Quand l’équipe du MUSEAAV m’a proposé d’organiser une soirée dans le cadre des journées de le femme en me donnant « carte blanche », j’ai voulu spontanément parler d’un sujet en rapport avec la situation de la femme en terre d’Islam tant je suis persuadée que c’est là que se joue l’essentiel du combat pour l’émancipation féminine en ce début de siècle. N’en déplaise aux organisations féministes traditionnelles souvent influencées par l’extrême gauche qui continue à flirter avec le relativisme culturel.
Evoquer ce qui se passe en Tunisie m’est apparu alors comme une évidence car ce pays, petit par la taille, si proche de l’Europe et singulièrement de Nice est devenu un symbole après les révolutions arabes. Et aussi parce que la situation de la femme y est, depuis Bourguiba, si singulière par rapport aux autres pays arabes.
C’est pourquoi j’ai tenu à donner la parole à des niçoises franco-tunisiennes pour leur demander leur avis sur ce qui se passe sur l’autre rive de la Méditerranée. Et si la soirée fut, de l’avis général, riche et utile, c’est à ces femmes qu’on le doit.
Il y a eu bien sûr d’abord celles que j’avais voulu avoir près de moi car elles sont représentatives de ces femmes engagées dans la vie de notre cité tout en étant fidèles à leur pays d’origine : Rajè et Faouzia. Rajè, qui a su si bien exprimer sa passion et ses espoirs au moment de la révolution qu’elle ne veut pas qualifier « de Jasmin » cette fleur qui se fane si vite après la cueillette… Faouzia qui, avec des mots simples, a su nous expliquer que sa foi à elle était tout à la fois sincère et incompatible avec l’intégrisme.
Mais il y a eu aussi…
Lilia, mon ancienne étudiante qui travaille aujourd’hui à Tunis et qui, à travers le message qu’elle m’avait transmis, nous a fait part des difficultés et des contradictions du combat des femmes sur place,
Inés, maître de conférences à l’IAE, qui a exprimé sa volonté de ne rien céder et d’affronter directement la normalisation islamiste,
Kenza, avec son triple regard de franco-maroco-tunisienne,
Et les autres…
Et si, après cette soirée, le public est ressorti en ayant l’impression que la situation en Tunisie est préoccupante pour l’avenir des femmes, mais que le combat n’est pas perdu d’avance et qu’il ne fait que commencer, alors, j’ai le sentiment (modeste, très modeste) du devoir accompli.
Devoir accompli.
Petite Révolution de Jasmine ou Yasmine au MUSEAAV… ça devait être intéressant comme débat… Bravo !
Pourtant il me semblait que les Tunisiennes étaient les mieux loties du Maghreb, en tant que « femmes »… Dommage… c’est une (r)évolution rétrograde ce Printemps Arabe… ou Monoprix Arabe ? je ne me souviens plus du nom exact… ou peut-être le Souk tiens ? 😦
[…] Sur le blog de Dominique : Faouzia, Rajè et les autres […]
Devoir accompli et bien accompli.
« c’est une (r)évolution rétrograde ce Printemps Arabe… ou Monoprix Arabe ? »
Putain mais qu’est-ce qu’il ne faut pas lire:
Le régime de Ben Ali, comme celui de Kadhafi, comme celui Moubarak, comme celui de Assad, était une dictature parasitaire dont le but était d’asservir toute une nation à l’entretien de quelques familles aristocratiques. Une dictature qui, comme Toutes les dictatures du même genre s’est effondrée quand elle s’est avérée incapable de nourrir son peuple tout en entretenant ses nobliaux.
Un écornifleur et sa clique nous rejouent la comédie du despote éclairé, prétendent protéger leur peuple des méfaits de l’intégrisme, du fascisme, du communisme, du nationalisme, du capitalisme, de tout ça à la fois et donc que le racket qu’ils imposent à leur peuple leur est dû, accusent tout opposant à leur Raubwirtschaft d’être un salopard de la pire espèce (tout le monde le sait: il n’y avait que les fascistes pour s’opposer à Staline et que les staliniens pour s’opposer à Pinochet), et quand finalement le régime s’effondre sous le poids de sa propre corruption, il se trouve encore des pleureuses pour venir se lamenter de la chute du caïd.
En tout cas Laurent, je n’ai pas vu de « pleureuses » sur le régime de Ben Ali hier soir. Les femmes ont été très nombreuses à descendre dans la rue contre ce régime, et elles sont encore très mobilisées pour que la révolution ne leur soit pas volée.
Anne, vous auriez probablement mieux fait de venir afin de débattre plutôt que de lâcher des mots qui semblent étranges puisque non développés !
Mais peut être n’avez vous rien (d’autre) a dire ?
Je pense tout simplement qu’on n’a pas très bien saisi ce que voulait dire Anne (moi y compris).
« Les femmes ont été très nombreuses à descendre dans la rue contre ce régime, et elles sont encore très mobilisées pour que la révolution ne leur soit pas volée. »
Justement: prétendre que le Printemps Arabe fut une sorte de contre-révolution rétrograde, c’est déjà une manière de leur voler leur révoltion
Le débat de ne portait pas sur Ben Ali – pas question de lui donner encore la parole – mais bien sur la place des femmes, leurs ressentis, leur militantisme dans l’avant et l’après Ben Ali, leur rôle dans la chute du régime, puis le pourquoi de leur parcours. , La parole était donné à deux franco-tunisiennes de la société civile, qui ont exprimé leur amour pour la France et la Tunisie et leur construction de femme binationale. Et le public l’a bien saisi. J’ai aimé être l’invitée pour ces raisons. Je pense que c’est bon de rappeler qu’il y a des choses à mettre en place ici en France, à Nice pour permettre à toute les femmes du monde, ici en l’occurrence pour les tunisiennes, d’être actrice de leur destin de femmes libres et dignes.
Le débat a continué dans les coulisses des rues de Nice…….
@Dominique @Laurent et @tous ceux qui n’ont pas compris…
Je suis évidemment contre les dictatures… ! Et contre des révolutions « bizarres » qui tombent de je ne sais où pour nourrir des dirigeants islamistes, et j’ajoute qu’entre des dictateurs à la « Ben Ali » – que la France n’a jamais dénoncé d’ailleurs – et des islamistes, je suis navrée, mais je préfère les « dits » dictateurs… quitte à vous choquer Monsieur Weppe…
Et croyez-moi j’ai beaucoup de choses à dire à qui veut bien entendre ! Et si je me suis un peu moqué certes en disant le Souk, c’était pour résumé le « désordre » stérile et ou néfaste qu’engendre ce type de pseudo-révolutions… Je suis certaine que si on laissait ces pays « arabes » faire leur propre histoire tranquillement, les choses se passeraient mieux pour tout le monde ! Encore désolée de vous avoir choqué, mais si je n’éprouvais pas de sympathie pour les pays du Maghreb et les franco-maghrébins, je ne dénoncerais pas de cette manière – avec franchise – les évènements qui s’y passent…
Il n’est pas question de choisir entre le marteau ou l’enclume Anne, nous optons pour la liberté, nos droits mais aussi et certainement nos devoirs. Il suffit de dénoncer, d’informer des dangers et de voter. Les islamistes ne sont pas encore là …Ce sont des messages de désespoirs et de fausses nostalgies qui le font croire….A méditer.
Les révolutions sont nécessaires, Mai 68 a donné bcp de droits et la France n’était pas remise de 1789 que les 1ère et 2ème guerre Mondiale faisaient des ravages ( je vous épargne les longs chapitres de batailles des Napoléons). C’est utopique que de croire qu’une révolution amènerai dès le lendemain calme et démocratie , l’Histoire nous la prouver. Et la Tunisie a besoin de l’internationale, l’immigration tunisienne dans le monde compte plus de 1 millions de pers pour 10 millions d’habitants …..On a besoin de soutien mais pas d’ingérence …C’est peut être de cela dont vous parlez.
@Rajè
Si les islamistes ne sont pas encore là, tout va bien alors ! Continuez votre combat sans relâche !!!
Mais il faut comprendre que quand en France, on ne voit presque plus de jeunes femmes musulmanes sans le voile, on se pose beaucoup de questions sur le devenir de cette jeunesse française, et celle qui est de l’autre côté de la méditerranée…à 1h30 de vol… Soit on laisse faire, soit on s’inquiète… A méditer aussi… 😉
@Rajè
Merci de m’éclairer, même si je ne suis pas dupe, et je sais qu’une transition est toujours difficile et douloureuse parfois, je dis simplement que si une démocratie avait été mise en place sereinement par étapes, dans le contexte tunisien, cela me paraissait plus adapté… C’est un pays dont la seule ressource est le tourisme… où Bourghiba avait donné un élan de laïcité exemplaire, et avait modifié le code de la famille en faveur de la femme – je crois le seul dirigeant arabe à l’avoir fait- etc… Je regrette que les choses se soient déroulées ainsi. C’est comme un symbole de modernité qu’on écorche, d’où la fleur du Jasmin… Mais bon, je suis rassurée de voir que vous êtes mobilisées avec d’autres femmes, et ça fait chaud au cœur ! Merci à Dominique de m’avoir permise de m’exprimer sur ce sujet… J’aurais dû venir au débat…
@ Anne, c’est un autre débat le foulard, et je conçois que cela inquiète. Le foulard de ma voisine ne m’empêche pas d’aller boire un coup au bar, car je suis en France dans un pays de droit. Je parle de liberté individuelle dans un pays, et vous vous faites l’amalgame entre Foulard,dictature, islamisme, …. Un régime doit me permettre à tous de vivre leur choix en toute sécurité et regretter une dictature ( qui vous ôtait le droit de travailler et d’être autonome) de peur d’avoir un régime islamique ( qui conçoit la femme comme mère porteuse ) n’est pas une opinion analysée.Nous sommes là et nombreux et nombreuses pour éviter les deux et ce soutenus par des personnes politiques ou de la société civile étrangère. Sur ces mots je vous souhaite une bonne soirée.
@Rajè
Merci, et très bonne soirée à vous aussi 🙂 !
Je rebondis quand même sur « le foulard de la voisine »… Je respecte totalement les femmes qui ont fait le choix de porter « un foulard » ou autre tissus sur la tête, c’est leur droit bien sûr et elles sont de surcroîts libres de porter ce qu’elles veulent puisqu’elles ont la chance de vivre en France. Mais j’avoue que c’est une mode qui m’inquiète…
Une belle soirée très pédagogique excellement animée par Dominique…
le thème n’étant pas si facile à aborder , je mettrais un 10/10 à l’ensemble des participants…
Sami, je t’adore ! 🙂
Je crois que mes propos peuvent choquer ici… Cependant, je me sens à l’aise et c’est pour cette unique raison que j’aime suivre Dominique et Patrick sur leurs blogs… La droite (et surtout celle du sud) stigmatise trop ces sujets, ce n’est vraiment pas ma tasse de thé… l’extrême droite on en parle même pas… c’est à vomir ! et pourtant on peut s’inquiéter, poser des questions etc… Que faire ? Reste Dominique et Patrick Mottard ! L’équilibre parfait !
Je repose ma question (s’il reste encore des personnes qui veulent bien m’adresser une réponse…): « Que choisir comme courant politique quand on est contre le voile (par exemple), contre le laxisme en général, quand on est une socio-libérale (si ça se dit), quand on dénonce « en bloc » la haine et le rejet de l’autre, et qu’on est profondément animé par la fraternité, la liberté et l’égalité ? ».
@ Anne : http://www.planeteradicale.org/-Le-Projet-Radical-.html 😉
Merci Dominique !!! 🙂
Puisqu’on a le droit 😉
@ Anne : http://www.libgauche.fr/manifeste-mlg/
Merci Claudio ! Ces lectures font du bien ! et ce n’est pas une blague !!! 😉
J’étais sûre que Claudio n’allait pas louper ça ! 😉
Merci Anne pour tes remerciements. Merci Dominique de me connaître si bien 😉
[…] P.S. En mars dernier, j’avais animé au MUSEAAV une réunion sur la situation des femmes en Tunisie. […]
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