Mes concitoyens me plongent dans des abîmes de perplexité.
Chaque fois que je croise une connaissance ici ou là, c’est le même refrain : « Vous en pensez quoi, vous, de cette campagne ? ». Et avant que j’aie pu répondre, la sanction tombe : « C’est une catastrophe, les candidats ne s’intéressent pas aux vrais problèmes des gens… »
Pour être franche, ça commence à me barber. Cette campagne avait pourtant bien commencé. Oui, on a parlé des vrais problèmes, oui on a parlé de la crise, de la dette, du déficit, de l’Europe, des retraites, du pouvoir d’achat, du chômage… Certes, ce n’est guère rigolo d’entendre dire que, quoi qu’on fasse, demain on ne pourra pas raser gratis ! Hollande posait les vrais problèmes, Bayrou posait les vrais problèmes, ceux auxquels sera confronté le nouveau Président au lendemain de l’élection.
Et puis, patatras ! Sarkozy est entré dans la campagne : c’est sûr que sur ces questions-là, il n’avait pas grand-chose à dire car il aurait été obligé de parler de son bilan. Réorientation de la campagne : on se croirait en 2007, sus à l’insécurité ! Là-dessus, les drames malheureux de Toulouse et de Montauban arrivent pour lui à point nommé : il va pouvoir aller draguer encore un peu plus du côté de l’électorat du Front National et siphonner les voix de Marine Le Pen.
Et les médias de s’emballer, de jouer à fond le jeu du Président sortant, de parier sur la peur des gens : c’est que ça fait vendre du papier. Ceux qui trouvent la campagne pas intéressante ne sont pas les derniers à commenter, dans leur Café du commerce, les événements en question.
Le jeu des petites phrases repart à qui mieux mieux. On les reproche aux candidats, mais pourquoi les médias ne parlent-ils pas d’autre chose ? Non, les candidats ne font pas que des petites phrases : mais ce sont elles que la télé ou les journaux diffusent parce que ce sont elles qui plaisent à la plupart des gens même s’ils refusent de l’avouer. C’est sûr que c’est plus facile à retenir que les pages de programmes qui nous sont pourtant proposées, au moins par certains d’entre eux. Pour avoir personnellement lu celui de François Hollande, je le trouve sérieux, bien expliqué, financé, social, crédible. Il ne nous promet pas le grand soir ? Tant mieux ! Même si je connais moins les programmes des autres candidats, je sais qu’ils existent et j’ai pu prendre connaissance de leurs propositions les plus importantes. Si l’on souhaite vraiment s’informer, on y parvient : en ce domaine, à notre époque, quand on veut, on peut !
Un seul candidat semble trouver grâce aux yeux d’une certaine partie de l’opinion (même si dans sa très grande majorité, elle est encore loin de vouloir voter pour lui), c’est Jean-Luc Mélenchon. En effet, il pose de vrais problèmes, ces problèmes dont tout le monde dit qu’il faut en parler. Il n’est pas le seul à le faire, mais il a la voix qui porte. Donne-t-il pour autant les bonnes réponses ? Je suis loin d’en être convaincue : s’il est en capacité de faire rêver, ce n’est pas seulement parce qu’il a l’étoffe d’un tribun qui nous ramène quelques dizaines d’années en arrière, c’est parce qu’il dit ce qu’une partie de l’électorat a envie d’entendre. Qui, payé au SMIC, ne souhaiterait pas voir porter celui-ci à 1700 € ? Qui, avec les années qui passent, ne souhaiterait pas pouvoir partir à la retraite à 60 ans ? Qui, engoncé dans ses difficultés, ne serait pas enclin de faire des technocrates européens les boucs émissaires de tous ses maux ? Si Mélenchon peut faire rêver, c’est parce que, quoi qu’il en dise, il est suffisamment réaliste pour savoir qu’il n’aura pas à appliquer son projet politique. Par contre, il sait aussi que plus son résultat sera élevé, plus il sera en mesure de faire pression sur le candidat socialiste. Pour le programme, sans doute, mais aussi pour les élections législatives qui vont suivre et dont on ne souligne pas suffisamment l’importance.
C’est là une grande différence avec un François Bayrou qui, pour sa part, refuse de se positionner seulement en candidat : ses propositions sont aussi celles du Président de la République qu’il ne sera pas en mesure d’être (si l’on en croit les sondages). C’est peut-être à son honneur, mais son positionnement quelque peu dogmatique, dans un centre qui ne penche ni à droite ni à gauche et que la majorité des Français se refuse à soutenir, risque de priver le MoDem des quelques parlementaires qui lui permettrait de ne pas disparaître pendant tout un quinquennat.
Ce billet m’a conduit sans doute un peu plus loin que je n’en avais l’intention. C’était au départ un simple coup de gueule face à la morosité ambiante vis-à-vis d’une campagne présidentielle qui n’emballerait personne. Pour y revenir, et même s’il n’y a pas de raison d’exonérer l’ensemble des candidats de toute responsabilité, même si les médias jouent un rôle volontairement réducteur, je crois, quels qu’en soient les motifs, qu’il y a aussi une certaine paresse intellectuelle chez un trop grand nombre d’électeurs. J’en suis convaincue : quand on veut s’informer, on le peut. La démocratie ça se mérite.
P.S. Par souci de pluralisme, j’ai essayé, pour composer la photo en tête de ce billet, de récupérer une image du programme de Nicolas Sarkozy : sur son site, je n’ai même pas trouvé de programme. Peut-être n’en a-t-il pas ?
Ce qui m’est apparu moi, c’est que, pour une fois, au moins au début, cette campagne parlait des vrais problèmes. Chacun d’entre nous était quasiment devenu un spécialiste de la dette, des agences de notation, des déficits, des budgets etc. etc. Oui, je trouvais cette campagne pédagogique dans le seul domaine dont dépend tout le reste, l’Economie.
Pour le reste, je ne suis pas du tout d’accord avec cette idée que les médias suivent le candidat sortant. Je les trouve au contraire, dans leur majorité très complaisants et pas seulement avec ceux qui font le spectacle mais aussi avec ton candidat, Dominique. Ce manque d’objectivité me désole. Et pour le coup, rend la campagne assez agaçante. Mais l’antisarkozysme bête et primaire ayant fait recette pendant 5 ans, il n’y avait pas de raison que ça s’arrête.
Votre coup de gueule fait du bien.
Oui, si on se donne très peu de peine (grâce à internet), les programmes, on les trouve. On peut même s’abonner à la newsletter du candidat favori, histoire d’en savoir plus et au fur et à mesure.
Quant à ceux qui trouvent que cette campagne est une catastrophe, je crois qu’ils ne voient ou ne veulent pas voir que la catastrophe, c’est la stratégie sarkozyste qui, à l’instar de celle de Karl Rove, ce mauvais génie, utilise toutes les forfaitures, tous les amalgames, les mensonges, la mauvaise foi et l’opportunisme pour se déployer. C’est véritablement la première fois que j’assiste à une campagne, où les propositions des uns et des autres ne sont pas discutées, défendues ou contrées par le raisonnement, l’argumentation… A part Hollande avec son flegme, sa courtoisie et sa finesse d’esprit, tous les autres ne produisent qu’invectives, insultes, etc.
Il sera difficile de se relever humainement de ce quinquennat qui se termine et qui a ravagé « l’esprit de la république » en montant les Français les uns contre les autres…et en les réduisant intellectuellement.
Je fais une parenthèse pour Claudio à qui je dis que je suis une » antisarkozyste bête et primaire ». En fait, je ne l‘étais pas en 2007, mais à partir du 13 décembre 2007, j’ai commencé à tomber dans ce maladif rejet.
Enfin concernant Mélenchon, vous avez tout à fait raison de souligner qu’il peut se permettre de promettre la lune puisqu’il ne sera pas élu mais que son pourcentage de réussite pèsera sur les socialistes ensuite…
Notre président sortant et ses chargés de communication inondent leurs électeurs et potentiels électeurs de requêtes par courriels, ils les interpellent :
« Envoyez vos idées sur Facebook pour construire la france Forte »,
« Si vous êtes d’accord avec moi, alors dites le moi! »,
« Devenez ambassadeur de la France Forte »,
« Revivez le grand rassemblement de Villepinte.. »
« Partagez avec vos amis les instantanés de campagne »
« Aidez moi à défendre nos valeurs pour une France forte »,
« Engagez-vous aux côtés de Nicolass »
« Donnez-nous les moyens d’agir en faisant un don ICI »…?…
Bon…. c’est Mickey et Minnie à Disneyland, mais çà fleure les bruits de bottes et l’engagez-vous / rengagez-vous qu’Il disait!
Ceci dit Notre jean Luc m’est très sympathique effectivement, mais comme disait Lao Tseu, plutôt que de maudire l’obscurité, il conviendrait d’allumer une bougie. La Gauche ferme, bien que j’adhère et convienne qu’elle ait fortement raison en de nombreux points, s’est trop souvent fait du mal avec ses dispersions.
Srkz n’a pas de programme à ce jour. Il en aura peut être un en fin de semaine, mais vu ce qu’il en a fait du précédent…
Peut être faudrait-il qu’ils se frottent un peu les candidats dans des débats, ça plairait au journalistes et au voyeurs, et on sortirait enfin de ce clivage gauche/droite stérile, pour enfin découvrir des points de convergence ou de divergence, un peu plus constructifs.
Note pratique: c’est impossible de publier un commentaire sur ce blog sans donner des droits ahurissants à wordpress ou en ayant un compte. Dommage…
« ça fleure les bruits de bottes »
Quand que je pense qu’il a osé dire : »le travail rend libre »
… »Arbeit macht frei », inscription à l’entrée d’Auschwitz..
Histoire d’émouvoir et de draguer quelques nostalgiques du FN.
Votre billet est comment dire … Excellent!
Ségurano
Merci Dominique ; beaucoup de choses écrites dans ce billet rejoignent ce que je pense.
Pourtant cela avait en effet bien commencé comme l’écris Claudio.
Mais rappelons-nous que l’émission sur la Une avec Bayrou fût un flop.
J’en avais apprécié le principe et nous étions loin de la politique spectacle.
Mais c’est peut-être cela que veulent les gens, du spectacle, des mots qui « cognent » et de la parade.
Du tribun aussi et force est de constater que pour cela, Mélenchon est le plus doué.
Mais cela n’explique pas tout, le Front de gauche fait une bonne campagne, Bayrou fait des propositions mais chacun sait que cela ne suffit pas.
Quant au Président sortant, je le trouve excellent…aux Guignols de l’Info.
Il nous reste les livres, mais là aussi, j’ai été un peu déçu par celui de François Hollande.Trop convenu.
Espérons que la dernière ligne droite sera un peu plus propice au(x) débat (s) et à ce sujet, je trouverais normal que chaque candidat se sente une obligation d’y participer avec les 9 autres.
@Cédric Augustin,
Je ne comprends pas le problème pratique : en principe, pour mettre un commentaire sur un blog wordpress, il suffit de renseigner un nom et une adresse mail. Pour la publication d’un premier commentaire, je filtre. Et à partir du moment où il a été publié, tous les suivants le seront automatiquement.
Je trouve cette campagne intéressante et partage ton point de vue totalement. Ceux qui veulent s’informer peuvent le faire facilement et amplement, radio, télé, internet, journaux, magazines, livres… Ceux qui veulent participer directement à la campagne peuvent s’engager sans problème … L’éventail des choix est très grand de l’extrême gauche à l’extrême droite, à chacun de se déterminer en fonction de ses idées, de ses valeurs, de la société qu’il désire construire avec les autres et du sens qu’il donne à sa vie. J’ai un grand nombre d’occupations passionnantes que je pratique avec plaisir mais cela fait plus de cinquante cinq ans que je fais de la politique et je continuerai à en faire car elle ne m’a pas encore tout dit. Je veux pouvoir, à la fin, comme Pablo NERUDA affirmer
: » J’avoue que j’ai vécu ».
Claudio tu me rappelles ce bon George Marchais qui qualifiait toute critique du parti communiste d’anticommunisme primaire!
Pour paraphraser ce bon Pierre Desproges peut on faire de l’antisarkozysme secondaire?
« peut on faire de l’antisarkozysme secondaire? »
Guy Bedos à déjà répondu à la question:
« Parce qu’il y a un truc chez Sarko qui ne soit pas primaire? »
Dominique,
ce qui me plait chez Mélenchon, ce n’est pas la hausse du smic ou la retraite à 60 ans car je sais bien qu’il n’y a pas d’argent disponible, et je crois que personne n’en est dupe.
Ce qui me plait dans son discours, c’est l’idée de sortir de ce système où les gros financiers commandent aux politiques, c’est l’idée de retrouver une marge de manoeuvre pour nos politiques, une identité pour notre pays, une liberté de pouvoir dire non à l’Europe bureaucratique, une liberté de pouvoir dire non à l’OTAN si on ne souhaite pas participer à une guerre, etc.
C’est pour ses idées-là que je crois que je vais voter pour lui, même si je ne suis pas de gauche et même si je n’ai guère d’illusions qu’il puisse les réaliser.
Mais parce-qu’on est dans un système qui marche sur la tête et que je ne peux plus cautionner. Et ce système date de bien avant Sarkozy, je n’ai rien de spécial contre lui, sinon qu’il n’arrive pas à nous sortir de ces ornières.
En fait, c’est un vote pour des idées (réalisables ou non, je ne sais pas) et je crois qu’on a bien besoin de retrouver des idéaux et que c’est ce qui explique la foule à ses meetings.
Quand j’ai vu que le gouvernement grec et que le gouvernement italien ont été remaniés pour satisfaire les exigences financières de l’Europe, j’ai compris que nous n’étions plus en démocratie.
Mélenchon trouve les mots que le peuple voulait entendre.
Ça me fait toujours doucement ricanner sous ma cape ces invocations du type « On est plus en démocratie! »:
Passons sur le fait que la Grèce est là où elle parce qu’elle n’a pas de fisc, pas de cadastre, parce qu’elle achetait la complaisance de l’église orthodoxe à coups de cadeaux fiscaux et celle de l’armée à coup de budget hypertrophié, et parce que le gouvernement conservateur au pouvoir jusqu’à la crise truquait les comptes publics.
Passons aussi sur le fait que c’est la bureaucratie européenne qui a sauver la mise à la Grèce (et certainement pas le couple Merkozy poussé par un électorat qui salivait à l’idée de punir un peuple qu’ils jugent trop dépensier): c’est elle qui a fournit à la Grèce le plus important plan d’aide publique jamais conçu, c’est elle qui a contraint les banques privées à accepter une décote de plus de 50% de la valeur des titres grecs qu’elles possédaient: en substance, cela veut dire que la grande-méchante-bureaucratie-bruxelloise-ennemie-des-peuples est allé voir les banques privées, leur a tordu les deux bras jusqu’à ce qu’elles acceptent d’effacer plus de la moitié des dettes que la Grèce leur doit, ce qui a permis au pays de passer de 350 milliards d’Euro de dettes à 240 milliards d’euros de dette tout en lui débloquant des centaines de milliard de cash, ce qui est vital pour un pays dont 40% du PIB provient du secteur public et où 20% des emplois soit fournis par l’État.
Non, ce qui me fait ricaner, c’est que ce que veulent ceux qui lancent ces grandes déclaration ne veulent pas d’une démocratie: ce qu’ils veulent, c’est un régime thaumaturgique capable de violer les lois de l’univers.
Une démocratie a le pouvoir (je ne parle même plus de droit) de dépenser le cash qu’elle a et le cash que les bailleurs de fonds veulent bien consentir à lui prêter: quand il ne lui reste plus qu’un seul bailleur, celui-ci est en mesure de poser beaucoup de conditions. Si le gouvernement grec avait décidé de dire Merde aux demandes de l’UE, il aurait été contraint à la faillite -ce qui est exactement ce que les ultra-libéraux espéraient soit-dit en passant-: auquel cas, la chute des dominos serait devenue inévitable: sans cash, impossible de payer les 800.000 fonctionnaires du pays, impossible de faire vivre les secteurs de l’économie qui dépendent directement de l’état (40% du PIB), impossible d’empêcher l’effondrement des secteurs de l’économie qui dépendent de la consommation des fonctionnaires et des salariés des compagnies qui dépendent de l’état, impossible de remplir les assiettes des mess dans les casernes…
Les estimations optimistes tablaient sur une sortie de la zone euro par la Grèce, suivie d’une explosion de la dette passant dans un premier temps de 350 milliards d’Euros à 120.000 milliards de Drachmes, puis de 120.000 à 300.000 milliards de Drachmes puisqu’alors que les dettes contractées en Euros restent en Euros la nouvelle-ancienne Drachme aurait très vite perdu au moins 60% (en d’autre termes, tous les produits d’importation se seraient retrouvés deux fois et demi plus cher: les voitures seraient devenues deux fois et demi plus cher, les loisirs: le cinéma, la musique, le matériel multimédia, les vêtements deux fois et demi plus cher, l’essence, le mazout des chauffages, les engrais agricoles deux fois et demi plus cher, etc…) de sa valeur, ainsi que du gel des comptes en banques individuels des Grecs, du blocage des transferts d’argents de Grèce vers les autres pays européens, la fermeture d’un bon nombre de magasins de première nécessité, etc…
les estimations pessimistes tablaient sur un coup d’état militaire avec au final 100.000 morts dans les rues et un à deux millions de réfugiés grecs coincés entre le France et l’Allemagne.
Il y a une chose qu’il faut bien voir: c’est qu’une démocratie n’est « que » le fait que l’autorité de l’État découle du peuple: la puissance du Peuple ne va jamais au delà des limites du pouvoir de l’État qui le représente: à aucun moment « démocratie » signifie que le peuple est devenu omnipotent et dans le cas de la Grèce, l’État était clairement arrivé aux limites de son pouvoir.
Alors bien sûr on peut ne pas être d’accord avec les exigences de l’UE (personnellement, j’aurais préféré que l’Union remette les demandes d’austérités à plus tard et dépêche sur place les milliers de spécialistes nécessaire à la fabrication d’un fisc et d’un cadastre), mais hurler à la mort de la démocratie est un méprisable foutage de gueule
à Laurent,
je ne suis pas assez calée pour discuter cette analyse trés complète dont je te remercie.
Je pensais que la démocratie était le gouvernement du peuple par lui-même.
Alors, quand je vois que des élus du peuple grec et du peuple italien sont écartés du pouvoir et remplacés par d’autres nommés directement par Bruxelles, je me dis que les peuples ne sont plus souverains.
Revenons à une monarchie (je n’ai rien contre), mais le mot démocratie ne me semble plus d’actualité quand les résultats des urnes ne sont pas respectés.
Pareil pour le référendum sur l’Europe : les peuples français, irlandais et d’autres ont voté contre, mais les dirigeants l’ont fait quand même.
Cela me choque.
«Je pensais que la démocratie était le gouvernement du peuple par lui-même.»
Et le gouvernement n’est pas omnipotent. L’admettre a coûté cher à Jospin, mais ça n’en reste pas moins vrai.
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«Alors, quand je vois que des élus du peuple grec et du peuple italien sont écartés du pouvoir et remplacés par d’autres nommés directement par Bruxelles, je me dis que les peuples ne sont plus souverains.»
Les gouvernements grecs est italiens n’ont pas été écarté du pouvoir: le gouvernement Berlusconi était en bout de course, sa coalition parlementaire sur le point de s’effondrer, tout comme le gouvernement de Papandréou: Je rappelle à toute fins utiles que les parlements issus des élections de 2008 (Italie) et 2009 (Grèce) siègent toujours et que ce sont eux qui ont lâché leurs gouvernements respectifs et donné les postes de premiers ministres à des ex-eurocrates dans l’espoir de bien se faire voir par les gros états-membres.
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«le mot démocratie ne me semble plus d’actualité quand les résultats des urnes ne sont pas respectés.»
Comme je viens de le dire, les parlements issus des urnes siègent toujours et ont souverainement décidé que l’aide soumise à condition de l’UE valait mieux pour leur population que la faillite pure et simple.
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«Pareil pour le référendum sur l’Europe : les peuples français, irlandais et d’autres ont voté contre, mais les dirigeants l’ont fait quand même.»
Les peuples votent contre le TCE, puis élisent des représentants qui étaient pour le Oui. Il n’y a aucun pays en Europe où le référendum l’emporte sur la représentation nationale: à aucun moment la constitution française n’affirme par exemple qu’un référendum ne peut être annulé par rien d’autre qu’un autre référendum. Les adeptes du Non croyaient que le référendum allait être une répétition de la présidentielle et se traduire par une augmentation des suffrages pour leur camps: toute leur stratégie était construite sur ce postulat de l’électeur-lemming et il ne restait plus qu’à crier au scandale quand ça n’a pas marché.
J’aimerais connaître vos impressions après avoir visionné le documentaire visible sur ce site :
http://www.debtocracy.gr/
Merci
En préambule de ce que je vais t’écrire Dominique, j’aimerais souligner le respect que j’ai pour ton engagement pour la collectivité et surtout pour le personnage que j’apprécie beaucoup (ainsi que Patrick). Que cela soit clair et n’entache pas l’admiration que j’ai pour ce genre de dévouement.
Maintenant, quand je lis tes propos sur le front de gauche et ton analyse sur le succès de Mélenchon à la tête de ce parti, je bondis sur ma chaise. Et la, sur le coup, je me dis que le parti radical de gauche n’a de radical que le nom si je me fie à ton analyse et si tu parles en leur nom.
Comment peux tu résumé le programme du front de gauche à la seule mesure du smic à 1700 euros ? Quel insulte pour ses partisants, quel incompréhension de ce qui se passe en ce moment.
Ne comprends tu pas qu’une partie du peuple n’en peux plus de ce système capitaliste, ou l’humain est mis à l’arrière plan, où l’on ne parle que de finance et jamais de la souffrance des Hommes.
Ne comprends tu pas qu’une partie du peuple de gauche n’a pas envie de voir le candidat socialiste aller rassurer la city en leur faisant bien comprendre qu’il continuera dans ce système injuste, mais qu’il mettra quelques rustines afin de calmer les ardeurs d’un peuple qui n’en peut plus de voir cette société d’assistés actionnaires prêt à tout pour gagner encore plus d’argent.
Ne comprends tu pas le dégout d’une partie des électeurs/trices de voir les deux candidats favoris débattre du permis de conduire quand on sait les problèmes qui nous attendent.
Alors oui, quand un Mélenchon se tourne vers l’Argentine et sa politique plutôt que vers la city et toute son ignominie, et bien il y a des gens comme moi, socialiste depuis toujours, qui adhère à ses idées.
Comment peux t’on se considérer Socialiste et écrire que les idées de Mélenchon ou d’autres qui viendraient proposer un autre système que celui qui spolie des millions de gens actuellement, ne sont pas réalisables ?
Je pense que le seul vrai socialiste actuellement, dans le sens Jaurèsien, qui sévit dans le débat politique actuellement c’est Mélenchon.
Alors que le changement vous fasse peur est une chose, c’est sûr que tout cela ne se fera pas sans pots cassés, mais qu’on ne vienne pas me faire croire que le changement n’est pas possible.
Alors bien sûr que comparé aux idéologies UMP, François Hollande pourrait presque passer pour un révolutionnaire, mais quand on détail un peu son programme on se rend compte qu’il veut juste « réajuster » quelques injustices mais qu’il est loin de croire, comme nous, qu’on peut inverser les règles ignobles que le capitalisme actuel à imposé sur cette planète !!!
Alors, s’il te plait, ne nous fait pas passer pour de doux utopistes qui voterait front de gauche que sur le coup de la colère comme veut nous le faire croire Hollande lui même, il y a dans le front de gauche, des hommes et des femmes avec une réelle ambition de changer les mentalités et de remettre l’humain au premier plan des préoccupations de ce monde. Et pour moi, tout ceux qui iront à l’encontre de cette volonté sont encore lobotomisés par le matracage du libéralisme qui voudrait nous faire croire « que c’est comme ça », « qu’on ne peut rien changer », » que c’est irréalisable » ou « qu’on irait à notre perte » si on brisait ce système. Car l’engagement au front de gauche est tout simplement l’inverse !!!!
Et je vais te dire une chose, si le PS passe cette fois ci, il n’aura droit a aucune erreur, parceque dans 5 ans, ce parti explosera. Alors, peut être, on prendra le mouvement du front de gauche un peu plus au sérieux et on prendra conscience que le peuple (et seul le peuple compte) à une réelle envie de change ce monde de plus en plus injuste et qui positionne l’humain derriere la finance !!
PS : Si Hollande est au deuxième tour, il y a des chances que la majorité des voix du front de gauche aillent chez lui, de toute manière il en aura besoin, alors qu’il arrête de nous prendre pour des beunets qui vote sur le coup de la colère !! Nous ne sommes pas des électeurs/trices du Front national !! Nous réflechissons tout autant que les électeurs/trices du PS. Peut être même plus …
Amitié mr Pilou
@ Môssieur Pilou
Tout d’abord, sache que je ne me formalise pas de ton commentaire. Mais je te remercie toutefois d’avoir pris, en préambule, quelques précautions « oratoires » si je puis m’exprimer ainsi.
1) Mon objectif n’était pas de développer le programme de Mélenchon et j’ai simplement cité comme exemple les mesures dont me parlent le plus souvent les personnes que je croise qui vont voter Mélenchon. J’admets bien volontiers que c’est réducteur.
2) Je comprends parfaitement que de très nombreuses personnes n’en peuvent plus de ce régime qui est pour elles synonyme de souffrance et je ne pense pas avoir dit quoi que ce soit allant dans un autre sens.
3) Mélenchon ne me fait pas peur en lui-même : il n’est pas en capacité d’arriver au pouvoir. Si d’aventure c’était le cas, je reste persuadée que, dans les circonstances actuelles, quasiment rien de ce qu’il promet ne serait réalisable.
4) C’est justement parce que j’ai bien conscience que la situation actuelle est terriblement dure pour beaucoup de nos concitoyens, qu’on les a leurrés trop souvent et notamment en 2007, que j’apprécie la mesure de François Hollande et que je pense – ou du moins j’espère – que son projet politique peut réussir. Que Mélenchon serve d’aiguillon dans ce cas de figure ne me gêne pas, bien au contraire.
5) La référence au peuple qui a envie de changer le monde (« seul le peuple compte », dis-tu) me laisse rêveuse. « Le peuple » n’a pas semble-t-il décidé de voter unanimement pour Jean-Luc Mélenchon (il en est même loin si l’on en croit les sondages). Les « envies de changement » du peuple le conduisent à voter aussi pour d’autres candidats et même parfois pour Marine Le Pen. Et, au passage, je n’ai absolument pas assimilé les électeurs du Front de Gauche à ceux du Front National.
6) Enfin, bien évidemment, sur ce blog, qui est éminemment personnel, je ne parle qu’en mon nom et pas au nom du PRG. Tu serais sans doute surpris des débats internes animés sur la question du choix du candidat. Idem au sein de « Gauche Autrement ».
Bonne campagne !
Amitiés.
En ce qui concerne la possibilité d’appliquer son programme, le principal à mes yeux étant que lui et le collectif front de gauche soit persuadé qu’il soit réalisable. Et la dessus je les rejoins, même si encore une fois, cela ne se fera pas sans casser quelques pots. C’est le prix de réels changements.
Je t’envie énormément de croire en son projet, sincèrement j’aurais aimé retrouvé l’engouement pour le projet socialiste, mais beaucoup de chose me laisse penser qu’il reste beaucoup trop d’individualistes et de carrieristes au sein de ce parti pour que les choses changent réellement.
Le front de gauche est selon moi, le seul parti qui se soit donné les moyens de faire reculer le Front national, le PS se contentant de « laisser aller au charbon » Jean-Luc Mélenchon. Rien que pour cela, ils devraient un peu plus respecter nos convictions au lieu de nous affubler d’un « vote contestataire ». Tu vois, le PS à encore beaucoup à apprendre de leurs dernières défaites. Je suis désolé mais quand je vois des Fabius ou des Jack Lang se pavaner sur les plateaux ça ne me donne pas envie.
Mais je pense que tu seras d’accord avec moi quand je te dis qu’ils n’ont pas intéret à se planter … Sinon je te prédis l’explosion de ce parti et l’émergence de l’extrème droite. Et là, je serais vraiment en colère qu’ils aient gâchés tout ce travail effectué en amont par le front de gauche !!
En tout cas, je t’envie vraiment d’y croire encore, et j’espère sincèrement me tromper !!!