Chacun sait que les congrès du PS se gagnent à gauche, d’où la systématique surenchère gauchisante des motions pour flatter le militant dans le sens du poil. Un autre élément du parcours obligé : la référence à l’ancien chef charismatique qu’il ne faut surtout pas omettre de citer dans la moindre intervention (Mitterraaaaaand !)
Manifestement, c’est pareil à l’UMP (de l’autre côté de l’échiquier politique bien sûr) : la présidence du groupement appartiendra à celui qui apparaîtra comme étant le plus à droite, notamment le plus aligné sur les thèses sécuritaires. Ainsi, peut-on voir Copé et Fillon faire assaut de concessions aux thèmes de la droite populaire. Et bien sûr, il ne faut pas oublier de citer l’ex-patron : Sarkozyyyyyy ! Cela dit, eux, ils courent un risque : l’intéressé semble être plutôt en bonne forme et pas sûr qu’il ait dit son dernier mot pour les futures échéances…
Même si j’ai rarement eu des faiblesses (les considèrerais-je comme coupables ?) vis-à-vis de la droite, j’ai le plus souvent essayé de faire honnêtement la part des choses (c’est ce qui me semble en tout cas). Mais en ce moment elle m’agace prodigieusement. Qu’elle critique la gauche, c’est de bonne guerre et l’inverse s’est naturellement (et parfois excessivement) produit quand la droite était aux responsabilités. Mais qu’après 100 jours d’exercice du pouvoir, dans le contexte de crise que chacun connaît, elle se permette de la ramener alors qu’un certain nombre de choses (pas négligeables et pas seulement symboliques) ont déjà été entreprises par le nouveau gouvernement, je trouve ça fort de moka.
Il faut dire qu’ils ont été mal habitués par celui qui n’a eu le plus souvent comme vision que le court terme, qui s’est systématiquement situé dans la réaction ponctuelle aux événements, surtout en matière de sécurité (un fait divers, une loi), ce qui nous vaut d’avoir aujourd’hui un millefeuille indigeste de réformes judiciaires. L’agitation est rarement synonyme d’efficacité…
C’est sûr que de ce point de vue Hollande, ce n’est pas Sarkozy. Pourrait-on lui reprocher d’avoir une ligne et de s’y tenir indépendamment des épiphénomènes de l’actualité ? Ça n’empêche pas un certain pragmatisme ni un minimum d’adaptations quand elles se révèlent nécessaires. Pourrait-on lui reprocher de ne pas intervenir à tout propos et de laisser de l’espace aux membres de son gouvernement ? Ce n’est qu’une application conforme, même si elle est inédite en dehors des périodes de cohabitation, de nos institutions.
Est-ce à dire, pour autant, que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ?
Vraisemblablement pas. D’ailleurs, c’est quoi le meilleur des mondes ?
Le meilleur des mondes ?
Sea, Sex & Sun…
Une variante ? Sex, Drug & Rock & Roll mais j’ai peur des piqures (Nan, pas Épicure, là je crains rien)…
En fait, l’habitude d’avoir une News par jour durant les 5 dernières années font qu’aujourd’hui rien ne semble changer…
Mais ne sois pas courroucée, un septennat, c’est 5 ans ! (heu…?)
On en reparle plus tard (d’autant que ce n’est pas gagné pour les prétendant en lice… Estrosi est dans les starting block avec ses 1%)
moka, millefeuille ? allez, à table !
🙂
Et si le meilleur des mondes était simplement un monde où tout serait apolitique.Simpliste peut- être mais que l’autre position est compliquée et manifestement pas satisfaisante.Alors SVP essayons autre chose.
@Patrick, arrête de faire ton Bernard 😦 Cela dit, tu as bien sûr raison (2e commentaire) : on n’avait plus l’habitude…
@Alexandre, je ne crois pas du tout à un monde où tout serait apolitique.
Les Cent Jours ou l’An II ?
En effet, la droite, comme il fallait s’y attendre, fait son boulot d’opposition. Critique systématique, mauvaise foi, usage des hyperboles, inflation sémantique, procès d’intention, tout l’arsenal est déployé, comme ce fut le cas de la part la gauche en son temps.
Il y a en effet un aberration dans le concept même ces « cents jours », encore une invention de journaliste, en référence à ceux durant lesquels Napoléon a espéré renverser le cours de l’histoire. La morne plaine de Waterloo, mauvaise histoire belge, a, on le sait, mis fin à cette ambition.
Scoopomania
Aujourd’hui, les Waterloo, ce sont les sondages de popularité. Il est bien évident que tout gouvernement, tout chef de l’exécutif qui a pris le pouvoir dans une situation difficile par définition (car si elle avait été bonne, il n’y aurait probablement pas eu d’alternance) va décevoir une bonne partie de son électorat. Je ne parle pas de ceux qui veulent « tout, tout de suite » façon « Grand soir », mais de ceux qui ont des difficultés, qui pâtissent d’injustices, vivent dans des conditions difficiles, sont au chômage et cherchent à travailler, et qui, même s’ils comprennent qu’on ne peut pas tout régler en 3 mois, ressentent quand même – et on le comprend – une frustration qui s’exprime dans ces enquêtes d’opinion.
Or c’est le principe même de ces enquêtes d’opinion qui pose problème car elles se placent dans une immédiateté incompatible avec les contraintes d’une prise de pouvoir et le temps que donnent les institutions, à savoir celui d’un mandat de 5 ans pour un président, ce qui montre bien qu’on n’attend pas de lui qu’il règle tous les problèmes en 3 coups de baguette magique.
Mais les médias sont avides de ce type de sondage car à l’évidence, ils font vendre du papier.
Et quelles que soient son sang froid et sa détermination, un chef d’État et/ou de gouvernement ne peut rester sur l’Aventin et les ignorer, en donnant, comme seule réponse aux impatiences, la formule de Mitterrand : « Il faut laisser du temps au temps ». Il est obligé de se plier à cette culture de l’immédiateté, introduite par des médias comme CNN ou France Info, pour lesquels tout événement devient information, ce qui nivelle les échelles de valeur, de pertinence et d’importance dans un flot ininterrompu de « nouvelles » dans lequel se chevauchent pêle-mêle la découverte d’un charnier en Syrie, une petite phrase de Ségolène Royal, un accident de poids lourds dans un bled paumé du Loir-et-Cher et la bronchite de Johnny Halliday.
Donc malgré sa volonté d’avoir une présidence qui se situe dans le temps long et non dans le mouvement brownien type Sarko, Hollande va parler à la télé et le gouvernement accélère la prise de mesures (dont on se demande bien quand même pourquoi elles pouvaient, avant, attendre).
Yalla !
En toile de fond, il y a le slogan de campagne de François Hollande « Le changement, c’est maintenant » et malgré les arguments avancés plus avant dans ce post, on sent que le doute s’est installé dans l’opinion, qui s’interroge devant ce qui peut apparaître, à tort ou à raison, comme de l’indécision, de la « commissionnite » et la pratique du flou artistique. Les Français, dans leur vaste majorité, ne veulent pas tout, tout de suite, mais ils veulent qu’on leur disent où l’on en est, où l’on va, comment, qui va payer quoi et combien, notamment dans la mise en œuvre des solidarités., de la justice sociale et de la croissance.
Ils laissent aux bobos les indignations, les états d’âme et les compassions de circonstance. Les gens ont des problèmes de fin de mois, de boulot, d’accès aux soins, de prise en charge de leurs parents âgés et malades, de paiement des études de leurs enfants, de sécurité de leurs biens et de leur personne et ils attendent non plus des promesses, mais des raisons d’espérer.
Sans nier ce qui a été fait depuis l’arrivée aux affaires (et notamment dans le détricotage symbolique du Sarkozysme), l’opinion publique pourrait vite s’impatienter devant l’urgence des situations individuelles (comment reprocher à quelqu’un de voir midi à sa porte ?) et l’apparente patience d’un président normal qui leur paraîtrait tout autant trop tranquille que le précédent ne leur semblait trop fébrile.
Bref, il ne veulent pas d’un Mac Mahon qui dit « Que d’eau, que d’eau » et qui annonce qu’on va lancer une commission réunissant les familles de noyés, les chantiers navals et les capitaines de bateau-lavoir pour déterminer quel type de barque on va construire. Ils veulent un Danton qui proclame « De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace ».
L’audace, ce n’est pas la témérité. C’est l’optimisation sans complexe des moyens dont on dispose et l’abolition des rentes de situation qui empêchent d’aller de l’avant. Cela s’appelle le courage politique.
Effectivement. L’Express affiche en son titre:
-Fonctionnaires, jeunes, contribuables, écologistes, enseignants… Les « COCUS » de Hollande-.
Quand bien même il est nécessaire de donner du temps au temps, il est aussi question de ne pas laisser le citoyen lambda se faire contaminer par les contre courants et, la stratégie « utile » voudrait que des repères ou le rappel de ceux-ci soient donnés, avec un échéancier approchant le concret.
La contre utilisation des vecteurs médiatiques des adversaires, avec audace, serait ici pertinente.
Ceci dit, commenter le match devant son téléviseur est toujours aisé….
http://www.lefigaro.fr/international/2012/09/01/01003-20120901ARTFIG00310-alerte-a-l-hantavirus-en-californie.php
@MC, merci pour l’info. C’est rude ce truc-là…
Si vous avez été intéressé par le commentaire (remarquable) du Commandant Dromard, je vous invite à le retrouver sur son blog :
http://commandantdromard.wordpress.com/2012/09/02/le-temps-au-temps/
Parler, même pour ne rien dire, cela permet d’occuper le terrain. C’est ça le ministère de la parole !