Comme il nous l’avait annoncé d’emblée, François Hollande n’était pas venu à Nice faire la clôture du Congrès de la Mutualité française pour sacrifier à une tradition inaugurée par François Mitterrand. Il était là pour parler de l’avenir de notre santé publique. Ce fut donc net, précis, et sans bavure. C’est-à-dire, à des années lumière de l’image d’imprécision et d’impuissance que les médias et l’opposition veulent lui coller.
La richesse de son intervention fut telle que je propose aux lecteurs de ce blog une lecture séquencée. Avant de reprendre les priorités qu’il a tenu à développer, son intervention a commencé par un constat sans complaisance. C’est par là que je vais commencer aujourd’hui.
LE CONSTAT
Si, face à la maladie, des progrès majeurs ont été accomplis en termes d’espérance de vie (1er rang européen), de mortalité infantile (l’un des taux les plus bas du monde), l’accès à des soins de qualité pour les plus démunis, le Président a tenu à rappeler que « ces bons résultats cachent de profondes inégalités. Elles sont sociales, territoriales, elles sont parfois liées à l’âge ou au degré de connaissance de notre système de soins ». Et de donner des chiffres : « Un ouvrier de 35 ans a une espérance de vie de 6 ans et demie inférieure à celle d’un cadre du même âge. L’obésité est dix fois plus fréquente (6%) parmi les enfants des classes populaires que chez les enfants des plus favorisés (0,6%). La mortalité des hommes de moins de 65 ans est supérieure de 60% dans le Nord-Pas-de-Calais par rapport à la région Midi-Pyrénées. »
D’autre part, et alors que nos dépenses de santé sont parmi les plus élevées du monde (12% de notre richesse nationale sont consacrés à la santé), ces dépenses « progressent chaque année de 6 milliards d’euros et, dans le même temps, les niveaux de prise en charge par l’assurance-maladie ont reculé, ce qui témoigne d’un évident problème d’organisation qui s’est accompagné d’un recul de la solidarité ».
François Hollande a tenu à rappeler que, durant la dernière décennie, les assurés sociaux ont été largement mis à contribution : franchises, ticket modérateur sur les actes lourds à l’hôpital, vignettes à 15%… Toutes ces réformes conduisent à renvoyer sur les patients des sommes parfois considérables. Le Président en donne trois exemples :
– les restes à charge ont augmenté de 25% pour les médicaments sur les 10 dernières années ;
– les dépenses de soins de ville ne sont plus aujourd’hui prises en charge qu’à hauteur de 55% ;
– un assuré social sur 10 supporte plus de 1000 euros par an de dépenses non remboursées par l’assurance maladie.
Conséquence : « Plus de 15% de nos compatriotes renoncent à se soigner pour des raisons financières. Ils n’étaient que 3% dans cette situation trente ans plus tôt. Je ne me résigne pas à cette situation. Elle appelle une politique de solidarité et de santé publique. C’est-à-dire d’agir sur les mécanismes de couverture de la dépense, mais aussi sur l’organisation même de notre système de santé. »
(à suivre, demain, les priorités : garantir l’accès de tous aux soins, moderniser notre organisation de la santé).
Les médias et l’opposition seront extrêmement déçus de constater que nous avons enfin, un Président de la République qui se préoccupe de la santé des plus démunis.
Dans ces 15% qui renoncent à se soigner,notons qu’il s’agit surtout…
Des malades de longue durée.
Des retraités à faibles revenus.
Des femmes seules avec enfants à charge,qui n’ont pas droit à la CMU,du fait qu’elles travaillent.
Il va s’en dire ,que nous attendons avec impatience,les priorités du gouvernement en ce qui concerne la santé.
Très bientôt, les projets prioritaires développés par François Hollande, Hélyette
Un constat précis et clair.
Notre système de santé peut-il encore fonctionner dans un monde en crise et en « dumping » social permanent ?
Et pourtant, dans la constitution, il est écrit que la République est sociale !
Personnellement j’y crois, Emmanuel…
Heureux rappel du texte de notre constitution : si on se souvient généralement que notre République est dite « indivisible » et « laïque », on oublie souvent qu’elle est aussi « démocratique et sociale »…