Georges-Marc Benamou fait au moins couler autant d’encre qu’il en utilise lui-même pour ses écrits. Qu’il ait autant d’ennemis prêts à le pourfendre ne cesse de m’étonner. J’en conclus qu’il y a sans doute beaucoup de jalousie là-dedans. Même si son parcours politique peut être jugé un peu chaotique, le journaliste me plaît. Je suis donc ravie de le retrouver chaque dimanche pour sa « Semaine » dans Nice-Matin, chronique qui m’avait manqué ces derniers mois.
Il faut dire que je suis quasiment toujours en accord avec le regard qu’il porte sur l’actualité.
Ce dimanche, par exemple, il commence par souligner la nécessité qu’il y a, pour la crédibilité de notre police et de notre justice, à donner des preuves dans l’affaire Julien Coupat : « Peu importe qu’il soit sympathique ou antipathique ce Monsieur Coupat, un peu gauchiste ou très gauchiste, anticapitaliste violent ou non-violent, la seule question qui vaille – répétons-le -, c’est : y a-t-il quelque chose de tangible dans ce dossier ? Si Monsieur Coupat est le « terroriste » qu’on dit, qu’on nous le prouve. »
Il poursuit avec la Palme d’Or cannoise attribuée par Isabelle Huppert et son jury au film de Michael Haneke. C’est qu’elle a été critiquée la présidente pour ce choix qu’elle aurait imposé aux membres du jury ! C’est que les accusations de copinage envers un réalisateur qu’elle affectionne ont été foison ! J’ai trouvé ça minable et Benamou aussi : « Quel étrange procès ! Il dit bien les mœurs du temps et l’impossibilité pour les nouveaux barbares acculturés de comprendre le choix d’Huppert. (…) Le propre d’un président de jury, d’un critique, d’un créateur, c’est justement de choisir, de savoir choisir et d’imposer ses choix. Notre époque, comblée et encombrée, crève de ne pas savoir choisir. »
Dans cette semaine, le journaliste ne pouvait manquer de dire un mot sur les retrouvailles de Ségolène et de Martine au meeting de Rezé, ou plutôt sur l’image qu’en ont donnée les médias. « A force de détailler, de faire monter le suspens, de considérer ce meeting comme un événement people de haute densité, on ne retient enfin que le « PS-Circus ». Dérisoire. Pathétique. »
Il manifeste sa colère contre l’oubli de l’Etat d’inviter la reine d’Angleterre avec Barack Obama pour la célébration du Débarquement de Normandie. Non seulement pour l’image, restée dans les mémoires, de la future reine d’Angleterre, qu’on voyait en ce temps-là secourir les Londoniens en plein blitzkrieg. Mais surtout pour la dette que notre pays a envers le grand Churchill : « Celui qui tint bon, contre tous les pronostics, contre un continent hostile et nazifié. Celui qui amena les Américains à entrer en guerre, celui qui préserva notre De Gaulle de bien des dangers, et notamment de la vindicte des Américains. »
Les deux derniers commentaires de l’actualité reviennent à l’Europe. Pour constater, d’une part, le double tir à boulets rouges contre François Bayrou de la part d’un PS inquiet de voir les derniers sondages le faire passer en dessous de la barre des 20% et d’une UMP qui a conscience que le Béarnais ferait un candidat très dangereux pour le 2e tour de la Présidentielle. « En fait, PS et UMP ont un intérêt objectif, et sur cela, ils vont se rejoindre habilement, j’en suis sûr, dans les mois à venir : affaiblir le Béarnais, et l’empêcher d’être présent au second tour de la présidentielle ». Europe encore pour qu’on réveille les tenants de l’abstention : « Il faudrait leur demander vraiment d’être conséquents avec leur non-vote, les mettre au défi de revenir au monde d’hier, celui des frontières claquemurées et des nationalismes haineux, celui des guerres. Oui, il faudrait être en colère contre ces enfants gâtés (et oublieux) que nous sommes devenus. A la mémoire d’eux, les combattants d’hier ; et en souvenir du rêve européen des pionniers – eh oui, il fut un temps où l’on parlait du « rêve européen » ! – dimanche prochain, dès l’aube, je m’en irai les saluer, ces anciens qui rêvaient d’Europe. J’irai voter. »
En plus, il écrit bien, ce qui n’est pas forcément le cas de tous les journalistes… Pour moi, la cause est entendue : tous les dimanches matin, je continuerai à lire en premier dans le quotidien local la chronique de Georges-Marc Benamou. A voté !
Je partage en tous points cette analyse.Je lis moi aussi cette chronique qui d’ailleurs a toujours été pour moi, même avant GM BENAMOU, une chronique très objective malgré tous les à-priori que l’on peut avoir sur NICE-MATIN.
Je ne « le » ratais jamais avant son départ pour l’éphémère gloire du palais élyséen. Le NM qui accompagne le petit dèj particulier du dimanche, lecture à deux et à haute voix au milieu des cafés croissants, jus de fruits et oeufs à la coque!
J’ai fini mon « boycott » hier et ai lu aussi. C’est vrai qu’il a une belle plume, le confident des derniers moments du résident de Latche.
Même réaction que LP. Son départ pour un strapontin élyséen m’était resté un peu en travers de la gorge. Mais je dois également reconnaitre que sa plume est alerte et souvent pertinente. Ses écrits accompagnent également nos petits déjeuners du dimanche matin.
Laurent F