François Hollande rend hommage à Jules Ferry (Photo TF1, LCI)
On a coutume de dire que ce qui compte ce sont les actes plus que les paroles. Pourtant…
Pourtant, comparées à certaines douloureuses expériences du précédent quinquennat, les paroles prononcées aujourd’hui par François Hollande, notamment à l’occasion de l’hommage rendu à Jules Ferry (quelle polémique débile à propos de la colonisation !) me font du bien, comme elles auront sans doute fait du bien à tous ceux qui croient aux vertus de l’école publique, laïque et gratuite. (*)
En même temps, ces paroles me font réaliser que mon potentiel émotionnel face à un grand moment républicain, est intact, et ça me rassure.
L’heure des inquiétudes et des doutes viendra peut-être. Mais aujourd’hui, j’ai simplement envie de partager le bonheur des femmes et des hommes de gauche de voir l’un des leurs présider aux destinées de la France, ainsi que leur espoir d’un avenir meilleur pour ceux qui en ont tellement besoin.
(*) Je n’ai pas pu suivre la cérémonie d’intronisation ce matin.
Chose étrange… L’attention particulière portée au discours d’investiture du nouveau président m’a conduite à réécouter le discours d’investiture de l’ancien président. Je ne pensais pas une telle chose possible! Pourtant, une phrase était restée intacte dans ma mémoire, et je voulais m’assurer qu’elle n’était pas le produit d’une reconstitution factice et réactive. Il était bien question d’amour à la fin de son discours: amour que méritaient la France et son peuple. Je me souviens aussi de la réactivité du sentiment de ceux qui m’entouraient ce soir là, en choeur et de coeur: « on ne veut pas être aimés! », suivi du caractère réfléchi d’une critique du paternalisme. Truffé de sentimentalisme, ce discours était des plus inquiétants. En la matière, tout sentiment ou plutôt exploitation du sentiment ne pouvait qu’inviter à la plus grande prudence. Le président « normal », ni sauveur ni hyper papa a au moins remis la chose publique à sa place. Ce qui n’est pas rien.
Allez une petite goutte de Rousseau pour la route!
» La plus anciennes de toutes les sociétés et la seule naturelle est celle de la famille. Encore les enfants ne restent -ils liés au père qu’aussi longtemps qu’ils ont besoin de lui pour se conserver. Sitôt que ce besoin cesse, le lien naturel se dissout. Les enfants, exempts de l’obéissance qu’ils devaient au père, le père, exempt des soins qu’il devait aux enfants, rentrent tous également dans l’indépendance. S’ils continuent de rester unis ce n’est plus naturellement c’est volontairement, et la famille elle-même ne se maintient que par convention.(…) La famille est donc si l’on veut le premier modèle des sociétés politiques; le chef est l’image du père, le peuple est l’image des enfants, et tous étant nés égaux et libres n’aliènent leur liberté que pour leur utilité. Toute la différence est que dans la famille, l’amour du père pour ses enfants le paye des soins qu’il leur rend, et que dans l’Etat le paisir de commander supplée à cet amour que le chef n’a pas pour ses peuples. » Du Contrat social.
Avantage de retraitée : je l’ai suivie presque intégralement… Une grande joie.
Oui profitons de ce moment car ce sera dur…
L’espoir revient….