Les Américains sont les rois de la « cucuterie » flamboyante. Qu’il s’agisse d’inventer une attraction improbable ou de poser un élément de décor impossible dans un établissement, ils sont là, et bien là ! Ce n’est pas toujours d’un goût exquis mais, personnellement, ça m’éclate et je ne compte plus les photos rigolotes que j’ai eu l’occasion de prendre.
Pour illustrer mon propos, je vous propose du lourd, du très lourd, visité consciencieusement par votre « serviteuse » ces derniers jours.
Tout d’abord, le Palais du Maïs. Le Dakota du Sud a une obsession : devenir calife à la place… heu… devenir l’état du maïs à la place de l’Iowa. D’où le Corn Palace de Mitchell, une espèce de Taj Mahal dont la déco tant intérieure qu’extérieure renouvelée chaque année est réalisée en épis de maïs. Bon, il paraît que les politiques adorent et font le pèlerinage (même Obama…). Cela n’a bien sûr rien à voir avec le poids politique des producteurs de maïs : c’est une question purement esthétique… Comme quand les nôtres vont caresser le cul des vaches au Salon de l’agriculture…
Ensuite (et c’est de loin mon préféré), le Musée de la patate ou plutôt de la pomme de terre. L’Idaho n’a pas de complexes. Comme le proclament fièrement ses plaques d’immatriculation, il est l’Etat des « Famous Potatoes ». D’où le charmant petit musée de Blackfoot entièrement consacré au tubercule qui vous présente, entre autres chefs-d’oeuvre, la plus grande des chips du monde et Marilyn habillée d’un sac de patates. La nature est injuste parce que Marilyn, même avec un sac à patates…
Bon, il faut être honnête et ne pas tout coller sur le dos des Américains. En juillet, j’ai visité à Charolles (Saône-et-Loire) le musée du Charolais (le boeuf of course) qui contenait le même genre d’explications scientifiques et gastronomiques que celui de la patate de Blackfoot. Je crois que je vais militer pour qu’on les jumelle ces deux-là…
Etonnant, non ?
Les USA, c’est en effet le MOMA à New York, l’Art Institute à Chicago, la National Gallery à Washington et beaucoup, beaucoup d’autres musées remarquables (et souvent gratuits).
Mais c’est aussi ce genre de musée « kitch » dont, pour ma part, je suis assez friand. j’ai visité à Hayward, petite ville du Wisconsin, le Freshwater Fishing Hall of Fame and Museum, avec un énorme brochet (on peut le traverser à pied dans sa longueur), et une incroyable collection de leurres, cuillères, hameçons, poissons empaillés, cannes à pêches, épuisettes, moteur hors-bord, mouches, etc…(par contre, aucune rivière ne coule au milieu, mais tout le Wisconsin est le paradis des pêcheurs – et des moustiques).
Le pire est le musée du créationisme dans le Kentucky, redoutable car « muséologiquement » parlant, il est fort bien fait.
Par contre, je recommande le Rock n’ Roll Hall of Fame de Cleveland, Ohio. Un rêve de nostalgie musicale pour les baby-boomers !
Et en effet, dans le genre, nous ne sommes pas en reste en France. Le musée du septennat, à Château-Chinon, où sont rassemblés les cadeaux officiels offerts à François Mitterrand (on comprend, pour la plupart, qu’il les ai mis au musée) n’est pas mal non plus. Mais visiblement, c’est (enfin, on l’espère) du second degré.
Ce qui n’est pas le cas de l’Espace de l’art concret, à Mouans-Sartoux, qui se prend très au sérieux et se la pète grave comme dirait ma fille. Au risque de passer pour un blaireau, j’y ai eu parfois l’impression, dans le parc notamment, qu’un fabricant de pierres tombales s’y était débarrassé de ses invendus.
C’est sûr que c’est difficile de se la péter grav’ avec des patates, des fromages, des hameçons et vous en avez passé! Quant au musée du créationnisme, au musée, c’est très bien! Mais alors, que cela reste au musée et que l’entrée soit très honéreuse (dissuasive si c’est possible). Je prône dans ce cas l’élitisme, l’entre-soi, l’assurance de la sécurité privée garantie pas des cerbères. Et pourquoi pas un décor en carton pâte qui reconstituerait l’atmosphère de ving mille lieux sous les mers ou on a marché sur la lune, un emballage à la mesure du contenu.
A dominique: je n’ai pas pris de nouvelles de la calèche. Comment va-telle?
Limite érotiques ces jeunes filles de 1943 (mais j’ai probablement l’esprit mal tourné, la chaleur sans doute)
🙂
C’est rassurant de voir que le mauvais goût n’a pas de frontières.
Je conseille dans ce genre, mais en plus subversif, le Musée International des Arts Modestes à Sète où j’ai vu cette année une exposition spéciale Groland à se tordre de rire. Si vous passez dans le coin….
Ce musée est consacré à la collection de tous ces objets du quotidien dont on pense que leur destination finale est………la poubelle!
Eh bien non, pas là bas !
C’est très émouvant de voir que des objets sans grande importance finissent par lier des relations sentimentales avec nous les humains.
Et oui , c’est tout cela la culture, les cultures et le culturel……………….
J’adore ton néologisme : cucuterie
Elle a parfois son charme et révèle une population…
Pour avoir enquêté en bien des lieux privés, sur la conformité de leur tableau de protection électrique, le commun des mortels est un collectionneur dont certains acharnés ne manquent pas de bizarreries qui vont des capots de bouchons de champagne aux napperons en passant par les figurines d’éléphants, des fèves de l’épiphanie, des dessous de verre à bière, des fers à repasser, des … armes, si si et du lourd, des bouteilles, des canettes (vides) dont un original avait rempli son appartement avec un cheminement piéton pour se déplacer vers les points stratégiques que sont le bar et les toilettes …. Bref, l’esprit de collection nous a tous saisi à un moment ou un autre, qui ne conserve pas ses disques ou morceaux choisis, ses photos de vacances etc…. Le musée du brochet m’intéresse.
Je vois que vous semblez avoir la Patate, ici ça cogne avec une collection de températures caniculaires.
Un pays sans réelle « histoire millénaire » ne peut pas, dans l’immensité qui est la sienne, avoir des références culturelles à tous les coins de rues, village après village. Ce n’est pas possible. Ainsi, il me semble que la « culture » telle que nous l’entendons est évidemment limitée, géographiquement aux grandes villes de l’Est. La culture plus récente liée aux activités artistiques est plus montrée et admirée sur la côte Ouest. Les Musées d’Etat n’ont pas courts ici, c’est une succession de Fondations privées qui essayent, et combien magnifiquement presque toujours, d’expliquer les réalisations de la Nation US et sa jeune culture. C’est souvent très réussi (voir les musées de W.DC, NYC etc…). Et puis il y a à l’Ouest, mais pas sur la côte, la très riche culture des Parcs nationaux, auxquels les Américains vouent un culte immense et où la nature, faune, flore et paysages sont sanctifiés par la volonté des Etats. C’est une immense culture qui n’a pas son pareil en Europe, car tout le monde respecte les PN et donc l’écologie dans ces territoires. Il reste toute la partie Centrale qui n’est constituée que des plaines agricoles immenses et sans fins, peu peuplées, ou des déserts plus au SUD. Là il est vrai qu’au point de vue Culture, elle est agricole ou pétrolière. Il n’y a pas grand chose d’autre. Alors ils font avec ce qu’ils ont! C’est le maïs, la pomme de terre, ou le pétrole. Mais tout de même gloire à la patate de l’IDAHO qui est la plus grosse et tellement bonne. Il est donc prudent comparer ce qui est comparable, et le joli mot de « cucuterie » inventé par DBM, est certainement plus un mot de tendresse qu’une critique réductrice comme on pourrait le penser facilement .
Bon retour.
MC
@ MC, l’esprit a été bien compris. Et, le retour s’approche en effet…
@ Véronique, je n’ai pas croisé de calèche étincelant de mille feux, mais je t’en ai mis de côté une autre 🙂
@ Patrick Walz, sns doute voulait-on donner un côté sexy à la pomme de terre ? 🙂
@ Rosa, merci du passage par ici.
@ alaindualaidu, on fait dans le pseudo évolutif ?
Pour alaindualaidu qui s’est déclaré intéressé, voici l’URL du musée en question : http://www.freshwater-fishing.org/index.php
C’est très « local ».