Décidément, je l’aime bien ce Bayrou… jusqu’à parler parfois comme son personnage des guignols de l’info (en terminant les mots par un « e » qui traîne) comme le fait remarquer régulièrement Patrick : « Arrête de faire ton Bayrou ! ». Encore plus quand je lis les commentaires rageurs que suscitent ses choix quand ceux-ci font l’objet d’un retour médiatique. Ce fut le cas aujourd’hui, notamment, à la suite du post de l’un des blogs du Monde. C’est ce qui m’a conduit à faire ce billet absolument pas prémédité (je ne pense pas au Béarnais tous les matins en me levant…)
J’avais été assez déçue de l’attitude de Solférino, lors des dernières législatives que le leader du MoDem allait perdre dans son fief, attaqué sur sa gauche et sur sa droite, après avoir pourtant appelé à voter pour Hollande au second tour de la Présidentielle. Bien sûr, c’est le risque (assumé dans son cas) quand on se situe au centre. Le PS voulait être assuré d’avoir seul la majorité à l’Assemblée Nationale, et puis, après tout, ce sont les électeurs qui ont nettement choisi son adversaire socialiste pour siéger au Palais Bourbon : je n’ai pas coutume de juger des qualités d’un candidat à la seule aune de son électorat, mais on ne peut non plus en faire abstraction !
Quoi qu’il en soit – et même si je ne l’ai pas encore lu – les propos qu’il tient (d’après les comptes-rendus qui en ont été faits) dans son livre, De la vérité en politique, me font encore plus regretter son éloignement (involontaire) de la scène politique française. François Bayrou n’a pas de rancune et ne regrette rien : Sarkozy était un choix impossible pour lui, il ne lui pardonne pas d’avoir joué « les passions noires, la détestation et la haine du voisin » dans l’espoir de se faire réélire et, surtout, de se refuser, encore aujourd’hui, à tout inventaire de sa politique.
Il plaide toujours, compte tenu de la situation nationale, pour l’ouverture de l’actuelle majorité. Cette ouverture existe au niveau local, alors, pourquoi pas ? D’autant que le Président de la République semble continuer à trouver grâce à ses yeux : « François Hollande est intelligent, vif, esprit volontiers caustique, et assez secret pour être intéressant. »
Tout laisse à penser que les mois et les années qui viennent risquent d’être difficiles pour la cohésion de la société française. A-t-elle vraiment les moyens de se passer de celui qui, en refusant d’être le supplétif de la droite, est en fait le seul véritable leader centriste de notre pays ?
Que l’on aime ou pas sa politique, F. BAYROU, me semble être sur le plan humain, quelqu’un de bien. Trés souvent cohérent avec lui même et ses idées, il n’a pas hésité en avril dernier à appeler ses électeurs, à voter HOLLANDE.
Même si au final ce sont les électeurs qui ont choisi, le PS a manqué d’élégance en lui opposant un candidat socialiste dans son ancienne circonscription.
Malheureusement cette attitude de Solférino n’est pas une exception !!!!…
élégance ?
politique ?
Je ne sais pas pourquoi mais ces deux mots dans la même phrase me font sourire… 🙂
« Cette ouverture existe au niveau local, alors, pourquoi pas ? »
Pourquoi pas? Parce que les maths.
Un aspect du système représentatif est que les assemblées délibératives ne sont pas des assemblées collégiales où tous les élus sont sur un pied d’égalité mais au contraire des assemblées contrôlées par les « cartels législatifs » qu’incarnent les coalitions majoritaires.
On le voit très facilement dans le cas français: la droite perdit 50 sièges de députés entre la douzième (2002-2007) et la treizième (2007-2012) législature, et c’est la treizième qui fut la plus droitière: le centre de gravité de l’Assemblée Nationale avait peut-déjà commencé à repartir vers la gauche, mais le centre de gravité du cartel UMP dominant est au contraire parti vers la droite suite à l’augmentation de la proportion de députés issus de circonscriptions électoralement monolithiques.
Plus tu « ouvre » ta coalition, plus tu modifie son centre de gravité et plus tu mécontente ton noyau électoral, par dessus le marché, ta coalition devient de plus en plus diverse, donc il devient plus difficile de garder tout le monde content: une majorité de 290 députés où la discipline de vote est forte est beaucoup plus solide qu’une majorité de 400 où les menaces de défections sont monnaie courante.
Les accords entre le PS et le Modem existent au niveau local à cause des scrutins de liste avec bonus à la liste victorieuse: Il y a là un intérêt commun bien compris: le PS gagne en suffrage et garanti sa victoire en échange de quelques sièges et d’un peu d’influence pour des centristes qui n’auraient rien autrement.
Au niveau national, là où les scrutins-uninominaux dominent, une alliance revient à déplacer le centre de gravité de la position médiane d’une coalition électorale de 10 millions de personnes vers la position médiane d’une coalition électorale de 12 millions de personnes, fabricant 6 millions de mécontents issus de ses propre rangs pour faire 2 millions d’heureux dont la moitié aurait de toute manière pour les candidats de la coalition victorieuse au second tour.
Si le million de centristes sur la brèche entre voter pour une coalition pro-PS et une coalition pro-UMP est indispensable pour donner à la première la majorité, cela peut avoir du sens, mais à partir du moment où la majorité à l’Assemblée est acquise, le cartel victorieux n’a plus intérêt à étendre son club.
Je suis d’accord avec toi Dom. C’est tout ce que j’ai à dire!….
Je pense qu’une politique authentiquement social démocrate c’est à dire débarrassée des scories montebourgeoises et des stupidités sans nom telle la taxation à 75% peut être menée avec Bayrou
Tiens d’un coup tout le monde devient gentil avec Bayrou. Ce qu’il dit, il le dit depuis longtemps. Je pense que sa seule erreur a été justement de dire qu’il voterait Hollande au second tour. Depuis je suis un peu en froid avec lui.
Et si ses idées sont si humanistes et ceci et cela, il nous fallait agglomérer les modérés autour de lui, plutôt que de faire coller Bayrou au PS. Tous les « sérieux » de Gauche, comme moi 😉 aux côtés du Modem, dénigrant avec force le PS, auraient pu faire quelque chose.
Ah je suis rassuré, je pensais que tu allais parler du nouveau pape !
Claudio erreur pour lui peut être!!!
Ton anti PSisme primaire t’aveugle un peu….
Parce que une majoriré des « sérieux » de gauche sont tout de même au PS (ou PRG…)ou tout du moins électeur PS et ils ont voté Hollande! et que si Bayrou représente quelque chose, le modem ne représente plus rien et la quasi totalité de ses membres sont repartis à droite.
Sans faire une fixation sur la personne même de Bayrou car je ne crois pas aux hommes (ni aux femmes) providentiel(le)s, j’ai constaté, pour ma modeste part, que je partage sinon toutes, mais bon nombre de ses analyses et de ses propositions.
Mais j’ai conscience de l’isolement de cet homme et donc de son impuissance politique.
Etant donné la situation catastrophique dans laquelle se trouve la France, seule une union nationale de l’ « arc républicain » permettrait de mettre en œuvre des solutions susceptibles de changer, positivement, le cours des choses.
Mais chaque camp est composé de bien trop d’intérêts, collectifs et/ou individuels, de rentes de situations, que, comme dans l’histoire du scorpion qui pique la grenouille sur laquelle il traverse la rivière, nous sombrerons dans le déluge du marasme économique, les nantis de tout poil préférant s’arcbouter sur leurs privilèges plutôt que d’en sacrifier n’en serait-ce qu’une partie au nom de l’intérêt national. J’en prendrais comme témoignages parmi tant d’autres le probable renoncement au non-cumul des mandats, le jusqu’au-boutisme de syndicats comme la CGT, le scandale du déficit causé par le régime des intermittents du spectacle, le populisme stérile d’un Mélenchon, les passe-droit de la maffia du showbiz, avec son népotisme héréditaire (citez-moi une jeune – ou moins jeune d’ailleurs) – vedette de la chanson ou du cinéma qui n’est pas « le fils, la fille, un parent de »), les salaires indécents dans le sport, la collusion entre la presse et la classe politique (par ex. toutes ces présentatrices maquées à des hommes politiques), etc. etc.
Le système fait que chaque camp se nourrit, au sens propre comme au figuré, de cette opposition et donc qu’il ne fera rien pour se rapprocher significativement de l‘autre, ne serait-ce que sur quelques objectifs et quelques mesures aussi urgentes qu’indispensables.
Le Titanic fonce vers l’iceberg, mais nos élites ne songent qu’à devenir capitaine et l’équipage qu’à bouffer le maximum en s’assurant d’avoir sa brassière de sauvetage, y compris en piquant celles des passagers.
Et qui arrivera pour recueillir les quelques survivants : l’extrême droite, dont la machine est alimentée par l’angélisme, l’archaïsme, l’esprit munichois des uns et l’aveuglement des autres.
Je suis pessimiste ? On le serait à moins.