de témoignages négatifs sur les syndicats auxquels personnellement je ne peux pas souscrire car en mon syndicat se bat pour les collègues en difficulté et moi la première ce qui me vaut quelques vacheries régulières de la part de mes chefs; mais mon expérience est qu’il ne faut jamais rester isolée et au contraire communiquer le plus possible sur ce qui nous arrive car cela a tout de m^me un certain effet dissuasif sur ceux qui seraient tentés de profiter de la situation!
Courage en tout cas!!!
Et ne vous remettez ps vous, en question!!!
Amicalement!
Bonjour, ça fait maintenant un moment que j’ai posté ce message… j’ai refait une année en prolongation de stage dans un autre collège. Tout s’est bien passé avec les élèves mais la principale avait une dent contre moi car elle avait des contacts avec mon principal de la première année. De plus, mon médecin m’a fait un papier signalant que je ne pouvais pas physiquement me déplacer pour les jours de formation qui se déroulaient toujours au minimum à 100 km de chez moi. Journées de formations inutiles que j’avais déjà suivies l’année d’avant.
Au moment de lire avec moi le 3è rapport de stage,en décembre car j’étais en prolongation, la principale m’a dit « vous allez être étonnée par ce que j’ai écrit » et effectivement j’ai été étonnée de son rapport dans lequel elle écrivait des mensonges sur moi. Deux pages de mensonges. A la fin de ce rapport elle donne un avis défavorable quant à ma titularisation alors que ma tutrice était favorable.
J’ai été inspectée, l’inspecteur m’a dit que les élèves suivaient bien le cours, ils étaient sages, ils avaient compris le cours, tous les élèves sans exception ont participé.Je suivais à la lettre l’approche actionnelle. Ce même inspecteur était très positif mais à la fin de son « speech » il me dit que je devrais redoubler car j’allais sûrement être un professeur en souffrance l’année prochaine si je ne faisais pas plus de pédagogie différenciée. La pédagogie différenciée, c’est faire trois cours différents dans un seul. Pourquoi me parlait-il de souffrance ?
Bref, je me rends dans le bureau de la principale pour discuter de cette inspection et quand j’ouvre la porte elle est au téléphone et dit à son interlocuteur : « ah , justement voilà Mme Le… ! » je lui demande alors à qui elle parlait de moi, elle me répond tout en rougissant » oh c’était un parent d’élève dont le nom est Le…aussi » et là je comprends qu’on a bien saccagé mon inspection ! J’appelle mon syndicat qui me dit que ce n’est pas normal, je me rends à nouveau dans le bureau de la principale et là changement de version : « oh mais je parlais à l’adjointe … » dont le bureau est juste à côté du sien. L’adjointe n’a jamais confirmé ses propos. J’ai été convoquée au jury ainsi qu’a la visite de prévention dans les jours suivants mais je me suis mise en arrêt maladie car je suis bien retombée dans le trou. Abattre quelqu’un qui fait un burn out, c’est innommable…c’est de la cruauté, un meurtre…si je n’avais pas été accompagnée par ma famille et mon copain j’aurais sûrement pensé au suicide et je serais allée jusqu’au bout de ma démarche.
Pendant cet arrêt maladie, j’ai reçu de très nombreux courrier en recommandé provenant du collège et du rectorat. Je n’en pouvais plus, ça ressemblait vraiment à du harcèlement. Malgré toute ma souffrance, j’ai réussi à repartir au collège car je pensais à mes élèves avec qui ça se passait très bien. Ils étaient un véritable moteur pour moi. Mais là j’ai vraiment été harcelée car la principale me convoquait alors que j’étais dans la cour en train de chercher mes élèves. J’étais convoquée avec la principale, l’adjointe et ma tutrice car je n’allais plus dans mon casier où il y avait de nombreuses lettres dans lesquelles on me rabaissait. Je ne me suis pas laissée faire croyez moi, je refusais de m’asseoir à la table de malhonnêtes. J’ai fini l’année entre le harcèlement régulier de l’administration et la joie d’être avec mes élèves qui ont énormement progressé en anglais.
J’ai été inspectée à nouveau mais mon destin était tout tracé, je n’ai pas adopté l’approche actionnelle lorsque l’inspecteur est venu. Je n’allais pas puiser dans mon stock d’énergie déjà limité pour faire un cours selon la méthode actionnelle qui n’est d’aucune utilité pour les élèves moyens et faibles et de toute façon jamais je n’aurais été validée car l’administration se déléctait à saccager mon travail. J’ai été à nouveau convoquée par le jury, j’y suis allée, j’ai raconté toute mon histoire !! J’y suis allée avec les nombreux mots de mes élèves, des mots magnifiques dans lesquels ils disent que je suis une prof géniale et pourquoi. Les membres du jury m’ont fait des sourires approbateurs et v’lan j’ai été licenciée quelques jours plus tard !
Voilà comment un professeur qui a fait un burn out et qui s’est battu de toutes ses forces pour reprendre une vie normale s’est fait licencier par des Kapos.
J’ai tout de même gagné en humanité, l’humanité apportée par mes élèves, quelle force !! Lors de mon dernier jour au collège, ils se sont tous mis autour de moi et m’ont dit « merci madame, on a beaucoup appris grâce à vous, vous allez nous manquer ! » J’ai pleuré en revenant chez moi, pleuré car ils allaient tous me manquer, pleuré pour toute cette générosité que seuls les enfants ont su m’apporter.
Maintenant, je dois faire avec la dépression qui découle de ce burn out causé par l’éducation nationale. Je suis toujours dans l’attente de mes indemnités chômage, j’ai appelé le rectorat qui m’a dit qu’ils étaient débordés par des dossiers comme le mien… c’est dire…ils étaient doués pour m’envoyer des recommandés lorsque j’étais au plus mal mais lorsqu’il s’agit de me payer, ils deviennent avares de recommandés ! Je sais que je nuis pas la seule à avoir été licenciée, j’ai un ami auquel c’est en train d’arriver aussi. Il a redoublé son année et ça se passe mal. Il fait une dépression et se fait harceler quotidiennement. Croyez-moi il fait très bien son travail.
J’ai retrouvé du travail mais n’allez pas croire que le harcèlement se résume à l’éducation nationale ! Je suis fragilisée par la dépression, certaines personnes peuvent en profiter. C’est la société dans son intégralité qui va mal.
Ma lutte quotidienne consiste à reprendre confiance en moi, car avant de rentrer dans l’éducation nationale j’étais très forte. Je veux redevenir cette personne. Je la cherche et je sais que je vais finir par la retrouver, elle sera sûrement beaucoup plus différente qu’avant mais elle sera à nouveau forte et sûre d’elle. Professionnellement, j’aimerais devenir professeur indépendant.
Bonsoir,
Je veux aussi apporter mon témoignage voir mon blog « lasuppléanteinspectéeestuneconnasse.wordpress.com
Avez-vous fait une procédure ?
Courage !!
Bonjour,
Non pas de procédure pour moi. J’ai subi du harcèlement ma 2ème année alors que j’étais toujours en burn out. Une honte absolue. J’ai préféré partir de l’éduc nat avant qu’elle ne me tue. Bon courage à vous si vous désirez rester dans le système !
Bonsoir à toutes et à tous.
je tiens à vous remercier pour tous vos témoignages qui ont fait suite à la disparition de Nathalie, ma Compagne.
Dans deux jours, elle partira pour l’au delà et sera en paix. Tous « ses enfants » seront présents, en pensées ou avec elle pour l’accompagner dans son dernier voyage.
Merci encore à vous tous. Vos messages resteront gravés dans ma mémoire et quand je rejoindrai Nathalie, je lui exprimerai votre sympathie, votre compréhension et la détresse que vous connaissez comme elle, elle l’a connue.
Elle comprendra que son geste aurait dû être évité mais elle saura qu’il a servi à soutenir celles et ceux qui ont été victimes des mêmes actes d’inhumanité.
A Bientôt pour vos derniers mots que je lui transmettrai.
Avec toute ma sympathie.
Très tristement
Serge
A demain, Serge.
Bonjour,
Je viens de prendre connaissance de ce drame via des liens sur internet.
J’ai vu que le compagnon de Madame Filippi est passé hier sur ce blog, je lui transmets, bien que tardivement, mes condoléances, ainsi qu’à son jeune garçon.
J’ai lu aussi les témoignages des uns et des autres et bien qu’épouse d’un enseignant au collège, donc un peu familière du « milieu », je suis sidérée par tout ce que je lis. Nous parlons d’une machine stalinienne qui broie les gens par démagogie et incompétence !
La solitude des enseignants est énorme et le décalage avec la hiérarchie au sens large problement abyssal.
Mon mari, reconnu dans son établissement depuis 15 ans pour être un prof consciencieux et proche des élèves, s’était fait inspecter l’année dernière : on lui avait dit qu’il faisait des cours trop ambitieux pour ses élèves et on lui avait asséné des « yajafaucon » pédagogistes pas inintéressants dans l’absolu mais simplement pas adaptés au public concerné, qui n’a pas l’habitude de travailler et a toujours son mot à dire pour contester etc… Et encore c’est un collège de centre-ville… que dire des autres établissements ?
De plus, cette hiérarchie statutaire entre titulaires, vacataires etc. est proprement infantilisante et humiliante pour des gens qui font le même travail. S’il y a effectivement d’indéboulonnables titulaires incompétents contre lesquels on ne peut rien (et c’est aussi un drame car ils ne sont pas tous arrogants, certains sont victimes d’eux-mêmes, que savent-ils faire d’autre dans la vie ? ), on se défoule sur les vacataires qui font office de variable d’ajustement. Quel gâchis humain et quel gâchis de moyens ! Et dire que l’Education nationale se présente comme le dernier rempart contre l’utilitarisme et le consumérisme de nos sociétés ! Qu’elle commence déjà par balayer devant sa porte !
stagiaire licencié dans l’académie de Clermont-Ferrand, je me permets d’apporter mon témoignage. Première année de stage, on me balance dans un collège dit de petits bourgeois. Une nouvelle principale est là, et me reçoit. Dès les premiers cours, je me confronte à la dure réalité: je dois passer mes nuits et mes weekends à bosser dur, Dans mes classes, de petits noyaux de 4 à 5 perturbateurs m’empêchent de faire cours, surtout qu’il fallait appliquer les lubies pédagogiques de nos IPR. Oraliser le cours de français. Imagez ce que cela peut donner dans une classe avec des éléments difficiles à gérer. Brouhaha, incivilités, insolences, etc. Je vais me plaindre chez la principale, puisqu’on lui a dit que ce collège était le plus tranquille du coin, la faute, c’est moi. Mais quand je regardais les cahiers de correspondance de ces élèves, je voyais les mêmes mots que les miens: perturbateur, insolence, … Mais la faute, c’était le stagiaire qui ne savait pas se tenir devant les élèves. Le lendemain, on m’envoie une IPR. La conclusion qu’elle tire, c’est que c’est moi qui excite les élèves. j’ai ainsi vécu ma première année de stage dans la souffrance, seul à devoir supporter qu’on me rende fautif du comportement de certains de mes élèves. Le moment de l’inspection de titularisation ne fut que l’occasion de confirmer ce que l’ipr de la visite conseil avait noté:j’excite les gamins, que la pédagogie que j’appliquais n’était pas la plus appropriée, etc.
Je dus redoubler.
L’année suivante, je me retrouve dans un collège du coin. Une classe 6ème agréable, des classes de cinquième avec quelques éléments difficiles à gérer. *une tutrice manipulatrice à souhait qui envoyait des espions dans mes classes. Mes propres élèves étaient devenus mes espions: les perturbateurs avaient le vent en poupe. Impossible de faire cours dans un silence, bavardages, insolence; et quand bien même je voulais faire asseoir mon autorité, on m’accusait de traumatiser les pauvres petits. Ma tutrice, qui était omniprésente à mes cours ne cessait de m’humilier devant mes élèves. Comment susciter de la confiance auprès de ses élèves dans ce cas ? à mon insu, elle a fait venir un IPR pour une visite dite conseil parce qu’elle avait déclenché l’alarme. Le jour de cette visite, les élèves perturbateurs en avait profité pour faire un bordel, l’un d’eux laissa un billet sur la table où il insultait l’inspecteur. Quand celui lut le billet, le coupable, c’était moi. le rapport qu’il rédigea ce jour-là fut négatif sur tous les points. Il critiqua ma pédagogie de fond en comble alors que j’appliquais celle de ma tutrice. J’ai ainsi fini l’année dans la souffrance, ma seule consolation était mes petits 6ème. Le jour de l’inspection, une IPR vint, je fis mon cours en appliquant ce qu’il nous avait toujours recommandé, uniquement donner la parole aux élèves, quelques participations mêlées au bavardage des incorrigibles qui en profitaient pour prendre des airs. je reçu ma convocation pour entretien avec le jury, je lus son rapport au pire, qui grossissait les traits, déformait la réalité, et où elle se reniait elle-même sur la pédagogie. Je sentis aussi un relent raciste dans ses mots écrits: je ne maîtrise pas suffisamment la langue française pour enseigner et communiquer.
je reçu ma lettre de licenciement bien avant tout le monde. je suis toujours dans cet état de souffrance intérieure, avec un fort sentiment d’injustice. Que l’on se décide à bousiller la vie d’un prof. qui adore le métier et qui a dû faire face à la réalité comme tous les autres profs. en utilisant les moyens que les autres utilisent, qu’il devienne le bouc émissaire parce que plus fragile, je trouve ça indigne.
A Blandos
je suis désolée de ce qui vous est arrivé !
C’est proprement dégueulasse mais je me rends compte que les tuteurs sont sans doute recrutés plus pour leurs qualités sadiques que pédagogiques!
J’ai un exemple dans mon établissement dans lequel le tuteur est un « butor » imbu de sa personne qui méprise les élèves et les collègues ..mais qui est très bien vu de l’administration car il ne fait pas de vagues!
Ne pouvez vous pas avoir un recours?
etiez vous secondé par une organisations syndicale???
je suis très émue par ce blog et le choix tragique de cette professeure d’espagnol … je suis dégoûtée .
Voyez- vous , moi voilà 15 ans que j’enseigne , depuis 3 ans j’ai changé d’académie et ai été mutée dans un lycée soit- disant vitrine . La première année , ça s’est mal passé avec une classe , au conseil de classe je n’avais que des réflexions de parents . Ensuite , j’ai rencontré des soucis personnels qui ont occasionné quelques absences. J’arrivais parfois en retard à cause d’embouteillages ( sur la seconde sonnerie ) , Ce « parfois » s’est transformé en « toujours » et stupeur le jour de la rentrée : je suis convoquée par le directeur d’établissement qui me dit que tous les parents appellent pour que je n’ai pas leur enfant en classe, que je suis dans le collimateur de la Fédération de parents , que je suis la pestiférée , la brebis galeuse , qu’il ne me soutient plus . Là j’ai craqué et j’ai pleuré en lui expliquant les difficultés et la souffrance dans laquelle j’étais , il a changé d’un coup d’attitude….
mais je ne sais plus quoi faire , dois-je m’arrêter une année et partir ? J’avais plein de projets pour cette année , je ne m’attendais pas du tout à ça . Venir enseigner lorsque l’on sait que l’on est considérée comme une brebis galeuse , que j’ai une sale réputation dans l’établissement . Alors que les 13 ans passés ailleurs, j’étais toujours bien notée et appréciée.
J’ai passé mon WE à pleurer .
J’ai réuni des mails d’élèves qui me remercient de l’année passée avec eux , ( nous communiquions en fin d’année par mail pour que je les aide jusqu’à la dernière minute pour le bac )
Bref , je trouve cette situation injuste .
Et oui moi aussi on m’a bousillée .
Merci de m’avoir lue .
Merci pour ce témoignage qui montre une fois de plus quelle peut être la souffrance d’un enseignant et à quel point elle est peu prise en compte.
Je suis très touchée par ce que je viens de lire car je mesure ta souffrance et ton désarroi. Je suis une collègue d’espagnol aussi, qui vient de prendre sa retraite.il n’est jamais aise de conseiller mais tu as 2 solutions : soit tu peux vivre autrement, avec un autre métier et tu peux te retirer et les laisser se débrouiller avec leurs préjugés, ou ce métier c’est ton principal gagne pain et dans ce cas tu poursuis, tu t’accroches, droite dans tes bottes tu vas leur démontrer ce que tu vaux.Tu regagnes la considération des parents. Tu fixes rendez vous aux parents délégués des classes et tu t’expliques avec eux et tu leur dis a quel point tu aimes ton métier et les enfants et ils seront sensibles a ton cas. Tu n’as pas besoin qu’on te défende, tu seras ton meilleur avocat.Courage ! Animo !
Ne vous remettez pas en question!!
Arrêtez vous et reprenez confiance en vous!
si vous n’avez personne pour vous soutenir ,apprenez à ruser et les techniques d’évitement; ne soyez pas sincère si lenvironnement ne s’y prête ps cest pire ensuite!
Courage!
Bonjour,
Qu’entendez-vous par « tolérance zéro »? Vis-à-vis de qui exactement, des élèves? Le terme m’effraie un peu.
Exactement ce que je dis : aucun acte s’apparentant à une agression, une humiliation, une provocation ne doit rester sans conséquence pour l’élève. Il me paraît indispensable d’avoir une réaction lui permettant de comprendre que cela n’est pas tolérable. Une réaction modulable en fonction de la gravité des faits qui ne doivent en aucun cas être couverts.
Bonsoir, je vous invite sur mon blog « lasuppléantinspectéeestuneconnasse.wordpress.com » pour que vous vous rendiez compte que le rôle de la direction d’un établissement fait ou défait une carrière et par là même oriente ou désoriente des élèves..
Vous avez tous raison. Mais face à la « déchéance » de la société, la banalisation extrême de toutes ses bassesses, l’habitude des habitudes qui se poursuivent inlassablement, la tolérance qui ne cesse d’abriter les exactions, un jour viendra ou la seule réponse sera « la tolérance zéro ». Pourquoi ? La machine arrière ne pourra jamais parcourir le même chemin que celui où la fuite en avant nous a conduit. Pour effacer des décennies d’aveuglement, d’autres décennies de « conscience » ne suffiront pas. Le mal devient irrémédiable, insoignable ! Seul un bouleversement radical aura les effets indispensable pour éradiquer ces agressions permanentes que nous finissons par ne plus voir, ne plus ressentir.
Je ne suis pas révolutionnaire ! Loin s’en faut mais au laxisme journalier il faudra bien un remède de « cheval » ! Est-ce la tolérance Zéro ? Peut-être si guérir de cette maladie honteuse est à ce prix.
Esbe
C’est fou!
Plus le temps passe ^plus ce genre de témoignages se répand!
On va enfin finir pas reconnaître ce qui nous arrive sans chercher à nous culpabiliser! Quand je dis’on je veux dire « nous » d’abord car les enseignants qui souffent sont les premiers à se culpabiliser!
Cet événement m’a profondément bouleversé.
Je connais malheureusement cette pression que peuvent exercer les Chefs d’Etablissement. J’ai même été obligé de déposer une plainte. Et en effet, le pire c’est de ne pas être soutenu par le Rectorat, par sa hiérarchie.
Un lien intéressant en rapport
http://leprof06.blogspot.com/2014/04/un-professeur-pour-ne-pas-avoir-ete.html
Cette prof était la prof d’espagnol de ma soeur en troisième, dans le collège René Cassin (Cassidy n’étant pas mon vrai prénom) je me sens quand même touchée d’être tombée sur cet article. Je m’en suis remise mais j’y pense souvent. La comprenant.
Merci pour votre témoignage.